SATYRICON (no) - The Age Of Nero (2008)
Label : Roadrunner Records / Warner Music France
Sortie du Scud : 3 novembre 2008
Pays : Norvège
Genre : Black & Roll
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 43 Mins
Lorsque j’ai le grand bonheur de rentrer chez moi et de découvrir que ma boîte aux lettres est copieusement garnie d’un généreux colis contenant une ration de CD promotionnels, j’ai l’immuable réflexe de les écouter très (très) brièvement, un par un. Ceci dans l’unique but d’en avoir une approche rapide et d’en effectuer une évaluation primaire, avant d’en faire une analyse plus poussée. Et la première réflexion que j’ai eue en jetant une oreille sur le nouveau SATYRICON, c’était que nos affreux jojos allaient, soit se ramasser un méchant blâme, soit se payer une note très élevée. Pour resituer brièvement le contexte d’Age Of Nero, sachez qu’il constitue le septième opus de la discographie du groupe, qu’il intervient deux ans et demi après un Now, Diabolical qui a confirmé le nouveau virage emprunté par le duo Satyr / Frost sur Volcano. A savoir un Black Metal savoureux rehaussé du suffixe « & Roll », témoin d’une orientation visant à rendre leurs propositions plus accessibles. Autant dire que ce seul suffixe aura suffi à faire imploser leur noyau d’admirateurs, de plus en plus scindé au fil des nouvelles apparitions des norvégiens. The Age Of Nero ne renouera pas avec leur passé de « serial blackeurs ». Mieux, il est dans la parfaite continuité de Now, Diabolical !
« Commando » ; un fouet claque, annonçant le début de leur sombre cérémonial. Si je ne savais pas que ce disque était l’œuvre de SATYRICON, j’irais presque dire que je vais avoir affaire à un combo de Death, tant les premiers riffs sont rugueux et tranchants. Bien sûr, ce n’est qu’une image d’Epinal. Très vite, cette typicité dans la mélodicité des guitares reprend le dessus et Satyr nous comble de son chant le plus poussiéreux. Un incipit en bonne et due forme mais absolument incapable de rivaliser avec « The Wolfpack ». Une piste dièdre voire bâtarde née de la fusion de la noirceur caractéristique des scandinaves et des cadences les plus groovys qui soient. A l’instar d’un « The Pentagram Burns » sur l’opus précédent. Une compo majeure ! Cette même compo qui, quelques jours auparavant, m’avait plongé dans un doute profond quant à la qualité (que j’avais imaginée, à tort, désastreuse) du palet. SATYRICON est grand, SATYRICON est vivant ! Ils n’ont de cesse de nous le prouver au fur et à mesure que les secondes passent. Après l’intelligente, mais néanmoins éclipsée, « Black Crow On A Tombstone », Satyr et Frost débutent leur cycle de propositions épiques. Sept minutes pour la ténébreuse « Die By My Hand », son refrain insalubre doublé de chœurs évangéliques qui donnent l’impression d’assister à une procession funèbre au sein d’une crypte insalubre. Vient ensuite « My Skin Is Cold » qui à donné lieu à un EP sorti au début de l’été. Un contresens, tant cette complainte hume l’air glacial d’un hiver sibérien. Elle précède « The Sign Of The Trident », à mon sens la proposition la plus aboutie de The Age Of Nero (au passage, si comme moi au commencement vous vous êtes dit « mais saperlipopette, c’est qui ce Nero ? », sachez qu’on traduit ce mot italien par « black » outre-Manche, « schwarz » outre-Rhin, « negro » outre-Pyrénées et « » au Japon). La raison est simple, le signe du trident renferme la quintessence de ce que le duo sait faire de mieux. Wongraven ne chante plus, il parle, susurre tout en maniant avec une facilité enfantine son ESP. Frost prouve une fois encore qu’il s’accommode à toute les situations, jouant avec sa double comme moi à FIFA 2009, avec classe et talent. Leitmotiv maladif, tempo cassé et relents catchys composent l’ossature du morceau, véritable machine de guerre. « Last Man Standing » est plus anecdotique, mais comme « Black Crow On A Tombstone », difficile de succéder à des plages de si grande qualité. On relèvera néanmoins un jeu intéressant dans l’exploitation des distorsions. « Den Siste » marque la fin de l’œuvre de SATYRICON. Alambiquée et généreusement garnie de discrètes nappes de claviers mais également de quelques instruments insolites (trombone et tuba pour ne pas les citer), elle ravira tous ceux qui, comme moi, accordent du crédit à la facette « patriotique » d’une formation puisqu’ici, les nordiques achèvent leur auditorat en prêchant dans leur langue natale. Acte dont on avait oublié la saveur et la délicatesse inégalable.
The Age Of Nero ne sera jamais une révolution. Au mieux, un album de plus dans ce pêle-mêle grotesque qu’est la discographie de SATYRICON. Un banal disque qui aurait pu (du ?) se fondre dans la masse, victime d’un anathème public sans pitié. Mais je ne suis ni frustré, ni aigri et je respecte la nouvelle orientation musicale des deux larrons. Ne pas avouer qu’ils excellent dans leur idéal de l’art serait faire preuve d’une hypocrisie sans borne. Alors certes, ce CD ne plaira pas à tout le monde, et encore moins aux inconditionnels de la première heure. Mais qui peut réellement se targuer de le faire ? Dans la plus pure lignée de Now, Diabolical, The Age Of Nero est le jacquemart qui sonne le glas de leur rédemption.
Ajouté : Mardi 25 Novembre 2008 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Satyricon Website Hits: 14429
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