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CORONER (ch) - R.I.P (1987)






Label : Noise International
Sortie du Scud : 1er juin 1987
Pays : Suisse
Genre : Quintessence de la finesse
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 44 Mins





Il y a les gros vendeurs, les OS, les losers, et les groupes cultes. Du « Big 5 » US des années 80, seul METALLICA survole encore les débats, et non sans mal. MEGADETH trop dépendant de l’Ego et de la santé de son leader, SLAYER condamné à se répéter indéfiniment, ANTHRAX devenant une parodie qui ne fait plus rire grand monde, et EXODUS, solides, fidèles, toujours prompts à enflammer les foules (en témoigne leur passage atomique au HELLFEST 2010 de Clisson…je ne m’en suis toujours pas remis !).
Il y a ceux qu’on évoque en disant « Ah oui, quand même ! », d’autres déclenchent des « Oui, pas mal, mais bon, pas top non plus ! », et puis certains dont le nom à peine prononcé causent des « P***** oui, ça c’était bon !!! ».
CORONER fait partie de cette dernière catégorie. Car quel groupe issue de la mouvance Thrash Metal mérite autant le statut de groupe culte ?
Culte, certes. Maudit, c’est certain.
En réécoutant l’intégrale de leur œuvre, je me dis que parfois l’injustice à un visage humain. Celui des millions de fans qui auraient dû se jeter sur leurs albums mais qui ne l’ont pas fait.
Pourquoi ? Trop fin ? Trop technique ? Trop à part ? Pas assez satanique et bourrin ?
Mais l’histoire est friande de partialité inexplicable. Il est simplement aberrant que CORONER en fût la victime involontaire.
Les membres de CORONER étaient intelligents, très même. Et ils furent aussi à bonne école. En tant que roadies de CELTIC FROST, ils ont eu sous les yeux l’exemple même de tout ce qu’il ne fallait pas faire. Mais ils n’en tinrent pas rigueur à leur ancien employeur, puisque c’est Tom G WARRIOR himself qui vocalise sur leur première démo, très culte elle aussi, Death Cult.
Ils étaient surtout des instrumentalistes d’exception. Mais à la différence d’ATHEIST, ils ne tombaient jamais dans la démonstration gratuite. Les soli de Tommy tombaient toujours à pic, servaient le morceau et non pas l’inverse, Marquis assurait des changements de tempo précis, et Ron cimentait le tout d’une basse assurée et d’un chant d’outre tombe, très mesuré lui aussi.
Plus que des jumeaux d’ATHEIST ou WATCHTOWER, on pouvait dire sans risque de paraître stupide que les CORONER étaient les fils cachés de RUSH, version Thrash.
Amoureux d’un genre, ils ont réussi à le transcender sans en faire trop. A le renouveler. Lui donner des lettres de noblesse. Car jusqu’à présent, il était plutôt vu comme du bruit pratiqué par des crétins hirsutes à l’intention de débiles mal peignés aux oreilles à moitié plombées.
R.I.P n’est pas le meilleur album de CORONER. Je réserve plutôt cet adjectif à No More Color, ou Mental Vortex, qui avaient réussi à synthétiser le meilleur tout en se débarrassant des scories. Car du déchet, il y a en sur ce premier effort.
Si je décide de le mettre en avant, c’est tout simplement parce que c’est grâce à lui que j’ai suivi les trois suisses dans le moindre de leurs délires. Que j’ai senti que quelque chose de différent était possible.
Et contrairement aux us et coutumes de l’époque, il ne consiste pas en une cavalcade interminable, à base de rythmes ultra rapides, en une succession de brûlots ultra soniques juxtaposés pour affoler les fans de l’extrême.
R.I.P. est Heavy, très Heavy. Et c’est sans doute pour ça que la pilule a eu du mal à passer.
Il y a bien sur quelques accélérations, et certains titres sont même rapides de bout en bout, mais c’est si finement placé qu’on a presque du mal à s’en apercevoir.
L’utilisation d’intros, de transitions, et d’instrumentaux fut aussi gage de déception. Il est vrai que ce vinyle en est truffé. Mais de ceci découlant cela, je constate que cela ne fait que renforcer l’aura de mystère qui plane sur cet album en permanence.
Les vocaux de Ron Royce furent aussi sujets à controverse. Assez graves, sourds, on était très loin des grognements et autres hurlements inhérents au style. Et pourtant, ils furent responsables de tout l’attrait que suscitait ce groupe, à la même hauteur que le jeu de guitare de Tommy T Baron (mon Dieu les pseudos…).
Mais comme je l’ai dit, R.I.P. n’est pas exempt de défauts.
Les titres les plus rapides, restent les plus moyens. Relativement peu inspirés, ils restent dans une moyenne Speed Metal de haute volée néanmoins, mais n’apportent pas grand-chose à l’édifice. C’est d’ailleurs souvent les plans les plus rapides qui pêchent. Ron déclarera plus tard que « tout ces plans fun et joyeux l’emmerdaient profondément ! ». Il n’avait pas tort. Et le groupe n’aura de cesse de les gommer.
Mais heureusement, les morceaux médium (que cet adjectif semble péjoratif quand on parle de CORONER…) permettent à celui-ci de se hisser bien plus haut que la plupart des sorties de l’époque.
Le monstrueux titre d’ouverture en est un exemple parfait. Dès son intro parsemée de sextolets venimeux de Tommy, la barre est placée. « Reborn Through Hate » reste un modèle du genre, ce genre de titre que CORONER se plaira à renouveler très souvent.
Mais c’est « When Angels Die » qui reste selon moi le chef d’œuvre de R.I.P. Avec son riff d’ouverture bizarroïde, qui se répète, son solo majestueux, et sa construction à tiroir. Et le tout passe comme par enchantement, sans que l’on ait le sentiment que le groupe en rajoute. Fa-bu-leux !
Beaucoup ont affirmé que la première face était exempte d’approximations. Et c’est la vérité. Même l’instrumental « Nosferatu » ne parait pas surfait et dispensable. C’est une valse à mille temps étourdissante.
Seul le riff d’intro de « Suicide Command », un peu trop rieur gâche la fête. Mais c’est une erreur, si c’en est une, qui ne se reproduira plus.
Et reléguer la face B au rang de faire valoir serait d’une injustice crasse. Car elle ne constitue en rien une redite maladroite de la précédente. Et les morceaux forts y pullulent.
« R.I.P. » et sa délicate ouverture. « Coma » et sa tension maladive. « Fried Alive » et la franchise de son riff. Et pour finir, « Totentanz » et son intro décalquée sur la bourrée de Robert de Visée.
Mais le miracle de cet album, outre son irrespect envers l’immobilisme d’un style qu’il souhaitait dépoussiérer, c’est son unité résultant d’une grande diversité.
La formule peut paraître approximative, mais rien n’est plus précis. Une cohésion rare anime les sillons de R.I.P. qui est pourtant un des albums les moins linéaires de cette seconde moitié des années 80.
Et c’est peut être cet anticonformisme qui a empêché le groupe d’avoir tout le succès qu’il méritait.
Cette soif d’innovation, cette envie d’aller plus loin, d’affiner en permanence une musique à la base si rustre.
Il en reste un premier album inoubliable. Une carrière exemplaire.
Mais avouez les gars, intituler votre premier album « Repose en paix », vous l’avez un peu cherché quand même ?

(PS : Si vous êtes comme moi, vous serez tous au HELLFEST 2011. Pourquoi ? Ca serait con quand même de rater une reformation unique de CORONER non ?)



Ajouté :  Lundi 13 Septembre 2010
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Hits: 13918
  
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