ABDUCTION (FRA) - Guillaume Roquette (Déc-2010)
"Tu connais beaucoup de groupes de Black français qui ont des titres de dix minutes, avec plusieurs breaks, des parties acoustiques, et deux guitares qui ne font jamais les mêmes riffs ?" me sort Guillaume Roquette (ex-CRYSTAL WALL), actuel chanteur et guitariste d'ABDUCTION, lorsque je lui demande ce qui les fait sortir du lot. Certes, cela peut, de prime abord, paraître prétentieux, mais il a raison ! Ce groupe francilien est tout récent et vient seulement de sortir son premier EP démo, et la qualité de composition, mais également d'agencement des humeurs, est bel et bien présente et maîtrisée. Ce serait donc bien dommage que la formation, qui semble déjà posséder une forte personnalité musicale et se démarquer des codes du genre, passe inaperçue. Première rencontre, donc, avec un des membres qui se fait un plaisir d'expliquer la philosophie d'ABDUCTION et les conditions d'enregistrement pas toujours simples qui ont mené à la réalisation d'Heights' Shivers.
Line-up : Guillaume Roquette (Chant, guitares), Guillaume Fleury (Guitares, piano), Mathieu Taverne (Basse), Morgan Velly (Batterie)
Discographie : Heights' Shivers (Album - 2010)
Metal-Impact. Salut Guillaume, j’espère que tu vas bien. Tout d’abord, merci d’avoir accepté cette interview pour Metal Impact. Avant de commencer, parlons brièvement de toi. Comment en es-tu venu à écouter, puis jouer, du Metal ? Quelles sont tes inspirations musicales lorsque tu composes ? Ecoutes-tu d’autres genres musicaux en particulier ?
Guillaume Roquette. Salut ! Je suis un peu surchargé de travail en ce moment, mais la satisfaction que me procure ABDUCTION me permet, justement, de passer outre cela.
Je suppose que la question de mon intérêt pour le Metal prend tout son sens si j'y vais de ma petite anecdote, non ?
Cela remonte à mes 11-12 ans (1998, dans ces eaux-là). J'avais acheté le jeu Revolution X sur Megadrive. Un très mauvais jeu, mais qui avait le mérite de reprendre quelques airs d'AEROSMITH. J'avais pas mal accroché et je me suis procuré l'album du moment, Nine Lives. Ce fut le coup de foudre immédiat. Durant cette période, j'étais donc plutôt Hard Rock traditionnel et facile d'accès.
Par la suite, un membre de ma famille m'avait acheté un numéro d'Hard N’ Heavy, croyant que c'était un magazine de jeux vidéo, avec un sampler qui contenait des groupes de Metal Extrême, dont CHILDREN OF BODOM, avec un extrait de Something Wild, si mes souvenirs sont bons. J'avais été scotché par la manière de chanter. Il y avait aussi un titre de RHAPSODY (OF FIRE), dont j'adorais les mélodies. C'est à partir de là que j'ai commencé à m'intéresser au Metal en général, avec pas mal de Heavy notamment.
Je me suis naturellement tourné, au fil du temps, vers le Black Metal, avec des groupes de la scène Française comme CRYSTALIUM, BLESSED IN SIN, NEHËMAH, ou bien internationaux avec les traditionnels DARKTHRONE, MAYHEM, SATYRICON, ou encore IMMORTAL. Et, enfin, je me suis ouvert à des horizons plus Death, voire Death Mélodique en prenant de l'âge.
L'idée d'apprendre la guitare m'est venue assez rapidement. Je trouvais que cet instrument symbolisait bien toute l'énergie que peuvent dégager les morceaux. Après, quand j'ai voulu composer, j'ai un peu mélangé tout ce que j'écoutais à l'époque. Ce n’est pas toujours très cohérent, mais ça permet de diversifier les techniques de jeu et les plaisirs.
Hors du Metal, j'écoute un peu de Hardcore, comme KICKBACK, par exemple, mais je ne pousse pas la curiosité plus loin.
MI. Je te propose, pour continuer, de revenir sur l’histoire d’ABDUCTION, et de nous présenter ses membres.
Guillaume R. Guillaume Fleury a fondé le groupe, en 2006, avec Jean-Jacques Herrera, le premier guitariste. Ils ont commencé à jouer tous les deux et à composer dans l'optique, une fois que les parties seraient bien maitrisées, de fonder un groupe complet. Guillaume F. est un ami de longue date qui a été claviériste dans CRYSTAL WALL, mon premier groupe ; on faisait du Heavy teinté de Death. Nous avons donc fait connaissance par ce biais et il m'a contacté afin que je fasse le chant dans son projet.
Jean-Jacques a quitté le groupe, pour des raisons personnelles, et j'ai donc repris la guitare tout en m'occupant du chant.
C'était censé être temporaire mais je suis toujours à ce poste, donc on va partir du principe que c'est définitif. Ensuite, nous avons trouvé un batteur, Morgan Velly, par le biais d'Internet, qui est rapidement devenu un très bon ami. Originaire de Bretagne, il allait justement terminer son Master de Neuro-Psychologie à Paris ; c'était donc l'occasion pour lui de contribuer au projet. Enfin, Mathieu Taverne est un ami de Guillaume F. et, comme il voulait se mettre à la basse, c'était une bonne raison pour lui de rejoindre le groupe.
MI. Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire partie de ce nouveau groupe ?
Guillaume R. Deux choses très simples : il y a des gens que j'apprécie énormément dans ce groupe, et nous faisons du Black/Death Metal. Il ne m'en a pas fallu plus pour que je signe.
MI. Actuellement, votre line-up ne se constitue que de quatre personnes. Est-ce voulu, ou bien l’ajout d’un cinquième membre est-elle envisagée ?
Guillaume R. Non, nous sommes très bien tous les quatre. On s'entend à la perfection et chacun a sa place. Par contre, nous avons vaguement pensé à prendre un autre guitariste pour les live (si nous le faisons, nous savons déjà qui contacter), afin que je puisse me consacrer uniquement au chant.
MI. Remarque amusante, mais sans grande importance : dans la scène Black, beaucoup de membres usent de pseudonymes ; ce qui n’est pas votre cas. Cela vous paraissait-il un peu trop "théâtral" ?
Guillaume R. J'ai toujours trouvé cela étrange, cette utilisation de pseudonymes. Nous avons déjà des prénoms, alors je ne vois pas pourquoi il faudrait s'en trouver de nouveaux pour faire de la musique. Personnellement, ça fait partie intégrante de ma vie, donc je ne ressens pas le besoin d'avoir une autre identité pour jouer de la guitare. Et puis, c'est toujours génial de voir que des mecs qui se font appeler "Lord Detestor 666" sont des petits gringalets tout timides.
MI. La typographie de votre logo, réalisée par votre ancien guitariste, est plutôt abstraite, voire artistique, toute en courbes. Qu’y recherchiez-vous et de quelle façon cela représente-t-il le groupe ?
Guillaume R. Je n'étais pas encore dans le groupe, à l'époque, mais je sais qu'ils voulaient un peu se détacher des logos qui copient DARKTHRONE, ou qui mettent des tas de croix renversées. Il m'a fait penser au logo d'AGALLOCH, la première fois que je l'ai vu, donc c'était signe de bon goût ; mais je ne vais pas me lancer dans des interprétations farfelues pour expliquer la manière dont il nous représente, je trouve juste qu'il nous va bien. Et nous sommes tous de cet avis.
MI. De la même façon, les illustrations, que ce soit du livret, ou du boîtier, sont des peintures. Le résultat reste poétique, mais assez froid. Dans quelles mesures ces illustrations correspondent-elles à l’esprit d’ABDUCTION ? Pourquoi avoir choisi ces représentations, et ce style artistique (assuré par Florie Geffroy, d’après des images de William Masclet) ?
Guillaume R. Les tableaux de l'artwork et de la pochette sont l'œuvre de Florie Geffroy, une amie de Guillaume F. William Masclet c'est juste la personne qui a pris les photos, par contre.
Je crois savoir que l'idée vient de Guillaume F., il voulait un tableau avec un arbre et une ville un peu sombre, pour bien illustrer les débuts de l'industrialisation et l'atmosphère qui peut s'en dégager. Nous avons été assez surpris du résultat qui est plutôt décalé pour ce style de musique. En plus du logo, ça pouvait donc être une bonne manière de nous illustrer. L'esthétique, un peu mélancolique tout en étant froide, inhabituelle et un peu rétro, correspond bien à l'ambiance développée à travers nos morceaux.
MI. Parlons plus en détail du contenu de cette première sortie. Quelles difficultés avez-vous surmontées et que représente sa réalisation ?
Guillaume R. En gros, c'était juste une véritable galère que de réaliser cette démo. Tout a été entièrement fait par nos soins, ce qui a compliqué la chose au plus haut point.
Dans la phase de composition, il a déjà fallu ré-harmoniser tout le travail de plusieurs années pour qu'il corresponde aux attentes de chacun et qu'il soit jouable par tous. Cela nous a pris pas mal de temps, car tu te doutes bien qu'avec des compos qui avoisinent les dix minutes, il y a pas mal de boulot.
Pour l'enregistrement aussi, ça a été compliqué. Morgan a enregistré la batterie de son côté, à Paris, non sans peine, puis nous avons enregistré dans mon appartement, en banlieue Sud, les guitares et la basse, en quelques jours. J'ai ensuite fait les voix chez Guillaume F., en Seine-et-Marne, en une après-midi, avec des idées qui n'étaient pas définitives au moment des prises de son !
Rien que le fait de devoir faire le tour de l'Ile-de-France pour enregistrer représente un petit défi en soi, et c'était loin d'être une partie de plaisir.
Vient ensuite le mix, qui comportait également son lot d'imprévus. Je m'en suis chargé, avec l'aide des autres membres mais, là encore, le fait de devoir tout faire gratuitement (et légalement) n'a pas été chose facile. Le logiciel que nous utilisions a même gravement planté et supprimé la totalité d'un morceau durant l'exportation d'un mixage ; nous avons donc dû le réenregistrer le plus rapidement possible !
Je ne sais pas comment nous avons fait, pour tous garder notre sang-froid, mais nous sommes contents du résultat qui représente l'aboutissement d'un énorme travail et d'un gros investissement personnel.
MI. Lorsque je lis ABDUCTION, je m’attends davantage à un groupe dont les textes traitent d’entités extraterrestres, ainsi que d’ufologie ; pourtant, ce n’est pas vraiment le thème abordé sur Heights’ Shivers. Dans un premier temps, le groupe étant crédité dans sa totalité pour l’écriture des paroles, peut-on en déduire que chacun y a participé ?
Guillaume R. Le nom d'ABDUCTION a été trouvé par Guillaume F. car, lui et moi, lisons beaucoup d'ouvrages sur l'Ufologie. Le nom est fort et mystérieux, mais ne représente pas non plus un concept musical à proprement parler. Pour les paroles, c’est Mathieu qui apporte la trame principale. Nous avons remanié tout ça durant l'enregistrement, donc Guillaume F., autant que Morgan ou moi, avons contribué pour cela ; mais le texte brut vient de lui. Pour « Banquet For Another Dead World », c'est une chanson qui figure sur une des démos de HILDE, mon projet solo. J'ai donc entièrement écrit les paroles pour celle-ci.
MI. Ensuite, je trouve ces textes plutôt spéciaux, mais dont il émane un symbolisme fort. L’agencement des mots, le choix des métaphores, et l’aspect sibyllin qui s’en dégagent sont vraiment bien combinés. Toutefois, vous semblez aborder différents thèmes, sans vous focaliser sur un général. Pourquoi cette décision ? Et quels sont les thèmes traités ?
Guillaume R. Les textes ont été écrits de manière plus approfondie, mais il nous a fallu pouvoir les adapter aux morceaux et au chant ; nous avons donc dû les remanier un peu lors de l'enregistrement, ce qui vient changer légèrement l'agencement des parties.
Notre EP Heights' Shivers, dont le titre éponyme illustre la couverture du disque (trois tableaux qui se réunissent), est ancrée dans une époque qui représente le début du XXème siècle : le moment où l'Homme a perdu son contact privilégié avec la nature. Voilà, en gros, de quoi parlent les textes ; mais rien d'écolo, c'est uniquement un intérêt que nous éprouvons pour cette période. Et, comme la pochette représente la nature qui se fait peu à peu grignoter par une ville, on s'est dit que « Les Frissons Des Cimes » avait une bonne double connotation entre la nature, le vent dans les arbres, mais aussi les frissons de Mère Nature qui se sent menacée...
« Banquet For Another Dead World » parle de personnes qui vont se retrouver toutes ensemble pour mourir, et qui prennent un dernier repas lors de cet événement. Lors de l'écriture des textes, je me demandais vraiment quelle saveur pouvait avoir le dernier repas et la dernière période de convivialité d'une vie. Ça reste un texte assez simple malgré tout, mais l'idée nous plaisait bien.
Enfin, avec « Spacewalk », Mathieu a voulu évoquer l'âme quittant le corps.
MI. Enfin, vous avez des textes en français, et d’autres en anglais. Avez-vous fait ce choix car il est plus simple de vous exprimer et transmettre vos idées dans votre langue natale ? En outre, vous ne mélangez jamais les deux langues dans un même morceau, quelles en sont les raisons ? Finalement, en écoutant ton chant, Guillaume, l’on remarque que selon la langue il varie, profond et désincarné dans celle de Molière, mais plus brut et éraillé dans celle de Shakespeare. Est-ce volontaire ?
Guillaume R. Notre optique actuelle est d'avoir uniquement des textes en français. Nous pensons que cette langue est à valoriser dans le Metal et que nous n'avons pas à rougir de la chanter. Toutefois, comme dit précédemment, « Banquet For Another Dead World » est en anglais car elle a été écrite il y a quelques années, pour mon projet solo. Nous gardons néanmoins les titres en anglais afin que les non francophones puissent avoir une idée de la thématique du morceau, et nous pensons également traduire tous nos textes en anglais via notre site. Concernant le mélange des langues, je n'aime pas du tout cette idée. Je n’ai jamais compris la logique des groupes qui faisaient ça.
Pour ce qui est de la différence des voix, ce n'est pas volontaire mais c'est vrai, j'avais déjà noté ce détail.
MI. Je trouve ta prestation véritablement prenante. Tes vocaux sont puissants et denses, voire même envoûtants, et très charismatiques. Est-ce une technique qui te vient naturellement, ou réalises-tu des retouches informatiques ?
Guillaume R. Merci pour les compliments ! La technique est naturelle, je me suis un peu fait la main avec HILDE, mais pas plus que ça, et je ne retouche rien !
MI. Pour ce qui est de la production, elle est faite maison et, pourtant, la qualité surprend, surtout lorsque certains albums studios ne sonnent pas aussi bien (même dans des genres plus accessibles). Certes, elle n’est pas parfaite, un peu trop étouffée, et le mix ne favorise pas toujours la batterie, mais cela enlève peu au charme des compositions et de l’atmosphère. Comment avez-vous procédé pour obtenir ce résultat ?
Guillaume R. Nous avons juste essayé de trouver le son qui nous représentait le plus, sans avoir l'obsession de faire du gros son qui tâche. À vrai dire, on se focalise plus sur ce que peut transmettre le son que sur sa qualité. Cela nous a pris pas mal de temps, mais nous sommes satisfaits du résultat, même si, avec du recul, nous aurions pu faire quelque chose d'encore mieux, à mon avis. Surtout au niveau de la batterie, j'aurai pu prendre un peu plus de temps pour faire en sorte que les grattes se collent dessus à la perfection. Du coup, on nous a parfois fait la remarque que la batterie pèche un peu, mais je pense que le vrai problème vient de son intégration dans le mix.
MI. Pour la composition, là encore, cela revient au groupe entier. Explique-nous le processus de création des morceaux.
Guillaume R. Comme Guillaume F. est l'initiateur du projet, toutes les compos viennent de lui. Après, chacun propose des idées, mais on s'est mis d'accord pour dire qu'il garderait le dernier mot. Ça peut paraître bizarre comme attitude, du genre : "On n'a pas de chef, lui il compose et nous on joue" mais, pour l'avoir vécu dans mon groupe précédent, je sais qu'il est extrêmement frustrant de voir que l'idée que l'on propose n'est pas interprétée de la même façon pour l'ensemble des membres du groupe. Au final, lorsque tout le monde rajoute sa patte par-dessus, l'idée de base est complètement dénaturée. Toujours est-il que certains riffs nous sont venus de manière spontanée, en répétition, et sont donc, quand même, le fruit de quelque chose de collégial.
MI. Au long des trois premiers titres, en plus du fort accent Black, j’y retrouve des influences bien Death Mélo oldschool, et plus spécialement sur les parties acoustiques qui rappellent, par moment, le Lunar Strain d’IN FLAMES. Qu’en penses-tu ? Quelles ont été vos principales influences pour cet EP démo ?
Guillaume R. L'influence de Lunar Strain n'est pas impossible, mais je ne pense pas qu'elle soit particulièrement volontaire. C'est un excellent album que nous avons chacun écouté à un moment ou un autre de notre jeunesse, donc pourquoi pas. Je pense que les influences ne se résument pas forcément à un groupe, ou un style, mais à une multitude de choses. Guillaume F. a pas mal bossé sur du DISSECTION lorsqu'il apprenait la guitare, et je sais qu'il écoute pas mal de OPETH, ou de METALLICA. Mais bon, ça reste relativement discret et bien digéré selon moi.
MI. J’ai également été surpris par la durée de l’ensemble (quatre pistes, 30 min), plutôt rare pour le genre. Avec « Heights’ Shivers » (8:49) et « Spacewalk » (9:38), on y ressent même des intonations Prog sur les nombreux breaks, changements de rythmes et même de mélodie. Vos titres sont longs, mais loin d’être répétitifs. Pourquoi cette volonté de faire sans cesse évoluer le morceau ? Vouliez-vous également vous démarquer du standard des titres singles ?
Guillaume R. Alors ça, c'est vraiment venu tout naturellement. Il n'y a pas vraiment de volonté derrière, ni même une envie de se démarquer. On voulait juste que les riffs soient vrais et sincères, et pas de se dire : "Ok, ce riff est cool, on va le mettre en intro, couplet, outro…".
MI. La dernière piste, « Modern Times », instrumentale au piano, est très singulière du fait qu’elle contraste pleinement avec l’ensemble opaque et dense du disque. Comment cette idée vous est-elle venue ? Le titre est-il une référence à Charlie Chaplin ?
Guillaume R. C'est un morceau que Guillaume F. a composé et enregistré il y a longtemps, ça remonte à loin. Il m'en a un peu parlé et j'ai trouvé que c'était un beau morceau, et que ça pouvait être une bonne idée de l’intégrer à ABDUCTION. J'aimais bien le côté un peu désuet et classique. Il a fait ça en une seule prise, plus ou moins en improvisant, et on le ressent un peu avec quelques notes qui sonnent fausses, ou des petites fluctuations dans le rythme. On a commencé par vouloir le corriger, mais on s'est dit que les défauts contribuaient peut-être au charme. Je ne pourrai pas trop te dire s’il y a une référence à Charlie Chaplin, probablement. En tous cas, ce morceau est parfaitement à sa place dans cet EP.
MI. Globalement, j’ai apprécié cet EP démo. J’y trouve de bonnes idées, les mélodies des guitares sont réussies, la batterie efficace, hormis quelques retombées dans le mix, et la basse pas toujours très audible, mais il ne s’agit pas, non plus, d’une prod’ studio. Si je te demande d’y poser un œil critique, qu’améliorerais-tu ?
Guillaume R. Forcément, tout peut être toujours mieux avec un peu de volonté. Mais, déjà, j'aurais dû prendre plus de temps pour caler les guitares et la batterie. De même que j'aurais pu un peu plus bosser les sons pour qu'ils soient davantage homogènes. Par contre, la basse me convient bien et j'aime vraiment son rendu.
MI. La question piège, maintenant. A ton avis, que possède ABDUCTION qui vous permettrait de vous démarquer des formations actuelles ?
Guillaume R. Tu connais beaucoup de groupes de Black français qui ont des titres de dix minutes, avec plusieurs breaks, des parties acoustiques, et deux guitares qui ne font jamais les mêmes riffs ?
MI. Cet EP démo a été sorti par vos soins. Avez-vous un label en vue pour la suite ?
Guillaume R. Oui, nous avons des labels en vue, mais rien de concret pour l'instant. Toujours est-il qu'Ancestral Production nous aide précieusement dans la distribution de Heights' Shivers. Hail !
MI. Peut-on s’attendre à un album prochainement ? Conserverez-vous le même style de production ?
Guillaume R. L'album est composé à 80%, donc je peux te répondre par l'affirmative. Pour le style de production, ce sera principalement une question de moyens. Les prix que nous avons vus sont exorbitants (pour ne pas dire honteux), donc il est probable que nous enregistrions seuls pour la suite, avec tout ce que nous avons pu apprendre de notre démo.
MI. Pour ce qui est des représentations scéniques, cela est-il envisagé ?
Guillaume R. Bien sûr ! Mais pas avant la sortie de l'album.
MI. Tu as également un projet personnel, HILDE. Je te laisse en faire une rapide présentation et situer le style, la philosophie, par rapport à ABDUCTION. Prépares-tu également des sorties avec ce groupe ?
Guillaume R. HILDE est un projet solo que j'ai commencé en 2006. J'ai ressenti le besoin de composer seul car je n'arrivais pas à trouver un groupe pour jouer exactement la musique qui me plaisait. L'idée, au départ, était de faire du Black Metal traditionnel, sans être pour autant un "poser" ; donc pas de croix renversées (car je ne suis pas Sataniste), ni de trucs sanguinolents pour jouer au faux méchant. J'ai sorti une première démo qui, avec du recul, était vraiment merdique. Mais bon, je m'étais fait plaisir à ce moment-là, et c'est bien ce qui compte.
J'ai, par la suite, enregistré Garde, qui était également assez mauvaise mais comportait tout de même deux-trois titres sympas. Elle était plus orientée Death Mélodique. On pouvait toutefois y trouver la version originelle de « Banquet For Another Dead World ».
Je me suis servi de deux titres de cette démo pour sortir l'EP United We Stand. Selon moi, les deux compos qui y figurent (« United We Stand » et « Astral Travel ») sont vraiment excellentes. Si j'ai l'occasion elles seront réenregistrées en bonne et due forme.
Rapidement, j'ai voulu me remettre au Black Metal plus cru et j'ai enregistré l'album The End Of Times. Il était très brutal, avec une petite touche mélodique. C'est dommage parce qu'à l'époque j'avais encore moins de notions de production, alors que les titres étaient plutôt accrocheurs et puissants. Il était sorti via un label Américain tout naze, TTH, qui n'existe plus maintenant. C'était une vraie arnaque et ils devaient vraiment être en galère pour signer ce genre de projet solo. J'avais eu d'autres propositions, également, mais rien de bien concluant.
Enfin, récemment, j'ai commencé l'enregistrement d'un album : Les Versets De L'Épée. Pour le coup, c'est plutôt du Death Mélo à l'ancienne. J'ai quasiment tout terminé mais je ne suis plus tellement motivé pour en faire davantage actuellement, donc j'ai arrêté. Les plus curieux peuvent jeter un œil et une oreille par là : http://www.myspace.com/hildemyspace
MI. En dehors de ces deux-là, apparais-tu dans d’autres formations ?
Guillaume R. Non, et je n'en ai aucune envie.
MI. Que penses-tu de la scène Black Metal française, en ce moment ?
Guillaume R. Pas grand-chose. Elle s'est mieux portée, mais nous avons encore des formations de qualité avec des mecs qui restent droits dans leurs bottes.
MI. Pour un bilan, en cette fin d’année, y a-t-il quelques sorties qui t’ont marqué et que tu conseillerais d’écouter ? Et, au contraire, des déceptions à éviter ?
Guillaume R. Cette année n'a pas été particulièrement riche en révélations. J'ai réellement accroché sur The Sixth Extinction de SAEL et Marrow Of The Spirit d'AGALLOCH. Énorme déception avec le dernier ENSLAVED, par contre, même s’il peut paraître séduisant à une première écoute.
MI. Cette interview touche à sa fin, je te remercie d’avoir pris le temps d’y répondre. A bientôt pour votre premier album, continuez à suivre votre inspiration. Les derniers mots sont pour toi !
Guillaume R. Merci pour l'interview, et j'invite tous les lecteurs de Metal Impact qui en ont marre de cette mode du "gros son", et qui veulent écouter de la musique faite avec le cœur et sans arrière-pensée quelconque, à nous écouter !
Ajouté : Lundi 11 Avril 2011 Intervieweur : CyberIF. Lien en relation: Abduction Website Hits: 15364
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