J’aimerais pouvoir vous faire un compte-rendu oral de cet album : j’adopterais alors la voix éraillée et imprécise du jeune en pleine mue, car il est plus que probable que Beloved Enemy se destine d’abord à ce public. Les Allemands eux-mêmes, vu leur look, semblent traverser cette crise d’adolescence mais alors que celle-ci est en règle générale synonyme de mal-être et de quête de soi, les membres de JESUS ON EXTASY font preuve d’une assurance à toute épreuve. Ceux qui se sont autoproclamés les dandies digitaux ne revendiquent pas moins que le statut de précurseurs de la révolution musicale post-industrielle. L’usage de samples électro est, il est vrai, monnaie courante ici, tantôt dans une approche technoïsante tantôt new wave. Pour autant, rien de révolutionnaire. Même constat au niveau du chant : en termes de signature vocale, Dorian Deveraux a trouvé la sienne, au risque de se trouver condamné pour faux et usage de faux, puisque celle-ci est à mi-chemin entre Marilyn Manson et Jonathan Davis, en nettement moins torturé. JESUS ON EXTASY : ça fait rebelle comme patronyme, mais le rendu est beaucoup plus inoffensif. Dorian Deveraux s’exprime en anglais : adoptera-t-il l’allemand vu le succès actuel de TOKYO HOTEL ? On verra bien avec leur troisième album. Tout n’est pas à mettre à la même enseigne et certains titres se détachent du lot – l’entraînant « Direct Injection », les breaks sur « Dead Presidents » et « Church On Extasy » ou encore « Sometimes » et son piano –, mais avec treize compos, JESUS ON EXTASY a eu les yeux plus gros que le ventre pour une cuisine qui manque définitivement de saveur…