Le Norvégien Morten Veland est à SIRENIA ce que sont Dave Mustaine à MEGADETH, Tobias Sammet à EDGUY, Tuomas Holopainen à NIGHTWISH. C’est un leader. Il compose tout, co-produit, mène ses musiciens à la baguette, mène sa barque contre vents (les médias) et marées (les fans) comme il le souhaite. Si la danoise bustée Monika Pedersen ne se plaît plus au sein de SIRENIA, malgré un très bon Nine Destinies And A Downfall, il la dégage et va dénicher une autre perle rare.
Il n’hésite pas à confier le chant de SIRENIA à une illustre inconnue, une espagnole de 26 ans nommée Pilar Gimenez Garcia. « Ailyn » (c’est son nom de scène) s’est faite connaître dans la version ibérique du programme télé « X-Factor », au cours duquel elle a interprété « Moonlight Shadow » (de Mike Oldfield) ou encore le « Bring Me To Life » d’EVANESCENCE.
Comme Monika Pedersen avant elle, Aylin apporte à SIRENIA sa voix douce, claire et sucrée, voire même un peu plus innocente encore que son aînée danoise. SIRENIA, du temps de At Sixes And Sevens, voyait Morten Veland chanter la plupart des lignes vocales (growls, chants Black ou voix claires) en laissant quelques douces mélodies passagères à Fabienne Gondamin. Aujourd’hui, le combo norvégien laisse à sa chanteuse tout le loisir de s’exprimer. Elle représente même la ligne directrice de la musique, à l’image de ce que font NIGHTWISH ou EPICA.
Mais si les chants agressifs avaient quasiment disparu sur l’opus précédent (Nine Destinies And A Downfall), les fans les plus extrêmes se réjouiront de les entendre à nouveau sur « The Mind Maelstrom », « The Seventh Summer » ou encore « Beyond Life’s Scenery ». Juste une petite remarque : on ressent comme une intervention maladroite de la part de Veland, comme s’il crevait d’envie de réintégrer des growls, mais ne savait plus comment s’y prendre …
Du coup, les passages extrêmes, et les voix qui vont avec, interviennent en majorité en fin de morceau, servant un peu de bouche-trou. On pourrait faire le même reproche qu’à Holopainen avec certains titres de NIGHTWISH (« Bye Bye Beautiful » par exemple). Mais c’est là faire la fine bouche.
Autres éléments clés de la marque de fabrique Veland qui ré-apparaissent au grand jour : les chœurs, symphoniques, épiques, peu importe l’adjectif qu’on leur attribue, ils subliment totalement The 13th Floor, et là il faut reconnaître que le bonhomme a frappé un grand coup.
Sur « Sirens Of The Seven Seas », ils constituent le grandiose refrain qui contraste avec des ambiances plus calmes (arpèges en son clair et violon de Stéphanie Valentin).
Sur « The Mind Maelstrom », des voix à la ERA alternent avec celle d’Aylin pour le plus bel effet.
C’est bien simple, on se croirait revenu en plein Beyond The Veil (du groupe d’origine de Veland, TRISTANIA) et At Sixes And Sevens.
Ces chœurs omniprésents tout au long de The 13th Floor, ne manquent pas de transcender le single en puissance, « Lost In Life ». Introduit par quelques notes piano (exactement comme « My Mind’s Eye »), le titre le plus évident du cru SIRENIA 2009 métamorphose une mélodie digne des Irlandaises de The Corrs en Metal accrocheur, pourvu d’ailleurs d’un solo de gratte pas ridicule.
Car Morten Veland, en compositeur intelligent qu’il est, n’a pas oublié de sortir de son chapeau des titres mémorables dont il a le secret, comme « The Seventh Summer » (un hymne à la NIGHTWISH), « The Lucid Door » (similaire à « Lost In Time » et guidé par une guitare planante), et « The Path To Decay » (sur lequel Aylin se veut séduisante avec un chant de sirène arabisant).
Le multi-instrumentiste norvégien a su synthétiser le meilleur de toute sa carrière (que ce soit avec TRISTANIA ou SIRENIA) pour accoucher aujourd’hui de son album le plus abouti, le plus complet, le plus marquant. Les fans de Metal à chanteuse y trouveront forcément leur compte, tandis que ceux qui sont restés aux premiers TRISTANIA pourraient être agréablement surpris.
L’un des albums majeurs de l’année à venir, sans aucun doute.