Avec un nom aussi imprononçable que connoté troll et Tolkien, il paraissait évident que KIVIMETSÄN DRUIDI (« le druide de la forêt de pierre ») allait nous servir une potion fort gouleyante avec de vrais morceaux de Panoramix et de MOONSORROW dedans. On ne s’était pas fourvoyé ! Fort d’un second album, appel à la lutte armée, intitulé Betrayal, Justice, Revenge, ce groupe composé de six finlandais dont une finlandaise au micro ne s’illustre pas encore par son originalité, puisque le combo reprend une formule somme toute banale et désespérément classique. Appuyant cette dimension d’Heroic-Fantasy Metal par la présence de thèmes relatifs à la magie et de personnages dignes de figurer sur le casting du prochain volet de la série geek des World Of Warcraft, les nordiques font aussi bon usage de cette panoplie d’instruments à cordes et à vent locale aux appellations farfelues qui nous emmènent à la rencontre d’une culture inconnue.
Cet opus démarre effectivement par une trahison. Celle qui a été faite à MOONSORROW dont l’influence pour le sextet n’était pourtant pas dissimulée. Quelle drôle d’idée de faire équipe avec une blondinette au joli minois quand on se vante presque publiquement de plagier un groupe d’ours mal léchés… Passons. On aurait au moins pu espérer que justice soit rendue mais que nenni, KIVIMETSÄN DRUIDI marche sur un terrain déjà conquis et truffé de pièges à éviter comme ce côté easy-listening toujours très mal vu dans le milieu. En bonne bande de bleus, les finlandais sautent à pieds joints dans le plat et se vautrent au milieu d’un monceau de créations toutes aussi arrosées d’eau de rose les unes que les autres. Les riffs éculés ne sont guères incisifs et lorgnent trop souvent sur un curieux mélange entre Heavy et Thrash très peu enclin à faire remuer les chevelures ondoyantes. D’une cadence mid-tempo on passe à de longues cavalcades mystiques sans vraiment d’anticipation (« Of Betrayal »). L’ajout de quelques claviers rend le disque encore plus stéréotypé et cliché qu’auparavant. De plus, le mixage m’apparaît comme défaillant, il manque un peu de fluidité et de limpidité. Par on ne sait quel miracle, KIVIMETSÄN DRUIDI a omis la traditionnelle piste épique, se contentant de conférer à quelques uns de ses morceaux une touche progressiste. Le chant de tête de Leeni-Maria est beaucoup trop théâtral pour espérer capter autre chose que quelques grimaces ou sourires moqueurs. Derrière elle, Joni Koskinen parvient à redresser la barre avec ses harsh vocaux granuleux à souhait. Dans un style qui préconise fortement la création et l’orchestration, la formation manque clairement de virtuosité et ne parvient pas à nous faire décoller dans son univers enchanteur. Mis à part le rayon de soleil « Chant Of The Winged One », rien ne se démarque réellement de cet ensemble peu inspiré. A tel point qu’on se demande s’ils ne se sont pas trompés de combat avec leur Folk/Heroic Metal parfois aux portes de l’effronterie et des massacres mythologiques barbares.
C’est donc un échec pour nos scandinaves qui se sont lancés dans une croisade périlleuse d’où ne rentrent triomphants que les plus téméraires. Betrayal, Justice, Revenge n’est pas assez mordant pour espérer blesser ses adversaires et d’une manière générale, KIVIMETSÄN DRUIDI est encore bien trop tendre pour, au mieux, faire figure d’élève studieux et discret. Ce genre d’élève qu’on surnomme affectueusement « tête à claques »…