Après une absence de sept années sur le devant de la scène, KILLING JOKE emmené par le révolté et non moins charismatique Jaz Coleman, véritable figure de proue de ce groupe au son apocalyptique, fait son grand retour avec un album éponyme explosif et digne de son statut de groupe influent de toute une génération (voire deux). Frais, revigorés et engagés comme jamais, les précurseurs du Metal Indus et du Post-Punk Expérimental qui ont influencé un nombre démesuré de groupes (MINISTRY, NINE INCH NAILS, NIRVANA, THE CULT, SISTERS OF MERCY), nous propose donc un nouveau joyau dans la lignée de sa discographie.

Accompagné des fidèles Raven à la basse, Kenneth « Geordie » Walker aux guitares, Martin Glover alias Youth aux claviers (la basse étant déjà prise) et du fan invétéré Dave Grohl (ex-NIRVANA, FOO FIGHTERS, QUEENS OF THE STONE AGE) qui remplace Paul Ferguson à la batterie, le prêcheur d’origine indienne déverse son dégoût et sa colère face à la société et son système d’exploitation. Les textes découlent de la vision de la vie (« Total Invasion », « Blood On Your Hands ») révélant un monde au bord du précipice.

L’album passe furtivement par toutes les périodes du groupe rappelant ses premières années (« Blood On Your Hands » et « Dark Forces » à l’introduction Cradle Of Filthienne), puis la rupture avec la rugosité de ses débuts pour devenir plus langoureux et presque romantique (« You’ll Never Get To Me »), et enfin le retour à un rythme saccadé, hargneux et résolument Indus (« The Death & Resurrection Show », « Asteroid »).

Occupés à philosopher sur la vie, refaire le monde et côtoyer d’autres directions musicales de 1996 à aujourd’hui, les membres du groupe ont laissé durant ce laps de temps leurs fans suspendus à l’incertitude et décident un beau jour de reprendre leurs guitares comme des fusils afin d’exorciser la haine qui croît exponentiellement au fond d’eux. Cette colère omniprésente et pas le moins du monde affaiblie, tant sur l’album que tout au long de leurs carrières, a sans doute permis de pondre ce florilège de bombes incendiaires dans une déflagration sonore à l’intensité sans relâchement.

En définitive, KILLING JOKE n’a donc rien perdu de sa superbe. Au contraire, il enfonce le clou une fois de plus comme à chaque nouvelle sortie discographique qui sonne comme un véritable rituel. Bourré d’énergie, cet album nous guide sans répit et les yeux bandés sur le fil du rasoir à deux pas de chuter dans le vide et la dépression. Mais qu’est-ce que c’est bon ! On se surprend à partir dans des rêveries au milieu d’une foule venue exclusivement admirer et vénérer son groupe de prédilection et son gourou. Le talent paie et ce n’est pas par hasard qu’on les retrouve vingt cinq ans plus tard toujours aussi vivants !