PEARL JAM (usa) - Vitalogy (1994)
Label : Epic / Sony Music
Sortie du Scud : 6 décembre 1994
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard-Rock
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 55 Mins
Il fallait vraiment s’appeler PEARL JAM pour rentrer dans les charts US avec un vinyle. C’est le tour de force accompli par Vitalogy, avant que son pendant CD ne devienne le second album le plus vendu en première semaine de sortie, derrière…Vs.
Mais Eddie et sa bande n’en étaient plus à un record près.
Oui Eddie.
Car dès cet album, c’est lui qui prend les commandes du navire. Non pas au nombre de titres composés (même s’il en signe cinq en solo, qu’il participe à trois autres, et qu’il soit responsable du seul morceau arrivé au rang de numéro 1), mais en tant que leader naturel, qui guide ses troupe au gré de ses humeurs. Et Dieu sait si les humeurs de Vedder ne sont pas à ce moment là au beau fixe.
C’est lui d’ailleurs qui trouve le concept du packaging de l’album. En achetant un vieux bouquin dans une brocante, il parvient à conquérir ses comparses, qui trouvent l’idée d’un album/livre assez séduisante. Après quelques problèmes de mise en forme (Emballage qui s’ouvre sur le dessus, surcoût de 50 cents pour les disquaires, problèmes de droits), Life, devenu Vitalogy depuis trouve sa forme définitive, et dispense outre des conseils de bien être, quelques poèmes sur la vie, la mort, le désespoir.
J’ai toujours vu dans ce LP un équivalent moderne au White Album des BEATLES, version condensée. Avec son alternance de titres euphoriques, nostalgiques, épidermiques, apocalyptiques, nerveux, abscons et délicats. Un joyeux foutoir créatif où les titres dispensables donnent une saveur particulière aux pièces majeures.
Ce qui confirme le passage au premier plan de Vedder d’ailleurs. Auparavant, jamais un morceau aussi stupide qu’indispensable comme « Bugs » n’aurait passé le contrôle de qualité de Gossard et McCready. Et pourtant, il est là, comme « Hey Foxymophandlemama, That's Me », sorte de « Revolution #9 » du Rock des 90’s.
Et du coup, Vitalogy reste sans doute l’œuvre la plus hermétique du groupe, mais aussi celle où il fut le plus libre. Libre de tester, d’expérimenter tout et n’importe quoi, sans paraître imbu ou hors sujet.
On trouve pourtant sur ce LP des titres passés à la postérité.
Le nonchalant et trainard « Not For You », avec ce chant faussement dédaigneux et ce refrain hurlé à pleins poumons.
Le punkoïde « Spin The Black Circle » et son apologie du vinyle pouvant passer pour une apothéose junkie assumée.
Le délicat « Nothingman », dont Eddie dira « Si tu aimes quelqu’un, et qu’il ne t’aime plus, il n’y a rien à faire... Parce que tu te retrouves seul, avec moins que rien ».
Le sublime « Better Man », sa mélodie impeccable et ce texte amer sur un amour perdu, et qu’on souhaite à tout prix voir revivre, même si l’on sait au fond de nous même que la flamme ne se ravivera pas.
« Immortality », faussement interprété comme un hommage à Kurt Cobain, ce qu’il n’est assurément pas. Le chant d’Eddie, soutenu par une basse qui se ballade dans les méandres de la mélancolie prend des allures de thérapie Zen hybride, subtil mélange d’implication triste et de détachement résigné.
Et puis des surprises aussi. « Whipping » et son intro claquante sur fond de texte obscur, « Corduroy », qu’aurait pu composer Neil Young, couplets bruts sur refrain net, le troublé et troublant « Tremor Christ », que n’aurait pas renié Les Claypool…
Vitalogy ou l’art de brouiller les pistes tout en affirmant sa position. Un jeu de doubles fonds, de dollars cachés sous le matelas et de flingue posé sur la table de nuit, à côté de la photo de famille. Une tentative désespérée de croire que chacun est maître de son destin.
Mais la tournée qui suivit la sortie de l’album, et le conflit avec Ticketmaster qui obligea le groupe à passer par un circuit parallèle et de fait organiser lui-même ses concerts, d’en annuler une partie pour cause de problèmes de santé de son chanteur, apportèrent bien des désillusions. Le départ d’Abbruzzese, la lucidité revenue mettront un sacré coup au moral du groupe, dont certains membres commençaient à dangereusement flirter avec les drogues dures.
Vitalogy sera aussi le zénith de la première partie de carrière des JAM. Le dernier à atteindre le statut de multi platine, avant la dégringolade de la seconde moitié des 90’s. Et une redescente vers une dimension plus humaine, loin des chiffres de vente faramineux. Mais nous étions maintenant fixés. Il ne fallait rien attendre d’autre de PEARL JAM qu’ils n’en fassent qu’à leur tête.
Discographie Complète de PEARL JAM :
Ten (1991),
Vs (1993),
Vitalogy (1994),
No Code (1996),
Yield (1998),
Live On Two Legs (1998),
Binaural (2000),
Riot Act (2002),
Lost Dogs (2003),
Live At Benaroya Hall (2004),
Rearviewmirror (Greatest Hits 1991-2003) (2004),
Sydney, Australia, 11-07-2006 (2006),
Pearl Jam (2006),
Backspacer (2009),
Live On Ten Legs (2011),
Lightning Bolt (2013),
PEARL JAM AU PAYS DU GRUNGE (BOOK - 2011),
PEARL JAM : Pulsions Vitales (BOOK - 2013)
Ajouté : Lundi 26 Septembre 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Pearl Jam Website Hits: 11158
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