6:33 (FRA) - Orphan Of Good Manners (2011)
Label : M & O Music
Sortie du Scud : 26 avril 2011
Pays : France
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 43 Mins
Dans la catégorie assez désertée du « Je suis un méga barge qui s’en fout des règles et des conventions de composition dans le Metal » hexagonal, nous avions d’un côté les gentils flingués option paillarde d’ULTRA VOMIT et GRONIBARD, et dans les rangs des furieux tarés option bordel désorganisé les incontournables CARNIVAL IN COAL.
Cette dernière catégorie vient de s’enrichir d’un nouveau membre sur lequel il va falloir sérieusement compter, les hermétiques 6:33.
Mais à l’inverse des CARNIVAL qui ont tendance à tomber assez souvent dans le décousu mais franchement fendard, 6:33 a compacté sa musique et digéré ses influences au point de quasiment créer un nouveau courant. Le « Tout ça et moins » Metal.
A l’instar d’un Mike Patton et son jouet démoniaque M.BUNGLE, les parisiens aux sobriquets farfelus refusent toute étiquette, toute catégorisation, et s’envolent vers des cieux nouveaux, que l’on pensait jusqu’alors inaccessibles.
Alors bien sur, les noms de CARNIVAL et PATTON, déjà précisés sont évidents à l’écoute de ce dément Orphan Of Good Manners qui porte si bien son titre, mais si l’on pousse l’analyse plus en avant, et, par une coïncidence de calendrier étonnante, cet album rappelle aussi le TOWNSEND de Deconstruction, qui ne devrait plus tarder à envahir les bacs.
Même volonté farouche de se laisser porter par l’inspiration, de regarder la soupe déborder sans intervenir, et de mixer différents courants avec une habileté impressionnante. Car on trouve de tout sur ce LP. Du Metal sans concessions, de la Pop, de la Techno hybride, du Cabaret futuriste, et surtout des arrangements sidérants qui portent les morceaux à bout de bras. Il n’y a rien – et j’insiste sur la restriction totale – sur cet effort qui ne soit pensé, réfléchi, et joué de manière sensée et logique.
En lieu et place d’un bordel sans nom, nous avons souvent l’impression d’assister à un spectacle intégral, dont l’introduction d’ailleurs se calque assez fidèlement sur le « Velvet Kevorkian » de STRAPPING YOUNG LAD, ce qui est certainement loin d’être un hasard.
Quant au reste…Si le nom de KING CRIMSON ne parait pas incongru, pour cette façon d’agencer les compositions de manière libre mais cohérente, on pourrait aussi remonter aux racines et évoquer un savant mariage entre le Zappa de la fin des 60’s et un FAITH NO MORE vraiment méchant. Cette alternance épisodique entre les blasts les plus furieux et les passages harmoniques ou carrément Euro-Dance, cette façon de varier les vocaux pour démultiplier les ambiances, mais surtout, cet art consommé de mettre une technique instrumentale sans failles au service d’une l’originalité pertinente représente une première en France, n’hésitons pas à le dire. Et si « Drunk In Krakow » aurait pu sans honte figurer sur l’album éponyme de THE POWER STATION, en version encore plus suintante, le diptyque « Little Silly Thing » reste une expérience unique, bombardée de haine, de stupre, et de passages dont le groove est aussi contagieux qu’une gigue endiablée.
Quant au title-track, le dément «Orphan Of Good Manners », il résume à lui tout seul l’optique individualiste d’un groupe qui n’admet aucun tabou musical. Naviguant entre Pop symphonique et Métal grandiloquent, il représente à lui seul une raison valable de miser ses deniers sur 6:33.
Et quand le tout est enrobé dans une production parfaite et ample, il ne reste plus qu’à s’incliner, et à écouter cette symphonie de l’étrange les oreilles bien ouvertes et aptes à capter l’impensable.
Matthieu 6:33 :
« Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. »
La parole de Jésus étant ce qu’elle est, je me garderai bien de la galvauder ou la contredire.
Ajouté : Mercredi 15 Juin 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: 6:33 Website Hits: 12768
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