« Je suis fan de THIS HAVEN depuis le premier jour ». Ces quelques mots sont signés Dan Swanö. Alors si dans le genre impressionnant, on fait mieux, qu’on m’appelle. Car de la bouche de ce monsieur, ce n’est pas rien. THIS HAVEN doit être le genre de trouvaille précieuse à Gollum que font les gros producteurs de temps à autre. Un peu de celles qu’on ne fera jamais. Une histoire de pistons ? Je n’en suis pas convaincu. La musique de ce groupe suédois ne doit rien à personne. C’est d’ailleurs ce qui a séduit le bon vieux Dan. De là à y voir un futur leader de la scène Metal mondiale, il n’y a qu’un pas que je n’oserais pas franchir comme il l’a fait. D’autant que Today A Whisper, Tomorrow A Storm n’est qu’un premier essai, loin d’être si génial qui plus est.
Tout commence par une mise en bouche relevée et énergique qui parle de Death mélodique comme un gamin parlerait de son rêve de devenir astronaute, avec des étoiles dans les yeux. Seulement, le refrain est un peu mielleux et manque d’honnêteté. Idem pour « I Will Deceive » qui mise tout sur un motif planant mais mal agencé. « Welcome To Delirium » vient au secours de ses copines et redresse la barre grâce cette fois à un refrain chanté de toute beauté accordé à des guitares aérées. Puisqu’on en parle, le chant de Patrik Karlsson sera au cœur de la discorde sur tout l’album. Ce sera principalement grâce ou à cause de lui que vous l’aimerez ou le détesterez. Ce vocaliste à la manie de chanter à gorge déployée et de manière assez moderne qui évoquera sans doute Chad Gray de MUDVAYNE voire des formations comme NICKELBACK, STAIND et d’autres de Pop/Rock anglaise comme sur « The Fallen ». A double tranchant. Tranchant comme les cordes. Lymphatiques aussi. Et ça dérange, considérablement. Même si ça essaye de se réveiller avec parcimonie (« Itch ! »), ça ne suffit pas à rattraper un déficit en propositions. Les mecs semblent s’enfermer dans un son Stoner et ne veulent pas en réchapper. « On ne sait faire que ça et on ne fera pas autre chose », voilà peut-être la devise sous la ceinture de THIS HAVEN. De ce fait, on reçoit en pleine face une musique arrêtée et bourrée de lieux communs. Mais vous n’êtes pas sans savoir qu’un des gros défauts du mouvement Progressif (et qui est aussi sa plus grande qualité), ce sont ses morceaux épiques. Je ne suis pas fan des compositions à rallonge mais j’avoue avoir été surpris par la pureté de « Plague » et ses sept minutes. THIS HAVEN nous offre ici une ballade planante avec un duo vocal masculin/féminin travaillé. « Apocalyptical Anthem : I.B.C., II.A.D. ») et ses six tours de trotteuse est également très réussie avec une intervention orchestrale de violons et de claviers absolument fabuleuse. Les premières bonnes surprises de cette rondelle, assurément. Et les dernières, par la même occasion…
Alors certes, c’est plat et pas assez bourrin pour moi. Mais c’est aussi une œuvre qui s’adresse à un public d’initiés. Pour eux, son écoute sera bien évidement plus aisée que pour moi. Et si dans la vie, il y’a trois types de personnes : à savoir ceux qui savent compter et ceux qui ne savent pas, moi j’affirme faire partie de ceux qui ne savent pas. THIS HAVEN et moi, ça fais trois. Ou deux et demi. Copie à revoir. En attendant, je vous offre un petit coton-tige, monsieur Swanö ?