Après un Rocka Rolla évoquant les balbutiements du tout jeune quintet de Birmingham, Sad Wings Of Destiny amène de façon spectaculaire JUDAS PRIEST sur le chemin du Metal lourd. La différence entre les deux opus est flagrante, la progression des Halford et consorts saute aux oreilles. Si quelques mois plus tôt, K.K. Downing se chargeait des compos avec l’aide de Rob, ici la parfaite intronisation de Glenn Tipton explique en partie un durcissement de ton évident.
Le groupe embauche Alan Moore aux fûts en lieu et place de John Hinch, et surtout il se débarrasse du producteur Roger Bain au profit du duo Jeffery Calvert / Max West. Cela n’empêche pas le PRIEST de conserver la main mise sur la production avec une certaine méfiance pendant les deux mois d’enregistrement, l’expérience précédente s’étant révélée peu concluante. Un mot aussi sur la pochette, œuvre superbe réalisée par Patrick Woodroffe : elle met en scène un ange (baptisé « Fallen Angel ») au milieu des flammes, et l’on peut aisément distinguer, autour de son cou, ce pendentif au symbole si bien connu des fans de JUDAS PRIEST …
Moment phare de l’album : JUDAS fait parler la poudre avec le désormais incontournable « Victim Of Changes », superbe morceau de presque 8 minutes qui voit se succéder intro à deux guitares, un riff bien lourd version BLACK SABBATH, un magnifique break progressif, et un final tout simplement extraordinaire où Rob Halford maîtrise son sujet à la perfection. Il s’agit de l’une des seules traces du passage d’Alan Atkins au sein du PRIEST (l’ancien frontman), puisque « Victim Of Changes » n’est qu’une synthèse de « Whiskey Woman » écrit en 1972 et de « Red Light Lady », compo d’Halford au temps d’HIROSHIMA. Ce seul titre suffit alors à définir l’identité JUDAS PRIEST et impose Halford comme l’un des meilleurs chanteurs du circuit.
L’impact de Sad Wings Of Destiny sur la suite de la carrière de JUDAS est loin de se résumer à « Victim Of Changes ». Cet album regorge de classiques, dans des registres très différents : le sinistre « The Ripper » (qui, comme son nom l’indique, parle de Jack l’Eventreur), les Heavy Rock « Island Of Domination » et « Genocide » (qui annonce Stained Class et Killing Machine), le Metal « Deceiver » (écoutez cette rythmique et vous comprendrez tout ce qui a suivi en matière de Heavy Metal), la mélancolique ballade « Dreamer Deceiver », le tonitruant « Tyrant », etc. Ces titres constituent l’ossature de la setlist sur les prochaines tournées du PRIEST et contribuent en grande partie à son incontestable succès scénique.
Preuve de l’influence qu’a eue JUDAS PRIEST sur toute la scène Metal, et de la diversité affichée sur Sad Wings Of Destiny, la plupart de ces morceaux ont été repris par des formations aussi variées que MERCYFUL FATE (« The Ripper »), SKYCLAD (« Dreamer Deceiver »), OVERKILL (« Tyrant »), GAMMA RAY (« Victim Of Changes »), ou encore ICED EARTH.
En 1976, JUDAS PRIEST tient avec Sad Wings Of Destiny son premier grand album.
Et ce n’est que le début...

Discographie Complète de JUDAS PRIEST : Rocka Rolla (Album - 1974), Sad Wings Of Destiny (Album - 1976), Sin After Sin (Album - 1977), Stained Class (Album - 1978), Hell Bent For Leather (Killing Machine) (Album - 1979), Unleashed In The East (Live - 1979), British Steel (Album - 1980), Point Of Entry (Album - 1981), Screaming For Vengeance (Album - 1982), Defenders Of The Faith (Album - 1984), Turbo (Album - 1986), Priest ... Live! (Live - 1987), Ram It Down (Album - 1988), Painkiller (Album - 1990), Metal Works '73-'93 (Best-Of - 1993), Jugulator (Album - 1997), Meltdown (Live - 1998), Demolition (Album - 2001), British Steel (DVD - 2001), Live In London (DVD - 2002), Live In London (Live - 2003), Electric Eye (DVD - 2003), Angel Of Retribution (Album - 2005), Rising In The East (DVD - 2005), Nostradamus (Album - 2008), A Touch Of Evil: Live (Live - 2009), British Steel - 30th Anniversary Deluxe Edition (Album - 2012), Redeemer Of Souls (Album - 2014), Battle Cry (Live - 2016)