Jamais les Vikings et leur mythologie n’ont autant été mis à l’honneur ces dernières années dans le Metal. Et quand les puissants AMON AMARTH incarnent leur version la plus guerrière, héroïque et sanguinaire, le groupe TYR prend plutôt les traits d’un troubadour scandinave accompagnant les conquérants vers leurs dernières batailles avant le grand banquet d’Odin. Fait suffisamment rare, TYR (nom emprunté au Dieu Týr) nous vient des Iles Féroé, petit coin de terre perdu au milieu des mers, près de l’Islande. Et mine de rien, ce quatuor est devenu l’un des groupes incontournables du genre, consacrant sa musique et ses textes aux légendes nordiques et autres divinités de l’Edda, notamment depuis les Ragnarok et autres Eric The Red. Mais sur leur dernier opus, Land (2008), on pouvait reprocher à Heri Joensen (chants, guitares), Terji Skibenaes (guitares), Gunnar H. Thomsen (basse) et Kari Streymoy (batterie) d’avoir accouché de titres trop longs et dénués d’intérêt. Comme si le Metal Viking de TYR était sur le point se s’essouffler …
Alors à peine un an après, TYR revient avec By The Light Of The Northern Star. Un « Ride » dansant mais bien trop répétitif laisse planer le doute quant à la capacité de TYR à se renouveler. Et le titre d’ouverture, « Hold The Heathen Hammer High », n’annonce rien de très bon … Mais ce n’est qu’une illusion, car le reste de l’album, plus court que son prédécesseur (43 minutes), gagne en efficacité et se compose de futurs classiques.
Et l’exploit réside dans la persévérance de TYR à respecter ses traditions, par une volonté farouche à rester fidèle à ses racines. Ecouter TYR et son Metal Viking, c’est s’immiscer en plein folklore scandinave, et comme pour mieux illustrer ces propos, certains titres sont mêmes chantés dans les langues islandaises ou norvégiennes (« Turid Torkilsdottir », « Trondur I Gotu »). La beauté des voix a capella sur « Turid Torkilsdottir », à l’image de ce que MANOWAR a tenté sur le « Odin » de Gods Of War, prend aux tripes et suscite les émotions les plus profondes. Et n’empêche en rien les guitares incisives, aux rythmiques ascendantes ou descendantes, de donner de l’allant au répertoire de TYR, ainsi que ces chœurs souvent rageurs idéalement prévus pour être scandés par une foule de Vikings survoltés. Ce sont même ces chants guerriers (les « oh oh ooooh ») qui mènent la danse sur « Northern Gate » pour le meilleur effet. Les guitares de Heri et Terji se permettent quelques gammes bien trouvées (« Hear The Heathen Call ») et des déluges de soli virevoltants (« Into The Storm »).
Il y a une comparaison audacieuse que l’on pourrait effectuer entre BLIND GUARDIAN et TYR. Notamment en raison du timbre de voix de Heri, qui chante vraiment à la manière du barde Hansi Kursch, et d’une guitare lead très présente qui se plaît à accompagner son chanteur. La pertinence d’un tel rapprochement provient aussi de cette quête constante de la mélodie et des harmonies, avec de forts accents Folk, et des peaux qui résonnent comme le pas lourd des hommes du Nord qui débarquent de leurs drakkars. D’où des « By The Sword In My Hand », « By The Light Of The Northern Star », ou « Northern Gate » forcément séduisants.
Grand Odin, je t’en prie, fais préparer mon couvert à ton banquet.
Ton frère TYR chante pour moi, et sa voix me guide vers les champs de bataille.
L’épée à la main, guidé par la lumière des étoiles d’Asgard, je m’en vais mourir en poète à la guerre.