STEVEN WILSON (uk) - Insurgentes (2009)
Label : Kscope Music
Sortie du Scud : février 2009
Pays : Angleterre
Genre : Drone/Rock psychédélique planant
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 55 Mins
J’aime ce disque parce que c’est un présent. J’aime aussi ce disque parce qu’il est très bon. L’offrande remonte à un peu plus d’une semaine, quand j’ai découvert avec stupéfaction que celui qui, je l’espère, sera mon beau-père dans un futur globalement proche est un fin mélomane. Ni une, ni deux, nous entamons alors un cycle de longues tirades passionnées sur les carrières de dinosaures comme SCORPIONS, TOTO, METALLICA, THE POLICE, KISS. L’échange se fait à bord d’une Alfa Roméo en banlieue de Turin et mon aimée, très peu concernée par ces ébats, commence à s’assoupir dans mes bras. Assez orgueilleusement, je me sens obligé de citer LACUNA COIL pour montrer que j’ai des notions dans la culture Rock & Metal italienne. Un orgasme neurologique sur Cristina Scabbia plus tard, résonne les premières notes d’« Harmony Korine » dans la voiture. Immédiatement, le silence se fait. Le conducteur, apollon transalpin de deux mètres de haut frôlant la quarantaine, cheveux gominés et mâchoire saillante m’explique dans un anglais francisé approximatif que ce que j’entends est le premier album solo de Steven Wilson. Ce nom m’évoquait vaguement quelque chose avant que mon hôte ne vienne à mon secours en prononçant les mots « PORCUPINE TREE » suivis d’un « this is very good » auquel j’opinai sans broncher. Arrivé à destination et m’étant délecté des deux premières compositions, je ne pus m’empêcher de souligner la qualité de ces quelques minutes. C’est alors qu’il fit vomir le lecteur CD de son contenu, remis le palet dans son écrin et me le tendit. L’émotion de l’instant doit m’avoir fait oublier la formulation exacte employée pour me dire que c’était un cadeau. Je l’acceptais, non sans gêne car j’estimais ne pas avoir fait 650 bornes pour piller la belle-famille et bredouilla un remerciement dans une langue encore inconnue. Puis je lui promis d’honorer son geste comme il se devait de retour à la maison, lui ayant expliqué quelques heures plus tôt mon job pour Metal-Impact.
C’était il y’a douze jours très exactement et Insurgentes a résisté au retour, sans prendre une fissure. J’accomplis aujourd’hui ma B.A et par la même occasion, mon devoir de mémoire. Passons l’épisode du verre de jus de fruit renversé qui a failli réduire à néant mes chances de chroniquer le bon Steven. Ainsi Steven Wilson décide d’embrasser il y’a moins d’un an une expérience solo, en parallèle de PORCUPINE TREE, projet auquel il donna naissance en 1987. Le premier fruit de l’arbre tomba précisément en février 2009. Pour se faire, le sieur employa pas moins de neuf invités pour l’épauler, dont Gavin Harrison (PORCUPINE TREE), Tony Levin (KING CRIMSON, PETER GABRIEL) et Jordan Rudess (DREAM THEATER). L’équipe de choc une fois constituée, Insurgentes fut recordé à travers le monde pour délivrer un résultat de chic et de choc. Ce full-lenght est un diamant. Les sources d’inspiration sont reconnaissables entre mille. Il y’a PORCUPINE TREE, bien sûr mais également des pionniers moins contemporains comme THE CURE, JOY DIVISION, PINK FLOYD, STEVE ROACH… De but en blanc, l’opus nous prend aux tripes. A travers des propositions psychédéliques et planantes, Wilson parvient à instaurer un cocon protecteur autour de son œuvre. Entre un « Only Child » aux sonorités qui allient RED HOT CHILI PEPPERS à la tristesse de BRIAN ENO et « Harmony Korine » qui vous fera plonger dans une douce folie, les ressources ne manquent jamais. Multi-instrumentaliste de génie, jamais notre aubergiste ne dérape. Toute l’ingéniosité de son cerveau ressort dans sa gorge, quand il susurre à peine ses textes pour préserver une relation intime entre lui et l’auditeur. Il nous garde bien du monde extérieur, préférant nous laisse cloitrés dans un manoir sombre et froid. On ne parle plus de musique mais d’une épreuve de la vie. Steven Wilson à dépassé complètement son statut d’auteur-compositeur avec Insurgentes. Il est devenu réalisateur d’un film dont il signe la bande-son. En fermant les yeux, c’est le film de votre vie que vous vous repassez dans votre tête. L’évasion est comme l’extase, totale.
Pour ceux qui suivent mes écrits, ils savent que mon cœur balance pour les prestations racées, assourdissantes. Alors ce doit être le dépaysement total, conjugué au caractère affectif que je porte à ce compact-disc qui explique si bonne note. Mais ces lauriers ne sont pas usurpés. Il suffit juste d’être un tant soit peu lucide sur le monde qui nous entoure, pour constater qu’entre toutes les perversions qui nous corrompent, il subsiste encore des artistes. Inutile de dire que Steven Wilson en est un.
Ajouté : Lundi 06 Avril 2009 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Steven Wilson Website Hits: 13405
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