On est toujours heureux de voir revenir un pionnier sur le devant de la scène. HELLOWEEN trimballe derrière lui un quart de siècle de musique et une douzaine d'albums studio, mais aussi une histoire à remous, de celles qui forgent les mythes. Un peu plus de deux ans après un excellent Gambling With The Devil et une méga-tournée avec GAMMA RAY, le gang des citrouilles revient en période d'Halloween avec un disque haut en couleurs : 7 Sinners.
Quand une recette marche on rechigne souvent à la changer. C'est le dilemme qui se pose aux allemands depuis des années. Leur seule véritable preuve d'audace aura été couronnée par un échec cuisant et le départ de leur frontman (Michael Kiske après Pink Bubbles et Chameleon en 1993). Depuis leur « happy metal » est resté le même, devenant une marque de fabrique, et ne cédant parfois qu'aux velléités conceptuelles de la série des Keepers... On a donc ici un Heavy facilement reconnaissable, dès les premières mesures et ce malgré l'aspect sombre et lourd assez inattendu de « Where The Sinners Go » qui ouvre le cd. « Are You Metal ? » qui donne lieu à un vidéo clip et ut être considéré comme le single de l'album, est sur le même format, honnête sans être original, et ne prendra sa mesure qu'en live sans doute. Il faut attendre « Mr Madman » pour voir apparaître la double-pédale et le premier hymne speed. Suite de « Perfect Gentleman » (Master Of The Rings), le titre narre la destinée regrettable du séducteur invétéré créé il y a 16 ans. Très agressif mais surtout extrêmement accrocheur, il rassure sur les intentions de HELLOWEEN. Toujours très mélodique, comme en attestent « World Of Fantasy », « My Sacrifice » ou « Smile Of The Sun », la production du quintet soigne aussi particulièrement les guitares, qui sont tranchantes et pesantes, et dont certains riffs syncopés ou à contretemps soulignent la maîtrise d'un combo d'expérience. Autre satisfaction, le chant d'Andi Deris ne semble pas souffrir des années et, même s'il faudra reproduire cette performance en live, il délivre une partition remarquable. « If A Mountain Could Talk » ou « You Stupid Mankind » dévoile un HELLOWEEN écolo, mais surtout capable de pondre des tubes à la pelle, le premier notamment étant taillé pour la scène. Enfin « The Saint, The Fool, The Sinner », surpuissant et entêtant, donne à cet album un air d'excellence en fin de disque.
Servi par un son d'enfer, fruit d'une production impeccable (Charlie Bauerfeind), 7 Sinners pourrait bien s'imposer comme le disque de cet hiver. Déjà programmé pour une longue tournée avec STRATOVARIUS qui passera par Paris et Lyon au mois de janvier 2011, HELLOWEEN reste pour quelques temps encore une référence dont on ne peut décemment pas se passer...