CELTIC FROST (ch) - Vanity/Nemesis (1990)
Label : Noise Records
Sortie du Scud : avril 1990
Pays : Suisse
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 46 Mins
Après le suicide artistique de Cold Lake, la tache de CELTIC FROST allait être rude, très rude. Mais il est intéressant de noter que si en Europe, l’album fut un flop à tous les niveaux, il s’est plutôt pas mal vendu en Amérique du Nord. Malheureusement, les chiffres de vente ne suffirent pas à Tom pour retrouver un peu de crédibilité, et c’est animé d’un esprit de reconstruction que Vanity/Nemesis fut préparé, et enregistré.
Vanity/Nemesis est le plus sous estimé des albums des Suisses. Je conçois bien évidemment qu’il est très difficile d’approche, mais il constitue un testament officiel très crédible, et peut même passer pour une synthèse valide de ce que fut le parcours du groupe, en version modérée bien sur.
Très subjectivement, je pense qu’il a souffert de la triste réputation de son prédécesseur, et que bon nombre de fans du groupe n’ont pas fait l’effort de l’écouter avec attention, ni même de l’apprécier. Je l’ai moi-même acheté à l’époque, plus par acquis de conscience qu’autre chose, sans vraiment avoir tenté de le décortiquer. Et avec le recul, on peut clairement affirmer que c’est un LP qui tient sacrément bien la route, et qui n’a pas pris une ride.
On y retrouve l’esprit aventureux (mais dans la bonne direction cette fois ci…) de Tom, investi dans un contexte homogène et cohérent. Il y a certes moins de débordements que sur les trois premières sorties, et le caractère « extrême » de certaines de ses tentatives est beaucoup moins présent, il n’empêche qu’il se met en danger sur bon nombre de titres, ce qui, vous le reconnaîtrez, à toujours été l’essence même de CELTIC FROST.
Avec un line-up remanié, et le retour de Martin Eric Ain, Tom signe une œuvre qui pourrait incarner l’esprit du groupe dans une volonté de le proposer au plus grand public. Nous sommes à cent lieues des incantations malsaines de To Mega Therion, des exhibitions grandiloquentes d’Into The Pandemonium, et du ridicule achevé de Cold Lake, et pourtant, toutes ces composantes sont présentes, sous une forme atténuée, ou policée.
Conjuguant Heavy, Doom, Thrash, Hard-Rock au futur, Vanity/Nemesis préfigure en quelque sorte l’avenir de tous ces styles, et offre à l’auditeur un hybride monstrueux dont il est difficile de trouver un équivalent à cette époque.
C’est le mal aimé du lot, et pourtant celui qui paradoxalement est le plus varié et cohérent, et surtout celui qui contient le plus de bonnes « chansons ».
Car c’est à ce format qu’il est le plus dur de s’adapter. CELTIC FROST a toujours rejeté la facilité en tentant de mettre en place en quelques minutes des ambiances disparates et complémentaires, mais cette fois ci, Tom s’est concentré sur le travail de composition, et de fait, à rendu assez hermétique cet album.
Et à des rares exceptions près, le résultat fut très convaincant, pas forcément dès les premières écoutes. En glosant et extrapolant au-delà du raisonnable, on peut même, à posteriori, trouver de futurs éléments de Monotheist.
Certains morceaux surnagent bien sur au-delà de la surface, et il convient par exemple de citer l’ouverture mid tempo de « The Heart Beneath », et sa corde de mi savamment triturée, « Wine In My Hand (Third From The Sun) », très bon up tempo que l’on pourrait croire issu de sessions non retenues d’Into The Pandemonium, avec ce savant mélange de mélodies alambiquées et de passage lourds comme une chape de plomb, le torturé « The Name Of My Bride », qui évoque un MEGADETH en pleine possession de ses moyens, le furieux « Phallic Tantrum » qui n’aurait pas dépareillé sur Morbid Tales, et bien sur, la doublette finale, « Vanity » et « Nemesis » qui clôturent de façon somptueuse une épopée légendaire…
Il n’est d’ailleurs pas anodin de voir dans la reprise de l’intro (une fois de plus, mais à bon escient…) « Human » en ouverture de « Nemesis », un clin d’œil de Tom sur une page importante de sa vie qui se referme…
Alors, je pense, et à vous d’infirmer/confirmer cette allégation, que Vanity/Nemesis a cruellement pâti de la terrible réputation de Cold Lake. Pour beaucoup, à jamais dégoûtés par ce glaviot impardonnable, il n’a représenté que le dernier album officiel (enfin, presque, mais ils ne pouvaient pas lire dans le marc de café…) du FROST, rien de plus.
Il a bien sur aussi été handicapé dès le départ par le caractère culte des trois premiers LP du groupe, qui, à chaque étape, présentaient une nouvelle facette incontournable, et une avancée permanente dans la quête de légitimité du Metal extrême.
Mais même si Vanity/Nemesis était sorti en lieu et place de Cold Lake, je ne suis pas sur qu’il eut gagné en estime, et il continuerait, je pense, à être relégué au rang de simple au revoir décent d’un groupe qui a fait tomber tant de barrières et enfanter tant de vocations. Et c’est fort dommage.
Mais le « quasi » adieu, restait encore à venir, sous la forme d’une compilation, qui elle aussi, allait laisser un goût amer…
Discographie Complète de Celtic Frost :
Morbid Tales / Emperor's Return (Album - 1984),
To Mega Therion (Album - 1985),
Into The Pandemonium (Album - 1987),
Cold Lake (Album - 1988),
Vanity/Nemesis (Album - 1990),
Parched With Thirst Am I And Dying (Best-Of - 1992),
Monotheist (Album - 2006)
Metal Impact Bonus :
HELLHAMMER (ch) - Apocalyptic Raids (EP - 1984),
HELLHAMMER (ch) - Demon Entrails (Best-Of - 2008),
Order of The Tyrants (Tribute - 2003)
Ajouté : Mercredi 04 Mai 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Celtic Frost Website Hits: 12724
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