HERRSCHAFT est un groupe français comme son patronyme ne l’indique pas. Un mot qui signifie domination dans la langue ultra gutturale de Goethe. Ca sonne plutôt pas mal avec leur univers musical et avec un nom bourrin de cette trempe, le quatuor parisien a intérêt à détoner sévère, chose qui sera faite. Le combo francilien souhaiterait il ainsi asseoir sa suprématie sur le reste du monde ?
Auteurs d’un EP Architects of The Humanicide paru deux années auparavant, HERRSCHAFT avait étalé de sérieux gages de qualité quant à son concept musical, impétueux mélange littéraire, cinématographique et musical où tout s’imbrique en une unité graphique et sonore. Dans le concept et le style, on pourrait par exemple faire un parallèle et rapprocher les travaux des français de ceux de WHITE ZOMBIE comme sur leur superbe album de remix Supersexy Swingin’Sounds, à savoir une recherche sophistiquée de sonorités modernes et de rythmiques Metal déchirées.
Leur premier enregistrement studio Tesla, édité sur le label italien code666 (EPHEL DUATH, MANES, BLOODSHED) s’annonce ainsi comme l’album de la confirmation. En effet, on flaire une évolution bien sentie depuis leur MCD et le moins que l’on puisse dire est que HERRSCHAFT n’a rien laissé au hasard. De cette façon, et dans son ensemble, les arrangements se sont largement améliorés en terme de mélodies, en instinct mais aussi en feeling. Ce premier opus reprend les canons et standards qui ont fait la réussite de leurs débuts : un Cyber Metal orné de samples Electro, de riffs astringents et d’un chant spécial à la lisière du Black-Metal le plus pithiatique. Grâce au renfort de gros beats artificiels et autres eurythmies technoïdes, HERRSCHAFT se pare pour restituer ses atmosphères froides et avant-gardistes à travers ce concept album scindé en deux grands mouvements aussi dissemblables que proches. Telle une macque servant à broyer le lin et le chanvre pour en récupérer les fibres, HERRSCHAFT s’essaye à nous mitrailler l’encéphale de ses ritournelles Metal technoïdes afin de nous en ôter notre moelle et notre substance.
De leurs expérimentations d’Electro Metal fulgurant, on conservera en mémoire (si HERRSCHAFT le permet) des pistes profusément chamarrés car celles ci possèdent leurs propres spécificités distinctes telles que les mémorables «The Grand Architects», l’intéressant travail sur «Nemesis» et également la somptueuse «Vortex». HERRSCHAFT bâti de solides et plaisantes compositions qui font de cet opus une réussite dans le genre même si, pour ma part, les basses ne sont pas assez profondes et rondes ce qui pourtant aurait renforcé les sonorités graves des compositions fort abouties du quatuor français. Pourtant, cela n’enlève en rien au mérite de ce groupe talentueux qui parvient à traduire musicalement et de belle manière son concept artistique. Un groupe prometteur mais déjà affirmé qui pourrait bien être notre THE COVENANT ou une sorte de RAMMSTEIN national dans un style toutefois moins martial !