ANNIHILATOR (ca) - Annihilator (2010)
Label : Earache Records / Pias
Sortie du Scud : 17 mai 2010
Pays : Canada
Genre : Renaissance du Phoenix
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 49 Mins
Parfois, il suffit de pas grand-chose pour vous éclairer le cœur dans la vie. Un petit détail, une attention, une caresse au bon moment. Un pote perdu de vue depuis des années qui reprend contact avec vous, heureux de vous retrouver. Un pote que l’on a pourtant bien égratigné tout ce temps pour son absence ou un trop plein de déceptions qu’on a eu du mal à digérer. Au point que l’on en vienne à douter de son amitié, en se disant que finalement, on aura été proche de lui que sur un temps donné et relativement bref.
Et puis un jour il revient, dans le même état d’esprit qu’à ce moment là. Et le sourire revient, les rancoeurs se tassent, et on l’accueille à bras ouverts.
Jeff, à nouveau je t’ouvre ma porte et je me félicite de ta présence.
Tu m’avais séduit au plus haut point avec ton Alice in Hell. Tu m’avais un peu déçu, mais pas trop sur ton Never, Neverland. Un peu plus avec Set The World on Fire. Et puis la chute irrévocable, la descente aux enfers avec des albums toujours plus insipides, indignes de ton talent de guitariste et de compositeur. J’avais fait l’effort de me tenir au courant de tes actes, chroniquant même ton dernier effort, Metal, mais j’étais à deux doigts de rendre les armes.
Mais comme je devais t’interviewer d’ici peu, je me devais de jeter une oreille sur cet album éponyme. J’avoue que je l’ai abordé avec une motivation minimale. Je n’attendais pas de miracle. Et pourtant…
Il a eu lieu.
J’ai eu très peur en écoutant l’intro, je dois l’admettre. Un peu cheap, mid tempo, et puis tout explose enfin dans un délire de soli dévastateurs. S’ensuit un riff très thrashy sur contretemps rythmique, et les réminiscences de Alice In Hell remontent à la surface à vitesse grand V. Un chant convaincant, des guitares décidées, peut être une fausse amorce, mais l’espoir est bien là.
Et puis « Coward » de renvoyer au meilleur de « Human Insecticide » en beaucoup plus rapide. Du Thrash bordel, du vrai, excité, inspiré, impliqué. Même constat pour « Ambush », on peut sentir la sueur d’un Jeff revanchard qui sait qu’il a les bonnes cartes en main pour faire taire les critiques…Ces chœurs guerriers, ce refrain fédérateur, qu’est ce que ça fait du bien. Mais l’inspiration se retrouve aussi au niveau des soli de guitare de M. Waters qui redevient de fait un tricoteur de tout premier plan, ce qu’il n’aurait jamais du cesser d’être !
Et même si « Betrayed » rafraîchi un tantinet l’ambiance infernale, ça n’est que pour mieux nous écraser sous une rythmique pachydermique menée d’un gant de fer par un lick de guitare démoniaque. « Betrayed, like a rat » ? Trahi par qui Jeff ? Ton inspiration ? Mais elle est là, et bien là !
En témoigne la ligne de basse faussement groovy et perverse de « 25 Seconds », qui anticipe des vocaux hurlés se posant sur un refrain imparable. Car il faut non seulement louer l’efficacité, mais aussi l’originalité qui rendait Alice In Hell à l’époque si attachant.
« Nowhere To Go » le concède quelque peu à la routine qui gâchait bon nombre des précédents albums d’ANNIHILATOR, surtout avec ce passage mélodique parfaitement niais et dispensable. Mais même les meilleures entreprises ne sont pas exemptes de défauts, alors on pardonne.
Surtout qu’on s’avale d’un trait juste après un « The Other Side » que n’aurait pas renié un Mustaine bien déchiré !
« Death In Your Eyes » passe par toutes les ambiances et tous les tempi et figure parmi les plus grandes réussites de Annihilator. Le morceau certainement le plus caractéristique du style de Jeff, avec ce mélange de Heavy pur et dur et d’envolées Thrash quasi lyriques. Et en cadeau bonux, un pont bulldozer au riff qui colle comme un chewing-gum sous une grolle l’été.
« Payback » ne fait rien pour apaiser, et semble tendu comme la corde d’un arc avant le lancer de flèche.
Alors le fait de terminer l’album sur une reprise de VAN HALEN, « Romeo’s Delight » reste un mystère. Pourquoi ce titre en particulier ? Certainement pas le meilleur d’Eddie et sa bande, et je trouve personnellement qu’il casse un peu l’ambiance générale, placée sous le signe de la brutalité, latente ou pas. Alors voyons-y un clin d’œil de Jeff, en attendant de lui demander en personne son explication !
Mais il ne fait rien regretter, et je l’affirme bien haut, si ce dernier effort de Jeff & Co s’intitule sobrement Annihilator, c’est parce qu’il fait renaître le phoenix du Canada, qui revient planer bien haut dans notre ciel métallique adoré. Un album magique, hargneux, inspiré, qui replace WATERS au firmament de compositeurs/instrumentistes indispensables.
Est-ce la signature chez Earache qui a permis un durcissement de ton ?
Si oui, j’aurais deux trois signatures à souffler à l’oreille de ses dirigeants…
Ajouté : Mardi 13 Avril 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Annihilator Website Hits: 15406
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