NAPALM DEATH (uk) - Scum (1987)
Label : Earache Records
Sortie du Scud : mai 1987
Pays : Angleterre
Genre : Naissance Du Chaos Total
Type : Album
Playtime : 28 Titres - 33 Mins
Un jour, un critique déclara à propos du single des WHO, « I Can See For Miles » que c’était une chanson de bruit et de fureur. A la suite de ceci, Paul McCartney, un brin vexé composa le monumental « Helter Skelter », que beaucoup jugèrent inaudible. Puis vint Hendrix et son utilisation du feedback. LED ZEP, DEEP PURPLE, BLUE CHEER, BLACK SABBATH, et ainsi de suite…
Puis, les journalistes, dans la seconde moitié des années 70, se trouvèrent une autre tête de turc bruitiste, les justement bien nommés MOTORHEAD, qui ravirent le titre de groupe le plus infâme et sonore jusqu’à l’avènement d’un trio répugnant en 1980, qui cristallisa à lui tout seul tous les fantasmes cacophoniques des fans les plus barrés de la terre, VENOM.
Et puis il y eu BATHORY, et le Thrash, puis le Death, mais on sentait que les choses pouvaient aller encore plus loin, que l’évolution naturelle du musicien extrême allait nous fournir le manifeste ultime, la bible du non sens organisé, le Saint Graal du n’importe quoi.
Et une fois de plus, l’abomination nous vint d’Angleterre. Sous la forme d’un trio, puis quartet d’instrumentistes aussi barges que volontaires. Cette excroissance néfaste prit un sobriquet de circonstance, pour ne tromper personne, et le chaos universel se trouva enfin un maître, un chef d’orchestre à la hauteur de la tâche.
NAPALM DEATH.
J’aurais aimé être là le jour où pour la première fois, Scum est tombé dans les oreilles de quelqu’un. Juste pour voir si cette innocente victime a ressenti la même chose que moi.
L’impression d’avoir toujours attendu ça, comme lorsque l’on voit un film encore plus dérangeant et gore que le précédent, qui ne souffre aucune limite, aucun tabou.
C’est ce qui s’est passé en mai 1987. Au revoir VENOM, au revoir DEATH, au revoir tous les autres. Le salut ne pouvait donc venir une fois de plus que du Punk…
Pourtant, l’histoire ND avait débuté sous bien d’autres auspices. Formé en 1981, le gang avait fait ses premières armes dans les clubs de Birmingham, en pratiquant un Punk Core assez anodin, aux paroles farouchement teintées de social/nihilisme (oui, c’est possible !), anti corporatiste, anti capitaliste, anti un peu tout en fait. Des changements de line up permanents freinèrent un peu sa marche, jusqu’à ce qu’il se stabilise autour du trio Justin Broadrick, Nik Bullen et Mick Harris.
Et là, le dérapage. Mick, incroyablement nerveux, insuffle un rythme ultra rapide à l’ensemble, ses collègues suivent, et l’incroyable déflagration se fait entendre dans tout l’underground.
Scum, et ses 28 titres pour à peine plus d’une demie heure, pose les jalons de ce que la presse ne tardera pas à nommer le Grindcore…
Dès l’intro, le ton est donné. « Multinational Corporations » et son « Multinational corporations, genocide of the starving nations » répété tel un mantra, nous plonge non pas dans un rêve éveillé, mais dans la dure réalité de la société, et la bande sonore que balance ND à la face du monde est la plus parfaite illustration de la décadence ambiante.
Et puis « Instinct Of Survival » déboule, et nous rend encore un peu plus lucide, tout en créant un décalage énorme avec notre expérience passée de l’extrémisme sonore…
Comment n’y avait t’on pas pensé avant ??
Mick, Justin, et Nik élèvent alors le bruit au rang d’art majeur. Il n’est plus question de mise en forme, il n’est plus question de concept et d’utilisation du chaos comme déviance passagère, le bruit devient le seul but du bruit, et une fin en soi.
Scum sera la pierre de rosette de la décomplexion des musiciens hésitants à se jeter à corps perdu dans la bataille de l’orgie sonore. Car derrière le baobab NAPALM se cache une foret très dense, prête à envahir le monde (CARCASS, DOOM, ELECTRO HIPPIES, SORE THROAT).
Sur cet album, se trouvent déjà bon nombre de chevaux de bataille live du groupe, de « Life ? » à « Deceiver », en passant par le quasi Heavy « Siege Of Power », le furieux « The Kill », et bien sur, le fabuleux, le gigantesque, l’indescriptible « You Suffer » et ses 2 secondes inoubliables.
Personne jusqu’à présent n’avait osé pousser mémé dans les orties avec un tel sens de l’humour. Et je ne vois guère que John Lennon et son « Nutopian International Anthem » et sa minute de silence, où à la rigueur John Cale pour tenter quelque chose d’aussi dérisoire et pourtant si cruellement pertinent.
Mais ne vous y trompez pas, car sous les habits de joyeux fouteurs de merde se cachent trois individus (quatre sur la face B) très surs de leur fait, et sachant parfaitement résumer en quelques secondes tout ce que le monde recèle de plus hideux.
Alors qu’importe qu’entre les deux faces du disque on ne trouve plus les mêmes musiciens. Qu’importe que l’avènement de ND ait préfiguré une déferlante inintéressante de boucaniers aussi insipides qu’un bateau sur une mer d’huile.
Ils étaient là avant tout le monde.
Ils sont encore là en 2010, toujours plus crédibles.
Entre temps, beaucoup de choses, une histoire, une légende.
Qui ne fait que commencer…
Discographie Complète de NAPALM DEATH :
Hatred Surge (Album - 1985),
Scum (Album - 1987),
From Enslavement To Obliteration (Album - 1988),
The Peel Sessions (Album - 1989),
Harmony Corruption (Album - 1990),
Death By Manipulation (Album - 1992),
Utopia Banished (Album - 1992),
Live Corruption (Live At Salisbury Arts Centre, 1990) (Album - 1993),
Fear, Emptiness, Despair (Album - 1994),
Diatribes (Album - 1996),
Inside The Torn Apart (Album - 1997),
Bootlegged In Japan (Album - 1998),
Words From The Exit Wound (Album - 1998),
Leaders Not Followers (Album - 1999),
Enemy Of The Music Business (Album - 2000),
The DVD (DVD - 2001),
Order Of The Leech (Album - 2002),
Punishment In Capitals (Album - 2002),
Punishment In Capitals (DVD - 2002),
Noise For Music's Sake (Album - 2003),
Leaders Not Followers 2 (Album - 2004),
The Code is Red… Long Live the Code (Album - 2005),
Smear Campaign (Album - 2006),
Time Waits For No Slave (Album - 2009),
Utilitarian (Album - 2012)
Metal Impact Bonus :
NAPALM DEATH (uk) - Mark "Barney" Greenway (ITW/Août-2004)
NAPALM DEATH (uk) - Mark "Barney" Greenway (ITW/Avril-2005)
NAPALM DEATH (uk) - Mark "Barney" Greenway (ITW/Jan-2010/VF-EV)
NAPALM DEATH (uk) - Le Glaz art à Paris (28/01/10)
NAPALM DEATH (uk) - La Maroquinerie à Paris (04/03/12)
Ajouté : Vendredi 10 Septembre 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Napalm Death Website Hits: 15506
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