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PARIS METAL FRANCE FESTIVAL V (FRA) - Le Divan du Monde à Paris (12/01/13)

Groupes Présents au concert : MÖRGLBL (FRA) ; WILD DAWN (FRA) ; DYGITALS (FRA) ; TEARS (FRA) ; MANIGANCE (FRA) ; OCEAN (FRA) ; BLASPHEME (FRA) ; HEADLINE (FRA)
Date du Concert : Samedi 12 janvier 2013
Lieu du Concert : Le Divan du Monde (Paris, France)

Paris, son mois de janvier gris, sa pluie fine, ses coups de déprime post réveillon… Pas folichon tout ça, et la morosité ambiante aurait tendance à déteindre sur la ville et dégouliner le long des murs.
Alors, quelle option pour ne pas finir la tête entre les mains tout le week-end, en se disant que finalement, l’intégrale de Derrick, c’est peut être la solution idéale pour s’évader ?
Simple.
On réfléchit un peu, et on se souvient que souvent, la musique peut faire des miracles.
Mais où aller ? Quel endroit choisir ?
La question se pose elle vraiment ?
Il n’y avait aucun doute à avoir ce week-end. Et il n’y avait qu’un seul endroit où aller.
Le Divan du Monde.
Pourquoi ?

Le PARIS METAL FRANCE FESTIVAL V.

Car plus qu’un festival, cette manifestation est devenue une institution. Mieux. Un pèlerinage qu’on accomplit tous les ans, pour le plaisir, le devoir de mémoire, la nostalgie, le fun, et pour résumer, pour passer un p****** de bon moment en compagnie de groupes qui ont agité notre enfance/adolescence à grands coups de riffs assassins, de paroles revendicatrices, de larsen, et de sueur qui perle le long des tempes.
Depuis 2007, sous l’impulsion d’un passionné, Phil ‘Em All (animateur d’une émission sur la bande FM, le Rock Fort Show), ce festival nous offre la possibilité de retrouver une grande partie des groupes de Hard Rock/Metal des années 80/90, et de fait, de nous replonger dans une époque révolue, celle où les concerts étaient des fêtes, dans de petites salles, où l’on se rendait pour s’éclater sur du gros son, sans se soucier du qu’en dira t’on.
Depuis donc 5 ans, Phil se démène pour nous proposer une affiche alléchante, qui parfois offre de bien belles surprises (reformations ponctuelles, jams, etc…), et repart le sourire aux lèvres, certains de s’être acquitté de sa tâche avec brio.
Las…Les plus belles épopées ont une fin, et en ce mois de janvier 2013, c’est à la dernière édition du PMFF que nous sommes conviés, une édition « Best Of ». Un dernier cadeau, un feu d’artifices.

Cette année, il y avait le choix.
Le vendredi faisait la part belle au Thrash, avec les cadors MASSACRA, LOUDBLAST et AGRESSOR.
Le dimanche était plus volontiers consacré au Heavy pur jus, grâce à ADX, SQUARE, ou SCHERZO.

J’avais pour ma part choisi de profiter du samedi, avec une brochette de groupes cultes. Cette journée intermédiaire laissait place au Hard Lyrique/Progressif et au Hard Rock teinté de Glam. C’était surtout l’occasion de retrouver quelques groupes vus il y a un bon paquet d’années…
Jugez plutôt. BLASPHEME, DYGITALS, OCEAN... Avec en appui une réactivation de HEADLINE (non vue pour des raisons que j’évoquerai plus tard), un set en début d’après midi du sieur Christophe Godin et de son MÖRGLBL, les teigneux de WILD DAWN (qui remplaçaient au pied levé les PINK ROSE, que je souhaitais absolument voir mais que voulez vous…), et les envoûtants MAIS puissants MANIGANCE, qui allaient me jouer un bon tour…



Et c’est donc après une intro de Phil, et une intervention d’un spécialiste des acouphènes (j’espère que vous l’avez bien écouté, parce qu’il avait bien raison… Et je suis bien placé pour en parler…) que l’après midi commence, sous les meilleurs auspices, avec le déluré Christophe Godin et l’entité MÖRGLBL
Sincèrement, nous ne pouvions rêver meilleure mise en bouche. Le Metal dru teinté de chromatismes du père Godin, entouré bien sur d’Ivan Rougny à la basse, et du tentaculaire Aurélien Ouzoulias à la batterie, a réussi à nous réchauffer les oreilles malgré l’heure assez peu propice aux débordements rythmiques.
Ce mec est décidément un OVNI dans le paysage musical Metal français. Une technique hors norme au service de compos jouissives, des plans à tomber joués comme un vieux Blues douze mesures, de l’enthousiasme, le grain de folie indispensable…
MÖRGLBL sur scène, c’est du plaisir, juste du plaisir. Un peu Ron Thal, un peu Steve Vaï, un peu Al Di Meola, une guitare volubile soutenue par une section rythmique sans failles (imaginez un peu Les Claypool en doublette avec Terry Bozzio), des clins d’œil, du groove jusqu’à plus soif…Un cocktail fatal qui met en transe et donne dès le début de l’après midi le sourire. Et après avoir joué ses propres morceaux (dont l’excellent « Gnocchis On The Block » et le tout premier titre composé par le groupe), Christophe et sa clique accueillent les guests, dont Yann Armellino et Matthieu GERBIN du groupe CONSCIENCE, pour une reprise torride du « Riff Raff » des frères Young. Ca joue solide, ça s’amuse et nous aussi par extension.
Suivront le « Unchained » de VAN HALEN et le « Becoming » de PANTERA avec le fantasque El Butcho (WATCHA) au micro, avant de clôturer sur un nouvel instrumental planant mais direct et nous dire au revoir.
Une claque de plus dans nos faces du père Godin, et une barre placée très haute pour la suite des évènements. (9/10)



Et la suite des évènements, c’est WILD DAWN qui s’en charge. Appelés à remplacer les PINK ROSE qui eux même remplaçaient les PLEASURE ADDICTION, les Orléanais ont joué leur carte avec brio, dégageant une grosse énergie scénique.
Forts d’un album, le très honnête Double Sided qui aura bientôt un successeur, le quatuor n’a pas cherché midi à quatorze heures et s’est imposé grâce à un Hard Rock certes basique, mais haut en énergie.
Certes, je n’ai pas vraiment adhéré à leur optique, un peu trop linéaire et basique à mon goût, (notamment sur le single « Back On Track », récemment clippé, au refrain un peu trop téléphoné…), mais il faut admettre qu’ils ne se sont pas économisés malgré leur position sur l’affiche.
On pourra quand même au niveau des points noirs reprocher un bien timide « solo » au batteur, mais il convient alors de reconnaître le talent indéniable du guitariste Romain, sorte de version Grunge d’Angus Young, qui finira d’ailleurs au milieu du public. Non seulement le diablotin ne se sera pas ménagé, mais il nous aura gratifié de soli inspirés, qui auront dynamisé un répertoire parfois un peu trop homogène (malgré une bonne dose de MÖTÖRHEAD sur les morceaux rapides) (7/10)



Troisième groupe à fouler la scène du Divan du Monde, les DYGITALS avaient la ferme intention d’imposer leur Heavy Rock de bon ton, et c’est bien évidemment ce qu’ils ont fait, dans une bonne humeur générale qui faisait plaisir à voir.
Formé en 1984, le groupe se reforme en 2000, sous l’impulsion de David Dugaro (guitare) et Hervé Traisnel (chant), puis enregistre deux albums, dont le petit dernier, Avé, sur le label Brennus.
Et c’est fort de cette nouvelle expérience qu’ils accrochent le public aujourd’hui, grâce à des morceaux simples mais énergiques et mélodiques.
Ils ne se départiront jamais de leur sourire, malgré les problèmes récurrents du bassiste Jack (avec un prénom pareil pourtant, ça devrait aller niveau technique…), et même si la voix d’Hervé est parfois un peu limite dans la justesse, des titres comme « Brand New Day » ou « Big Enough » et son up tempo rageur ont fédéré la quasi totalité de l’assistance, dont votre serviteur.
Il paraît incroyable que ce groupe si professionnel n’ait jamais pu à l’époque enregistrer d’album, alors que des formations bien plus approximatives ont réussi à laisser une trace vinylique indélébile dans la mémoire des fans.
Mais depuis quelques années, DYGITALS tient sa revanche, et cette prestation sympathique fut la meilleure preuve de la pertinence de leur existence en 2013. (8/10)



Mais passons maintenant au sujet qui fâche.

Je l’avoue, j’étais venu aujourd’hui en partie à cause de la présence sur l’affiche de TEARS, un de mes groupes culte.
J’ai toujours adoré ces mecs, pour leur attitude foncièrement Rock, leur réputation sulfureuse, leur côté « grandes gueules » qui détonnait dans un paysage français beaucoup trop timoré.
Car loin du Glam, les TEARS étaient Punk, Rock, dignes héritiers hexagonaux des DOLLS, STONES et autres IGGY POP.
Et sur scène, en 1989 en première partie de D.A.D, ils avaient mis le feu, au point que beaucoup leur prédisait un avenir radieux et pavé de réussite.
Mais évidemment, rien ne s’est passé comme prévu, et le groupe splitta suite à l’enregistrement d’une dizaine de titres produits par le bassiste de THE CULT, qui ne verront jamais le jour…
Alors cet après midi, c’était un peu la revanche sur le destin. L’occasion de remettre les pendules à l’heure et de resituer TEARS à sa place, sur le devant de la scène, en clôture de cette première partie de journée.
Mais une fois de plus, ce fut un acte manqué, et bien planté dirais-je.
De voir Stacey ’O et Punky Diamonds sur scène m’a collé la frousse… Certes, l’âge ne conserve pas forcément, mais l’apparence physique des deux musiciens et leur apathie durant les réglages n’augurait rien de très bon…
Mais je ne pouvais vraiment pas me douter du caractère pathétique de leur « prestation »…
Stacey lance le premier morceau, sorte de Rock pataud, joué sans envie, évoquant volontiers un groupe de Rock de troisième zone neurasthénique…
Et lorsque Punky s’excuse à l’issu de celui ci, l’atmosphère commence à sentir le rance…
Et après une seconde tentative aussi triste que la première, le groupe décide d’arrêter les frais et quitte la scène du Divan.
Ce qui était vraiment la meilleure des décisions. (pas de note)

Alors… Le pauvre Phil de se répandre en excuses, arguant du fait que le trio avait très peu répété, ce qui en soi ne justifie pas une telle pantalonnade éhontée, surtout de la part d’un groupe qui a toujours joué à fond la carte de la provoc’.
Si ce « set » qui n’en avait que le nom préfigure une reformation du même cru, je préfère enterrer de suite TEARS dans les tréfonds de ma mémoire, et me souvenir de ce qu’ils étaient avant de tomber dans l’abîme… Mais laissons leur le bénéfice du doute.
Du coup, la transition avec le groupe suivant prit des allures de causette au coin du feu, avec un Phil entonnant « La Digue Du Cul » avec le public pour meubler le silence…



Mais heureusement pour moi, les sauveurs allaient arriver, et d’une manière plutôt ironique.

Je l’avoue, je n’attendais rien de MANIGANCE. Non que je jugeais leur musique inintéressante, loin de là, mais tout simplement parce que je n’avais jamais écouté un seul de leurs albums.
Je les associais à tort avec la vague « Revival Heavy » française, plate, chiante et obnubilée par le traditionalisme teinté de passéisme.
Quelle erreur de ma part…
Parce qu’il faut l’avouer, ils ont été monstrueux, intouchables, et ont reboosté le festival à eux seuls.
MANIGANCE, c’est du Heavy, nul doute la dessus. Du Heavy/Speed puissant, racé, intelligent, efficace, joué par des musiciens extraordinaires, qui associent la technique à la spontanéité avec un brio époustouflant.
Et même moi, néophyte devant l’éternel, je suis resté sur le devant de la scène, les yeux et les oreilles grands ouverts, m’abreuvant à la source d’un répertoire qui m’était totalement inconnu.

MANIGANCE, ce sont bien sur ces instrumentistes hors pair, avec un duo de guitaristes fins et inspirés, qui manient la rythmique comme ils délient les soli. C’est une rythmique en béton armé, qui jamais ne faillit, et qui sait se plomber tout en restant élastique et versatile.
Mais – et ne voyez pas là un manque de respect envers les autres musiciens – c’est surtout un p****** de chanteur…Car Didier Delsaux est un vocaliste bluffant, aussi à l’aise dans les médium que les graves, et maniant les aigus et les envolées lyriques à la perfection.
J’ai eu un flash durant leur set. J’ai cru me retrouver à la grande époque de SORTILEGE, avec le fabuleux Christian Augustin au micro, le seul à l’époque capable de nous donner le frisson, avec peut être Renaud Hantson.
Et les titres se sont enchaînés, sans faiblir, avec le lourd « Mercenaire », le très HELLOWEEN « Récidiviste », « Dernier Hommage » dédié à Phil et un « Privilège » de clôture durant lequel Didier s’autorisera une gueulante à la Rob Halford…

Merde, quelle claque !!! Moi qui suis d’ordinaire réfractaire à ce genre de Heavy, je me suis laissé emporté par la vague, et j’ai lâché prise, le temps de leur prestation.
Sans aucun doute, MANIGANCE a marqué les esprits cet après midi, et s’est imposé comme LE groupe de la journée, sans que quiconque puisse mettre en doute ce postulat. (10/10)



Mais les bonnes surprises ne faisaient que commencer…

OCEAN était aussi en grande partie responsable de ma présence au PMFF. J’ai toujours aimé leur musique (voir ma chronique de leur troisième album éponyme sur ce lien), et pouvoir les retrouver de nombreuses années plus tard était un rendez vous que je ne pouvais pas manquer.
Retrouver enfin la guitare de Georges Bodossian, accompagné de ses nouveaux compères Stef Reb au chant, Marcel Chiaruttini à la basse et Alain Gouillard à la batterie fut donc un réel plaisir…
Et il était franchement difficile de croire que Georges avait commencé l’aventure presque quarante ans plus tôt, tant le quatuor sonnait frais et précis sur scène.
Alors bien sur, le OCEAN 2013, c’est surtout deux pôles d’attraction.
La guitare de Georges bien sur, comme toujours, volubile mais pertinente, tour à tour agressive, émouvante, louvoyante… Un Georges discret mais bien présent, caché derrière ses énormes lunettes noires.
Mais c’est aussi un chanteur fantasque, hilare, avec une voix profonde, chaude, et un frontman de premier ordre.
Stef ce soir a joué à merveille son rôle de bateleur, et a harangué la foule avec son micro, pour nous faire participer un peu plus à la fête. Sorte de mélange physique entre Etienne Chicot et mon ex beau-frère (oui, je le concède, ça ne doit pas vous dire grand chose…), Stef Reb a mené la barque OCEAN sur la bonne vague, et nous a séduits, avec en arrière plan une musique de tradition, sonnant actuelle, sans paraître ni datée ni opportuniste.
C’est l’apanage des grands musiciens me direz vous…
Et même si la voix était mixée un peu trop en arrière, la guitare de monsieur Bodossian s’est fendue de soli impériaux, gorgés de feeling Blues Rock et Soul, et un titre aussi éternel que « Rock N’Roll » ne doit rien envier à son homonyme Zeppelinien….
Un excellent set ma foi, qui prouve que l’arrière garde ne se rend jamais et qu’elle garde de bien beaux restes… Merci messieurs ! (8/10)



Avant dernier groupe sur l’affiche, BLASPHEME nous a offert ce soir l’adieu que nous étions en droit d’attendre d’un tel groupe.
L’affaire avait pourtant assez mal commencé.
Seul sur scène, Pierre Holzhaeuser annonce que ce concert sera le dernier de BLASPHEME, en exclu pour le PMFF, et commence donc sur une note assez triste…
Puis il est rejoint par Philippe Guadagnino, et on se demande bien ce que le trio (avec le fiston à la batterie…) va pouvoir nous offrir comme prestation sans leader au chant…
Mais c’était sans compter sur les surprises que le PMFF est seul à pouvoir nous offrir, et BLASPHEME commence sur les chapeaux de roues avec en guest deux chanteurs très charismatiques de la nouvelle scène Heavy française, dont le tonitruant Olivier Del Valle du groupe SHANNON.
Celui ci se livre sans compter, et transcende des morceaux comme le mythique « Seul », qui ouvrait il y a vingt huit ans le séminal Desir de Vampyr et sa pochette clin d’œil.
Philippe à la basse est comme à son habitude, intenable. Il est la preuve vivante que la musique est la source de jeunesse éternelle tant cherchée, et ce petit bonhomme qui triture sa basse tout en gesticulant comme un beau diable devient un symbole à lui tout seul.
Celui d’une scène française fertile, celle des années 80, mes années 80. Celle qui est toujours là, prompte à surgir de n’importe où pour nous faire headbanger avec des riffs simples, mais pas simplistes.
Et la prestation de BLASPHEME fut suivie - sans doute in extenso - par ce bon vieux Phil ‘em All, que j’ai retrouvé dans les premiers rangs, à mes côtés, hurlant les textes comme l’éternel adolescent que nous sommes tous encore… (9/10)

Mais…

Une douleur aiguë aux reins m’a fait quitter la salle prématurément, et ainsi manquer la fin du set de BLASPHEME et la prestation de HEADLINE, et je n’aurais donc pas vu mon pote Christophe on stage… Mais gageons que Sylvie et Didier ont assuré comme d’habitude, avec leur Metal progressif travaillé.

Voilà…
Si vous étiez là, vous serez tous d’accord avec moi pour affirmer que la fête était totale… Si vous n’étiez pas là, alors, tant pis pour vous. Mais pour une dernière, Phil avait mis les petits plats dans les grands, et même si je n’ai assisté qu’au deuxième jour du festival, les échos des deux autres ont été suffisamment bons pour affirmer que le PMFF V fut un franc succès, du côté des groupes comme du public.

Et il serait dommage que l’histoire s’arrête là, parce qu’elle est belle. C’est une histoire de passion, une histoire de gosse qui s’accroche à ses idoles et finit par les rattraper. Et qui nous emmène avec lui.

Jusqu’au bout de ses rêves.


Ajouté :  Mercredi 23 Janvier 2013
Live Reporteur :  Mortne2001
Score :
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