HELLFEST OPEN AIR (FRA) - Clisson (15-16-17/06/12)
Date du festival : du 15 au 17 juin 2012
Lieu du festival : Open Air (Clisson, France)
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Live reports des autres éditions : Fury Fest 2004, Fury Fest 2005, Hellfest 2009, Hellfest 2010, Hellfest 2011, Hellfest 2012, Hellfest 2015, Hellfest 2016
Interviews : DEATH ANGEL (usa) - Mark Osegueda (Juin-2012/VF-EV), CANNIBAL CORPSE (usa) - Alex Webster (Juin-2012/VF-EV), SATYRICON (no) - Frost (Juin-2012/VF-EV), DO OR DIE (be) - Chris Michez et Stephane Frocheur (Juin-2012)
Le HELLFEST. Je crois désormais qu’avec l’édition qui s’est déroulée du 15 au 17 juin 2012 à Clisson, on peut véritablement parler d’institution. Cette septième mouture aura été celle de tous les records et de toutes les surprises. Symboliquement programmé sur un week-end proche du 21 juin, jour de fête de la musique, le Hellfest est le festival Metal français dans toute sa splendeur. Un brassage ethnique exceptionnel, un nouveau site pour un nouveau départ, des groupes venus de tous les continents, des centaines de milliers de litres de bière, des mécènes et partenaires prestigieux, six scènes différentes et plus de 2000 bénévoles, tout ceci n’est qu’un aperçu très aléatoire de ce qu’aura été ce week-end de folie. Et puisque nous savons pertinemment que la déception de ne pas avoir pu y participer est un sentiment qui hante encore beaucoup de nos lecteurs, toute l’équipe de Metal-Impact s’est mobilisée afin de vous offrir le compte-rendu le plus complet possible. Plus de soixante live-reports, visant à couvrir les quatre scènes principales (Mainstage 01 et 02, Altar et Temple) et près d’une dizaine d’interviews d’artistes de renommée internationale (de CANNIBAL CORPSE à MONKEY 3 en passant par BIOHAZARD, NECROPHAGIA, DO OR DIE, DEATH ANGEL et SATYRICON), c’était encore trop peu pour vous combler. Désireux d’étendre ce live-report aux plus éclectiques d’entre vous, nous avons mis en quarantaine le Patriarche sous la Valley, scène consacrée aux groupes de Doom, Stoner, Drone, Sludge et autres musiques psychédéliques. Fort d’un report spécial contenant une quinzaine de références (de SAINT VITUS à PENTAGRAM) et une multitude de détails croustillants, il vous fera revivre de l’intérieur une des scènes les plus riches de cette édition 2012. Enfin et pour finir, voici un best-of de quelques chiffres et quelques faits qui achèveront de vous convaincre de prendre votre billet pour le week-end du 21, 22 et 23 juin 2013.
Infiniment dense.
Cette année, le Hellfest aura battu tous les records d’affluence. 112 000 festivaliers, soit une hausse de fréquentation de près de 40% par rapport à l’année précédente. Un site deux fois plus grand que l’ancien, neuf hectares de gagnés soit douze terrains de foot ou un carré sur lequel s’étaleraient 1 800 000 timbres postaux. Les choses ont été pensées en grand pour accueillir les pointures du monde du Metal et les festivaliers dans des conditions optimales.
Infiniment riche.
Riche de talents, riche de diversité. Cette année encore, 157 groupes étaient prévus à l’affiche. Et seulement deux défections (HAEMORRAGE et ORIGIN). Des formations venues du monde entier. 52 américaines (soit un tiers du total des groupes), 20 françaises, 11 anglaises, 9 allemandes, 9 norvégiennes, 8 suédoises 6 néerlandaises mais aussi 4 finlandaises, 4 canadiennes, 3 belges, 3 italiennes, 2 australiennes, 2 islandaises, 2 espagnoles, 1 mexicaine, 1 grecque, 1 irlandaise et 1 polonaise. Et je ne parle que des groupes. Quant aux spectateurs, nous en avons rencontré des quatre coins du globe.
Infiniment controversé.
Cette année encore, le Hellfest aura essuyé son lot de controverses. En premier lieu, la programmation de TAAKE aura fait grand bruit. Le groupe de Black norvégien, connu pour son gout de la provocation, a finalement joué le samedi sous la Temple sans qu’aucun débordement, ni aucune croix gammée, ni aucune parole islamophobe ne soit signalée. Ensuite, c’est le visuel de l’affiche qui a été remis en cause. Un slogan, « A New Battlefield », un casque, supposé nazi, et un visage, celui du soldat jugé trop marqué par la violence de la guerre sont venus enflammer les débats. Comme chaque année, le Hellfest aura survécu. En attendant la suite…
Infiniment people.
Si le Hellfest a regroupé cette année près de 112 000 festivaliers, il y en a un qui ne sera pas passé inaperçu. En effet, l’acteur et réalisateur français Alexandre Astier, célèbre pour ses frasques moyenâgeuses dans la série Kaamelot a été aperçu du côté du carré VIP. La raison de sa présence ? Une scène de son prochain film, consacré aux musiques dures, tournée juste après le show de KING DIAMOND le vendredi soir. Pour l’occasion, une poignée de festivaliers s’est mobilisée pour rendre authentique cette scène de concert. Julien Doré aurait d’ailleurs foulé les planches de la Mainstage 02, grimé en vieux glam-rockeur. Parmi les personnalités moins people, certains artistes auront aussi fait le déplacement à Clisson. Auront donc été aperçus du côté du carré VIP Luca Turilli et Erik Danielsson de WATAIN. Mais chut !
Infiniment traditionnel.
Nouveau site mais mêmes recettes. Si le Hellfest 2012 a changé d’adresse, un lycée devant être construit sur l’ancien site, les festivaliers des années passées auront pu retrouver toutes les animations présentes ces dernières éditions. A commencer par le Metal Corner. Point de rassemblement traditionnel d’un grand nombre festivaliers, il aura été comme à chaque édition un endroit incontournable. Se seront succédés sur scène des groupes comme les Nantais d’AS IT COMES, les Angevins d’ARCANIA, les Strasbourgeois d’ABSURDITY ou même Mike Rock, un DJ avignonnais spécialisé dans le Metal et le Dubstep. Des films auront également été diffusés, parmi lesquels le cultissime « Wayne’s World » (1992) de Penelope Spheeris ou le tout aussi brillant « Rock Academy (2004) avec Jack Black. Les footeux n’auront pas été en restes avec la diffusion des matchs de l’Euro 2012. AVULSED (Espagne) contre GAMA BOMB (Irlande) ou encore ENTOMBED (Suède) contre NAPALM DEATH (Angleterre) auront été deux affiches retransmises dans le Metal Corner. Enfin, pour le plaisir des yeux, l’organisation nous a concocté un spectacle de charme très Rock N’ Roll avec les stripteaseuses Londoniennes de NYMPHERNO.
Mais qui dit Metal Corner dit aussi Extrem Market. Et cette année, ce hall d’exposition de 2000 mètres carrés a subi un sérieux lifting. Des dizaines d’exposants, qu’ils soient distributeurs, labels, indépendants, se sont regroupés dans cet endroit gigantesque pour vendre t-shirts, vêtements et autres CD introuvables dans le commerce. Ouvert à partir de 10h00 du matin, l’Extrem Market aura eu l’inconfort de devoir fermer ses portes un peu plus tôt le dimanche soir en raison du déluge. En effet, de nombreux festivaliers, peu enclins à bousculer la foule sous les tentes, auront tenté de s’y réfugier. Sans succès.
Infiniment décoré.
Le site a fait peau neuve. Et il a attiré avec lui bon nombres d’artistes et de décorateurs. Personne n’aura manqué l’arbre Hellfest de Jean-François Buisson (sic !) qui trônait au milieu du champ. Idem pour cette magnifique cathédrale de Metal et le bosquet spécialement aménagé à proximité de la Warzone pour le repos des festivaliers. La nuit tombée, c’est un show de lumières et de couleurs qui s’est mis en place dans le ciel de Clisson. Si un énorme projecteur diffusait le symbole du Hellfest dans le ciel, à la Batman, ce sont surtout les lampes gigantesques de Tilt, les projections d’images de Diazzo et les tours éclairées de Monic La Mouche qui auront eu le plus de gueule. Un peu partout seront également éparpillées les sculptures de Marco Di Metal et Madneom. Le spectacle visuel était également assuré au cœur de l’espace VIP avec des carcasses de voitures, de la tôle rouillée aux couleurs du festival et des squelettes en Metal.
Infiniment culturel.
Le Hellfest, c’est aussi une ville. Clisson. Située non-loin du vignoble, elle fait partie de l’agglomération de Nantes et de la région Pays de la Loire. Son maire, Jean-Pierre Coudrais, est le premier supporter du Hellfest. Il se plait d’ailleurs a faire le « sign of the horns » sur les photos qu’on veut bien prendre de lui, à l’approche de ce week-end « démoniaque ». Clisson, près de 7000 habitants, son château, ses chapelles, les Halles, le Pont de la Vallée, c’est aussi un patrimoine culturel riche, restauré par les frères Cacault, après sa destruction totale à la fin du XVIIIème siècle. Jumelée avec Klettgau dans le Bade-Wurtemberg allemand, Alatri dans le Latium italien et Cowbridge dans la Vale Of Glamorgan galloise, la ville dispose de nombreuses infrastructures sportives (un centre aquatique, une base de canoë-kayak, un club de football) avant l’arrivée prochaine d’une médiathèque. Ainsi, ceux qui auront fait le choix de visiter la vieille ville s’en seront mis plein les yeux. Et plein les oreilles. Parce que de nombreuses animations musicales étaient au programme. Les rockeurs nantais de STEEL RANGERS étaient déjà présents le jeudi à 18 heures pour accueillir les festivaliers à la sortie du train. Puis ce sont ROOTS TO REMAIN (un groupe de reprises de SEPULTURA), ELLIPSE (Metalcore) et WALTZ WITH MEDUSA (Metalcore) qui auront mis le public dans l’ambiance. Sans compter les nombreuses expositions, parmi lesquelles le dessinateur Slo (de la bande-dessinée Metal Maniax, le sérigraphe Will Argunas ou le photographe live Christian Ravel. Le festival pouvait démarrer dans les meilleures conditions.
Voilà, vous savez désormais tout des détails croustillants qui auront aussi fait l’actualité du Hellfest 2012. Toute l’équipe de Metal-Impact vous propose désormais de vous plonger dans son live-report exclusif, avec la matinée de vendredi.
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3 jours dans la VALLEY par Le Patriache
Il faut que je vous raconte...
C’est l’heure de la récession, les trente glorieuses sont derrière nous.
Le commun des mortels va devoir compter sans bourse déliée sur la rigueur, l’austérité. Devant cette morosité ambiante, on voit, à partir du 14 juin en cet an 2012 après J.C., se constituer des hordes de métalleux, prémices d’un exode vers la verte vallée de Clisson, The Valley dans le texte, vallée de la Sèvre Nantaise située dans le vignoble du Muscadet. Gage de soif étanchée pour les guerriers de l’enfer qui vont cracher le feu.
Les premières colonnes de chariots chargés de sacs de couchage, et de packs de bière sont ralenties à la barrière de St Arnoult pour le paiement de la dîme. Les accords de Schengen négociés par nos chefs de tribu ont mentionné libre circulation mais pas gratis, par tatoutis.
Le long des voies bitumées, sur des aires aménagées, souvenir de nos anciens relais de poste, on abreuve de carburant nos chevaux fiscaux. Les compagnons de route se saluent, non pas d’un ave cesar, ceux qui vont mourir te saluent, mais d’un salut à Satan, le poing tendu, avec les cornes du diable, ceux qui font le plein vont à Clisson. Chacun arbore ses armoiries sur son noir T-shirt, sa kutte blasonnée d’effigies de chefs guerriers Heavy et Thrash Metal. Tous ces mercenaires, bracelet clouté, et ceinture de douilles sont prêts à en découdre, regard porté vers le château et l’éperon rocheux de Clisson, prêts à venir en aide au Connétable de France, Olivier V de Clisson. Déjà que son père a perdu la tête, décapité aux Halles de Paris, une sombre histoire d’intrigue politique avec Edouard III d’Angleterre… et comme dira DSK au 21é siècle, plutôt être décapité que débité.
Pour certains, l’auberge formule 1 verra le guerrier se reposer, pour d’autre la tente dressée abritera les nuitées biturées, alcooliques un rien bucolique aux couleurs cirrhoses de l’aurore. On n’est pas à une horreur près. Des pustules, il faudra se méfier, car certains vieux grenadiers se souviennent encore de l’épidémie de petite vérole en 1780 dans le pays de Clisson.
Que Satan nous protège de pluies torrentielles, les métalleux ne sont pas garantis inoxydables, des points de rouille peuvent même se révéler après une exposition plus ou moins longue, le remède reste le bain de boue, en laissant sécher celle-ci une neuvaine. On verra quelques adeptes cette année encore, la croyance est tenace depuis Woodstock.
Quand je pense qu’en 1983, tout le bas de la ville a été submergé, c’est de là d’ailleurs que vient la tradition de porter le pack de bière sur la tête, et de laisser les enfants emportés par les flots, il y a des priorités.
Des sujets sont aussi à éviter sur les terres de Clisson, à l’heure de la grande messe du Metal, c’est celui de la présence des Frères Jacques, quatuor vocal à caleçon moulant, venus se planquer à Clisson durant la seconde guerre mondiale. Les teutons d’ENDSTILLE les cherchent encore. Je vous aurai prévenu vous évitant ainsi de passer pour une tapette, de vous faire enduire de goudrons et de plumes et pour finir dépecé par GORGOROTH. Joli programme.
Joli programme aussi que nous réservent les trois jours de fêtes sur la scène du chapiteau The Valley. Suivez moi, avec en mémoire la devise de Clisson « Pour ce qu’il me plest », et pour ce qui est de se faire plaisir, on ne va pas se gêner.
Le vendredi 15 juin, comme les chercheurs d’or du grand Ouest, la boue amoureuse de nos semelles, nous passons au tamis le programme du Hellfest, version 2012, à la recherche de pépites. A 10h30, CELESTE, groupe lyonnais de sludge/hardcore ouvre le bal. Nos yeux sont lacérés par les flashs blancs qui déchirent l’obscurité dans laquelle le combo officie. Ca joue fort, et ça nous rappelle vite à l’ordre, n’oubliez pas vos bouchons. Un chaos musical martèle nos tympans, les morceaux se veulent féroces vecteurs d’une haine tenace sur une rythmique froide et tranchante. Les belles de rêve aux verres embués par le crachin clissonné n’ont d’yeux que pour ce groupe corrosif à l’acide hardcore. DOOMRIDERS, une première en France pour ces américains de Boston. Les curieux sont nombreux à se presser sous le chapiteau, la place manque. Nate NEWTON de CONVERGE, a tronqué sa basse pour occuper la place de front man, au chant et à la guitare. Ambiance très rock ‘n’roll, pimenté de Metal old-school, festif à souhait pour enthousiasmer le public présent. Heavy et punchy, la prestation respire la convivialité et la complicité au sein du combo. Jebb Riley, le bassiste arbore sur son t-shirt une grosse mouche, une chose est sûre, ce n’est pas une mouche tsé-tsé, pas de crainte d’attraper la maladie du sommeil avec un jeu aussi énergique. Le set se termine sur un morceau au riff répété, entêtant. Une belle surprise en ce début d’Hellfest, groupe à suivre. Peu de temps après, nous serons hypnotisés par Bryan Funck au chant de THOU, gang de Louisiane. Sur un rythme pesant, dans une ambiance oppressante, nous serons happés par le jeu de Bryan, qui tel un serpent, soumet son corps à un balancement lancinant, une expression froide, aux yeux fixes. Dans une mise en scène austère, nous avons l’impression d’assister à la métamorphose du chanteur transcendé, en un nouvel alien.
BRAIN POLICE, porté par un vent glacé d’Islande, Reykjavik plus précisément, nous apporte à Clisson une ambiance de feu, digne d’un volcan en éruption, avec un Stoner Rock qui cogne dur comme un escadron de bucherons à l’image de leur tenue, clin d’œil à MASTADON. Jenni, au chant, s’impose sur scène par son charisme, à l’image d’un Jim Morrison quand ce dernier s’approchait du Père Lachaise, visage épais et barbu.
La météo en général, et la pluie en particulier font que les chapiteaux sont saturés, espoir d’une petite place abritée. Cela va générer ma frustration de la journée, ne pas voir, ni même apercevoir ORANGE GOBLIN, le son sans l’image. L’espace The Valley ne peut être approché, gage du succès et de la fidélité des fans, je n’ose croire que les festivaliers ne sont là que pour mettre leur mise en pli au sec…Bon, allons faire un tour vers l’Extreme Market, les bons vieux vinyls sont de retour, les boites dédiées, sur les étals, sont plus nombreuses. On trouve de tout, mais bonjour le budget ! et tout augmente, même la galette saucisse, et les bocks de bière sont plus petits. Le Hellfest devient intergénérationnel, on trouve même des t-shirt de Metal à partir de 3 mois…il faut assurer la relève. Certains pour cette édition 2012, sont heureux de ressortir leur t-shirt mités de BLUE ÖYSTER CULT, ou URIAH HEEP, croyant ne plus jamais les revoir sur une scène, et française de surcroit. Par moment, flottaient quelques émanations de naphtaline. Vers 21h30, Mesdames et Messieurs, le clou du spectacle, j’ai nommé HANK 3, avec Shelton Hank William, 3éme génération. Pionniers et festivaliers du grand ouest, dansons la gigue, au son du violon, du banjo, nous avons trouvé la pépite, ça valait bien la peine de patauger dans la boue. Cette voix nasillarde nous est rentrée bien profond dans la tête, une vraie ritournelle. Hank William réussit à rendre hommage à ses racines, la musique Country, en faisant miroiter ses multiples facettes, sur des rythmes endiablés faisant claquer les drapeaux sudistes, un tsunami de Country Rock. 2 heures sur scène, avec en dernière partie, Hank William qui nous dévoile son côté sombre au propre comme au figuré, seul, dans l’obscurité avec une petite loupiote pour sa guitare. Un jeu doom, pesant, très loin de la première partie qui s’est voulue festive et enlevée. La prestation finale revendique l’engagement politique d’Hank William. La vidéo, et le batteur, seul compagnon de route en cette fin de set, qui va porter le chapeau mexicain, visage masqué, axent tout le visuel sur la guérilla, et Zapata. Le lendemain, sur le site, on entendra à plusieurs reprises, tu as vu HANK 3 hier soir ? sacrée belle surprise. On va y regarder de plus près en rentrant à la maison.
On a fini la journée, après 2 h. du matin, avec la prestation style grand show de KING DIAMOND, ne voulant pas finir sur une TRAGEDY sous le chapiteau Warzone. Et il y a des moments, comme ça, où l’on se rend compte que les membres de votre webzine prônent la solidarité, et le partage (on peut être à trois à boire la même bière de 25 cl.). En témoigne la mésaventure de deux confrères, nous tairons leur site, lâchement abandonnés, dans l’obscurité la plus totale, sur le bord de la route, dans l’impossibilité de regagner leur taverne située à plusieurs lieues, au risque de se faire détrousser par les bandits avinés des grands chemins. Le principe barbare de la sélection naturelle n’a pas droit de cité dans la charte de Metal-Impact, qu’on se le dise.
La journée du samedi 16 juin commence après une nuit bien courte, la nouveauté du stand café sur le site du Hellfest est appréciée. De quoi prendre sa dose de caféine. J’arrive à la Valley pour découvrir les belges d’AMENRA. Le chapiteau est bondé, les riffs plombés rendent nos semelles encore plus lourdes, la boue n’y est pour rien à l’écoute de ce set aux sons pachydermiques. La prestation est émaillée de plans psyché. Le Post Hardcore/Sludge délivré par AMENRA compte de nombreux adeptes, et ce passage bien que tôt dans la journée aura séduit les curieux. La scène belge mérite qu’on s’y intéresse, je vous invite d’ailleurs à consulter, dans nos pages, les dernières chroniques de groupes tels que MORNING CHAOS, ANWYNN…
Si vous avez choisi comme moi un Hellfest 2012 aux couleurs de la scène Stoner Doom Sludge de THE VALLEY, vous attendiez avec impatience la prestation des pionniers de SAINT VITUS pour la promotion de leur nouvel album, attendu depuis 1995, Lillie : F-65.
A l’édition du Hellfest 2009, on espérait cette renaissance, l’essai est aujourd’hui transformé, SAINT VITUS a décroché le bouclier de Brenus. Le chapiteau déborde, pouvoir attractif du groupe californien, malgré la compétition féroce de MACHINE HEAD, NAPALM DEATH qui se produisent à la même heure. Sur scène, avec Wino et Dave Chandler, on assiste à une vitrine des plus beaux tatouages. Vasquez, aux fûts, tape fort. Les fans retrouvent le jeu toujours aussi caractéristique de Dave à la guitare, avec sa pédale wah-wah. Le doom plombant véhicule toujours ces clichés ténébreux et oppressants, relayés par la vidéo en fond d’écran, aux motifs psychédéliques noirs et blancs. Les quelques touches colorées sont annonciatrices d’apocalypse. Et la nature a droit de cité par l’image de feuilles de cannabis. Dans la setlist, nous retrouvons des titres tels que « Mystic Lady », « Dying Inside », la prestation se terminera sur les notes de « Born Too Late ».
SAINT VITUS, une valeur sûre, qui comble toujours les fans, avec ce côté intemporel. Une autre belle surprise à l’affiche, THE DEVIL’S BLOOD. Du Psychedelic Rock qui nous arrive des Pays Bas. Nous sommes invités à une grand’ messe, il faut avoir le code pour décrypter l’univers des Bataves, véritable cercle d’initiés. Il va falloir briser nos clichés sur les concerts, car c’est à un rituel que nous invite THE DEVIL’S BLOOD. En 2010, certains festivaliers avaient été baptisés par l’offrande de l’album de l’époque Time Of No Time Evermore, et aujourd’hui la messe est dite avec The Thousandfold Epicentre. L’annonce de l’arrivée de la grande prêtresse F « The Mouth Of Satan » est faite dans l’obscurité par une litanie en français sur les âmes libertines dans l’espace sidéral controversé… Selim « SL » Lemouchi est toujours aussi fascinant et inquiétant sous son apparence de mort-vivant à la tenue de cuir couverte de sang coagulé, regard hypnotiseur. Le public est dans un état semi conscient, entrainé par l’alchimie des morceaux interprétés et assénés, avec le désormais hymne « She », la communion se fera sur le titre final fédérateur « Christ Or Cocaïne ». Sur les dernières notes, vers 1 heure du matin, il nous faut nous réveiller de ce monde de sang, d’encens.
J’attendais avec impatience la journée du dimanche 17 juin pour revoir MONKEY3 qui m’avait fait une grosse impression lors de l’édition 2010, à la Terrorizer Tent. C’est en partie pour eux que j’ai quitté les grandes plaines de Beauce, bottes aux pieds, avec en tête l’air d’Ennio Morricone, once upon a time in the west… Les MONKEY3, de leur côté, s’échappaient du canton de Vaud, en Suisse, pour nous offrir à nouveau leur Stoner Progressif instrumental. Le chapeau de Picasso sur un ampli, les membres de MONKEY3 procèdent aux derniers réglages. Le set lancé, on retrouve cette magie d’une ambiance obsédante avec ses nappes psychédéliques et ses riffs prégnants, les titres s’enchaînent sans répit. Le chapiteau est bondé, ce qui prouve que pour MONKEY3, faire des dates en France, et au Hellfest en particulier, permet, à un grand nombre d’entre nous, de passer d’un statut de non-initié à celui de fan. Nous aurons matière dans les mois à venir d’évoquer l’actualité de ce combo qui doit faire une date à Paris en fin d’année, et nous gratifier d’un nouvel album en 2013. Je vous invite à découvrir sur notre site l’interview de MONKEY3 qui a fait suite à leur prestation live. Les membres du combo ont un cœur gros comme un compte suisse, c’est peu dire !
A la place de D.USK, je découvre RIVAL SONS, aux ambiances très Led Zepp, avec un rock’n’roll entrainant, aidé en cela par une section rythmique très efficace. Plans psychédéliques, arrangements travaillés, jeux dynamiques, ce cocktail séduit les festivaliers qui aiment ce retrouver dans cette ambiance faite d’efficacité et de convivialité en flirtant avec le rock des 70’s.
Pour beaucoup, Bobby Liebling, avec ou sans dentier, est le père fondateur du Doom, oui, je sais cela peut encore, et toujours faire débat. PENTAGRAM fait bien naturellement le plein, et rassemble ce soir un public, de 17 à 87 ans. Le dernier album Last Rites suscite un nouvel intérêt chez les fans et nous retrouvons comme il se doit les compositions tellement jouées car vénérées qu’elles en sont usées jusqu’à la corde. Mais nous aimons ça, et nous nous refusons à toute cure de désintoxication. Nous nous complaisons dans cette addiction. Au cours de ce concert ouvert sur « Death Row » et se terminant sur les notes de « Wartime », le Doom Heavy de PENTAGRAM nous entraîne, à nouveau, dans un état d’hypnose, sous le regard exorbité de Bobby, le même qu’il y a 40 ans, et toujours aussi inquiétant, avec parfois un rictus de vieil usurier à qui je ne confierai pas les noisettes de mon écureuil.
Pendant 3 jours, j’ai pris pension à THE VALLEY, que je vais quitter avec THE OBSESSED, faisant ainsi la boucle avec SAINT VITUS de la veille. Le dénominateur commun, Scott « Wino » Weinrich, avec ses acolytes qui nous assènent un Doom avec les ingrédients incontournables : riffs pesants, pachydermiques, et une section rythmique lourde à faire des miracles. Un regret toutefois, celui de ne pas avoir participé à l’extinction des feux avec SUNNO))), j’étais devant la Mainstage 01 à regarder un show par trop prévisible dans sa première partie, d’OZZY OSBOURNE, marre de cette petite séquence de l’arrosage des photographes et premiers rangs… l’intérêt reprend avec l’arrivée de Slash et Zakk Wylde, avec des soli d’enfer, comme il se doit. Mais je pense que nous étions nombreux à être là, à témoigner notre soutien à Tony Iommi dans son combat contre la maladie.
Notre vie de pionniers de l’ouest pour cette édition 2012 du Hellfest commence déjà à tourner sa page. Moments à revivre et à partager ensemble avec les chroniques, live report, galeries photo. On s’en revient donc tout crottés de boue, et sentant l’écurie, mais pas le lisier, nous ne sommes pas des porcs… oui, la confusion est possible avec un hymne comme War Pigs. Amateurs de Doom et Stoner à l’année prochaine avec METAL-IMPACT.
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Vendredi 15 juin 2012
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BETRAYING THE MARTYRS (10h30 - 11h00 : MAINSTAGE 02)
Vendredi 15 juin, 10h30. Ils sont encore bien peu à se tasser devant la Mainstage 02 pour assister au coup d'envoi officiel de ce Hellfest édition 2012. Sur scène, quatre blancs-becs parisiens, un frappeur russe et une bête de chanteur anglais. Trois nationalités coopèrent sous le nom désormais connu et reconnu de BETRAYING THE MARTYRS pour délivrer un Deathcore à claviers qui ravira à coup sûr le public très tatoué qui s'est levé aux aurores. L'herbe est encore verte devant les planches, mais plus pour longtemps. Au rythme de chansons énergiques comme « Because Of You » ou encore « Man Made Disaster », les français bondissent, sautillent et haranguent la foule pour provoquer les premiers Wall Of Death du fest. Au-delà d'un set certes court mais très carré, les français défendent avec leurs armes leur premier album, Breathe In Life. Très à l'aise scéniquement, le groupe l'est tout autant techniquement, avec un nouveau batteur-jongleur qui n'aura pas mis longtemps à s'adapter à ce Deathcore ultra-efficace et saupoudré de nappes de synthés et des chants clairs de Victor, qui n'a pas besoin de vocodeur pour tenir les notes. L'énergie communicative de ces gamins aura, j'en suis sûr, agréablement surpris les quelques curieux présents devant la scène. Pour ceux qui étaient déjà conquis, comme moi, c'est l'ouverture rêvée et le privilège d'une acclimatation rapide. BETRAYING THE MARTYRS s'efforce désormais de défendre son bout de gras sur scène et réussit plutôt bien. A tel point qu'après une telle performance, on est bien prêt à oublier les mèches rebelles. (8/10)
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MERRIMACK (11h05 – 11h35 : TEMPLE)
Il est désormais onze heure, l'heure idéale pour aller prendre l'apéro sous la tente dénommée Temple avec les blackeux de MERRIMACK. Au menu, cervelle d'agneau, sang de porc et autres Knacki Balls embrochées sur croix renversées. Le maquillage est de rigueur pour défendre dans les règles de l'art ce Black Metal engagé et brutal. Les français sont très traditionnels dans leur conception de la musique. Le son est vraiment crade mais s'arrange un peu au fil du set. Deux titres de leur dernier effort, « Abortion Light » et « Arousing Wombs In Nine Angels Pleroma » seront proposés au public, les trois autres étant l'illustration parfaite d'une carrière honorable, qui a débuté péniblement avec le Ashes Of Purification de 2002 pour aboutir à l'excellent Grey Rigorism de 2009. Vestal offre une prestation terrifiante derrière son micro et sous son marcel blanc maculé de rouge. Une once de pureté souillée au cœur d'un show vraiment très sombre et dérangeant. Je ne suis probablement pas le mieux placé pour parler de Black, mais je peux en tout cas affirmer que le spectacle proposé est tout à fait authentique, en plus d'être de qualité musicalement. Un peu fâché avec MERRIMACK à cause de nombreuses contradictions dans leur façon de procéder, j'ai probablement redécouvert ce groupe sous son meilleur jour en ce vendredi matin. Assez en tout cas pour m'intéresser de plus près à leur petit dernier, The Acausal Mass. (7/10)
ALPHA TIGER (11h05 – 11h35 : MAINSTAGE 01 par Le Comte De La Crypte)
ALPHA TIGER : avec un patronyme pareil, on pourrait s’attendre à du Glam, d’autant plus que samedi, ce sont les Glameux de STEEL PANTHER qui se produiront sur la Mainstage. Leur accoutrement aussi porte à confusion : le ridicule ne tue pas mais faites gaffe quand même les gars car avec vos collants tigrés moulants et vos pantalons à franges, c'est à se demander si le Metal agresse plus l’ouïe ou la vue… Il n’empêche : les Allemands sont heureux d’être là et ça se voit. Quant à leur Power Heavy Thrash, il baigne dans la sauce eighties, avec des saveurs à la HELLOWEEN et IRON MAIDEN, ce qui nous pousserait à dire que c'est bien dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes…
BENIGHTED (11h40 – 12h10 : ALTAR)
Ni attirés par HAMLET, ni par DOOMRIDERS, nous restons alors à proximité de la Temple pour voir BENIGHTED évoluer sous la Altar. Je connaissais bien sûr leur penchant exubérant pour le Death technique et porcin, mais beaucoup moins le dynamisme incroyable qui s'en dégage sur scène. Emmenés par un Julien Truchan au top de sa forme, hurlant comme un cochon qu'on saigne, BENIGHTED embarque son public dans un univers violent et sans pitié. Ce qui est probablement le meilleur groupe français de Brutal Death en activité ne déçoit pas. Riffs chaotiques, bestialité exubérante, ces garçons ne sont visiblement pas là pour rigoler, le sujet gravissime (l'affaire Fritzl qui a secoué l'Autriche en avril 2008) abordé dans leur dernier album, Asylum Cave, aidant probablement à instaurer cette ambiance un poil détestable. Ce dernier sera d’ailleurs bien représenté avec « Let The Blood Spill Between My Broken Teath », « Fritzl », « Asylum Cave », « Prey » et « Swallow ». Mais derrière ce mur de son, on retrouve surtout des musiciens généreux avec leur public et jamais avares quand il s'agit de briser quelques nuques. J'ai entendu dire à mes côtés "beaucoup de bruit pour pas grand-chose". Mais c'est bien loin de la réalité. Brutal as fuck ! (7/10)
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BELENOS (Vendredi 12h15 – 12h45 : TEMPLE)
L'arrivée imminente sous la Temple de BELENOS ainsi que la prestation beaucoup trop rangée de BUKOWSKI sur la Mainstage 01 achèvent de nous convaincre de rester dans les parages pour assister à la performance des français. Et c'est peut-être aussi la première micro-déception de ce festival. Très à l'aise sur album lorsqu'il s'agit de nous balader entre un Black traditionnel et des atmosphères plus Pagan ou épiques, BELENOS effectue ici une sortie un peu statique. Tout est basé sur la lourdeur, le mystique, les ambiances massives et oppressantes. C'est évidement ce qui fait la force de ce groupe, mais le mid-tempo, c'est bien un moment, mais quand on ne s'en éloigne jamais vraiment, ça devient vite trop pesant. Avec des crânes de cerfs qui ornent la scène, BELENOS semble un peu enfermé dans son propre univers. C'est surement ce trop plein de sobriété, conjugué à un set qui joue sans cesse avec le frein à main (« Terre De Brume », « L’Enfer Froid »), qui découlera sur un sentiment global de contre-performance. Du coup, le concert de ce matin me servira juste à me conforter dans l’idée que ces messieurs sont excellents sur albums. (5/10)
BLACK BOMB A (12h50 – 13h30 : MAINSTAGE 02)
On s’approche doucement de la première heure de l’après-midi, le soleil est très haut perché dans le ciel de Clisson. Les estomacs crient famine mais avec la prestation plus qu’énergique des BLACK BOMB A sur la Mainstage 02, on oublie un peu les plaintes intestinales. Décidemment, drôle de bestiole qu’est BLACK BOMB A. Inconstante sur album, elle se libère totalement au moment d’être sur les planches. Et ça débute plutôt bien, avec un « Pedal To The Metal », véritable tube issu du petit dernier, Enemies Of The State. Alors déjà que sur album, c’est la grosse bagarre, sur scène, j’vous raconte pas ! Le tout nouveau tout beau duo vocal Poun / Shaun s’éclate, même si on sent bien que la collaboration scénique entre les deux est toute fraiche. Le premier, vêtu d’un très voyant t-shirt vermillon à l’effigie de CANCER BATS (qui joue le samedi à 17h00 dans la Warzone) se déplace sans arrêt, haranguant la foule et la transperçant de ses cris stridents. Le second, dans un style vestimentaire beaucoup plus urbain, se contente de mouvements lourds pour accompagner des vocaux beaucoup plus bucoliques. Le spectacle offert est dynamique, accrocheur. La décharge d’énergie tirée par le groupe touche la foule en plein cœur, même si la relative homogénéité du set proposé (avec des « Come On Down », « We Don’t Care », « Fear » et « Tales From The Old-School » pour finir) à de quoi calmer quelques ardeurs. Le moment passé en compagnie de BLACK BOMB A en cette deuxième partie de journée (déjà !) est d’une grande convivialité. Après les prestations très sérieuses de MERRIMACK, BELENOS et juste avant SOLSTAFIR, c’est un petit moment de déconne fort à propos. (7/10)
SÓLSTAFIR (13h35 - 14h15 : TEMPLE par Line44)
Quand bien même j’avais déjà assisté à un live du combo arrivé tout droit d’Islande mon impatience était à son paroxysme en ce début d’après-midi à l’approche du set et vraisemblablement partagé à la vue de la meute qui commençait à s’attrouper sous la Temple.
Comme à l’accoutumé le combo entame sa prestation sur une introduction dévoilant déjà le climat qui régnera tout au long du concert. Une ambiance vaporeuse, humide et suave se dégage des premiers pincements lancinants, mais au combien maîtrisé. Après ce qui put paraître une éternité aux plus impatients mister Adalbjörn Tryggvason va entonner la chansonnette pour le plus grand plaisir des auditeurs promptement concentrés. La scène à laquelle j’assiste me fait tout d’abord sourire puis me ravise lorsque je constate que moi-même j’ai l’air d’un disciple béat devant son gourou. Il va sans dire que le monsieur a ce don particulier de capter l’attention tant son lyrisme est hypnotisant.
SÓLSTAFIR est à lui seul une entité dans le Metal de par sa distinction dans le style errant entre le psychédélique barré et l’atmosphérique envoutant.
On est happé par l’exécution comme s’ils parlaient notre langue et nous contaient à cet instant une histoire où finalement chaque morceau s’enchaîne sans interruption pour ne former qu’une seule et même épreuve.
Les protagonistes adoptent cette prestance vagabonde tels des êtres possédés par leur musique et drogués à cette came venue du froid qui émane des nombreuses fumées du jeu de scène. Tout est bien évidemment mis en avant pour accentuer un peu plus cette ambiance planante, mais les nombreuses teintes violines auraient pris une plus belle ampleur sous une nuit étoilée (ou pas, vu le temps) et l’émotion qu’ils développent dans leurs nombreuses compositions auraient culminé dans un peu plus d’intimité encore.
Malgré tout, les quarante minutes de cette offrande se seront écoulées avec aisance laissant dans leur sillage de bien beaux moments d’apesanteur et de syncope délicieuse. Ce set aura laissé sous la tente l’empreinte d’une troupe de troubadours venus distribuer du rêve et quelques poussières d’étoiles métalliques.
MOLLY HATCHET (15h05 – 15h45 : MAINSTAGE 01 par Le Comte De La Crypte)
MOLLY HATCHET : c'est aussi ça le Hellfest ! Nous donner la possibilité de voir se produire sur scène des légendes du Hard Rock, tendance sudiste pour ces vétérans dont la formation remonte au début des années 1970. Malgré les kilos en plus, ça continue de swinger sur scène : malheureusement, niveau mix, les soli de Bobby Ingram ne sont pas toujours à leur avantage mais, en contrepartie, la basse de Tim Lindsey prend toute son ampleur et dévoile tout son groove. Un bon moment aux couleurs des drapeaux confédérés, que l’on retrouvera bientôt pour leurs compatriotes de LYNYRD SKYNYRD.
GOROD (15h50 – 16h30 : ALTAR)
De retour de l’espace presse après une interview très cordiale avec Monsieur Alex Webster de CANNIBAL CORPSE, je rejoins à nouveau le monde des mortels, bien décidé à voir évoluer les furieux VOMITORY sous la Altar. Quelle ne fut pas ma surprise de voir à leur place les français de GOROD ! Niveau explications, c’est le gros flou. ORIGIN qui devait jouer le samedi à 18 heures a été contraint d’annuler, leur créneau a été repris par VOMITORY. Pour combler le trou, on a donc fait appel à GOROD. Et pour faire simple, on ne perd pas en qualité. Venus défendre leur dernier album, A Perfect Absolution, les Bordelais envoient une bonne soufflante sous la Altar, avec un Death technique, brutal et crédible dont la réputation n’est plus à faire. Il est bientôt 16 heures et aussi étonnant que ça puisse paraître, jamais un groupe tricolore ne jouera aussi tard de tout le festival. La moitié des titres joués seront issus du petit dernier, avec des temps forts, vraiment forts sur « Birds Of Sulphur » et « The Axe Of God ». Impressionnants de maitrise technique, adoptant une mentalité de vrais guerriers, les Français s’appuient sur un jeu de scène huilé et un frontman à la carrure de rugbyman omniprésent. Très différent sur scène de sur album, GOROD est une machine qui écrase tout sur son passage. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés et noircissent considérablement l’espace devant la scène en se défoulant au rythme d’« A Common Hope » ou « Carved In The Wind ». Seul hic du show, un set entériné vite fait mal fait, amputé de « Programmers Of Decline » et « Disavow Your God » dans la confusion générale pour laisser place à DARKSPACE, déjà prêt à entrer en scène. Les fans de GOROD goutent très peu à cet imprévu et rappelleront leurs chouchous pendant dix grosses minutes, empêchant par la même occasion la prestation des Suisses de débuter dans les meilleurs conditions. (7/10)
DARKSPACE (16h35 – 17h25 : TEMPLE)
Après le concert très prenant de GOROD, je regarde mon programme pour constater que j’ai le cul entre deux chaises avec le show d’UNISONIC sur la Mainstage 01 et celui de DARKSPACE sous la Temple. Je décide finalement de rester près des sardines pour assister à un concert qui me sera surement plus familier, celui des coquilles vides de DARKSPACE. Le trio, qui compte dans ses rangs une bassiste magnétique placée au centre de la scène, délivre avec beaucoup d'antipathie son Black Metal avant-gardiste, aérien et psychotrope. L'univers dans lequel s'émerveille le groupe est très peu abordable. Trois chansons seront proposées au cours de ces 50 minutes de set, je vous laisse faire le calcul. Plutôt considéré comme un phénomène de foire que comme un groupe qui vaut le détour, DARKSPACE a surtout attiré les badauds et les curieux. Pour quel résultat ? Une heure de Metal atmosphérique durant laquelle il ne se passe rien, sauf si l'on est sensible à ce genre d'expérimentations. L'engouement se lit sur beaucoup de visages, mais sur le mien c'est surtout de l'ennui. Pourtant, les Suisses ont prouvé a de nombreuses reprises leur implication et leur génie créatif sur album, mais sur scène, c'est une autre histoire. Pas de batteur, aucune communication avec le public, DARKSPACE passe surtout pour un groupe renfermé sur lui-même, proposant un Metal un peu intello susceptible de plaire à ceux qui sont venus au festival avec leur Rubik's Cube. Je ne parlerais pas d'une erreur de casting, mais plutôt d'une douche glacée, surtout placé entre GOROD et BRUJERIA. (4/10)
UNISONIC (16h35 – 17h25 : MAINSTAGE 01)
Au même moment, de l’autre côté du stand de jetons et du bar se tient une performance autrement plus dynamique et plaisante, dans un tout autre genre visuel. Les vestes à patchs se sont multipliées devant la Mainstage 01 où évolue un groupe qui séduira particulièrement les fans de Heavy Metal teuton des années 80 mais, vous allez le constater, pas seulement. Ce groupe, c’est UNISONIC. Trois ans d’existence et un album au compteur. Ok, ça ne force pas vraiment le respect. Mais de savoir qu’à son bord évoluent Michael Kiske (quatre albums au chant avec HELLOWEEN), Kai Hansen (trois albums à la guitare avec HELLOWEEN, deux en tant que guitariste-chanteur avec IRON SAVIOR) ou encore Dennis Ward (10 albums au poste de bassiste avec PINK CREAM 69), ça change la donne. Alors ce show ? Sans surprise, UNISONIC offre un spectacle rafraichissant, emmené par un Michael Kiske volubile et taquin. On peut dire ce qu’on veut, les vieux de la vieille sont heureux de jouer, heureux de faire du Metal et de le partager. On ressent avec eux le plaisir de la scène, d’autant plus que musicalement, les Allemands n’ont pas à rougir de leur statut de « nouveaux venus ». En reprenant en bonus deux titres d’HELLOWEEN (« March Of Time » et « I Want Out »), UNISONIC, grâce à une incroyable fougue pour des articulations supposes rouillées, s’est mis tout le public en poche. Y compris les plus jeunes, dont je fais partie, qui auront eu l’occasion de constater que le Metal qu’ils écoutent actuellement ne serait rien sans les Kai Hansen de l’époque. Seule faute de goût de tout le concert, le pantalon zébré de Kiske. C’est dire si musicalement, UNISONIC était au top ! (8/10)
HEAVEN SHALL BURN (17h30 – 18h15 : MAINSTAGE 02)
Après une petite balade sur le site de Clisson qui m’aura permis de constater que de nombreux sourires barrent les visages des festivaliers, je retourne à proximité de la Mainstage 02 pour suivre de loin la prestation de mes chouchous d’HEAVEN SHALL BURN, tout en restant à proximité de l’entrée de la zone presse pour mon rendez-vous avec Monsieur Frost de SATYRICON à 18 heures. Et quitte à être légèrement pressé par le temps, j’ai tenu à tout prix à voir de mes propres yeux les auteurs de ces quelques tueries que sont « Combat », « Endzeit » ou « Counterweight ». Les amateurs de Deathcore et de Metalcore répondent présent devant les barrières et sont, tout comme moi, totalement excités à l’idée d’entendre en live « we are, we are, we are the final… RESIIIIIISTANCE ! ». Fidèles à leur image soignée, les membres du groupe arrivent en chemises sombres, prêts à en découdre. Ça démarre fort avec « Echoes », l’intro d’Antigone qui découle tout naturellement sur « The Weapon They Fear ». Le son est intense, granuleux et colle totalement au Deathcore massif et robuste que j’ai l’habitude d’entendre sur album. La promo du petit dernier, Invictus, continue d’être effective avec « Combat » mais surtout « The Omen » qui fendent la foule en deux ! Sans oublier « Black Tears », la reprise d’EDGE OF SANITY qui fera son petit effet. Marcus, derrière son visage angélique et sous ses cheveux bien coiffés, braille de sa voix typiquement éraillée. Un frisson. On redécouvre avec plaisir le HEAVEN SHALL BURN engagé et percutant qu’on connaissait déjà. Aucune faute de goût dans leur set, aucune faute d’exécution, le jeu de scène est bien rôdé même si l’engagement physique des musiciens reste plutôt modéré. L’heure tourne et enfin résonne les claviers d’« Awoken », petite instrumentale prenante qui introduit le tube « Endzeit ». Et là, c’est la baston générale dans la fosse ! Ce titre bien connu des fans de Deathcore lobotomise la foule grâce à ses paroles entêtantes et ses riffs en béton armé. Ça y est, j’ai eu ce que je voulais, je peux partir tranquillement rencontrer Frost ! Au moment où je franchis l’entrée de la zone VIP débute « Counterweight ». Bref moment d’hésitation… Mais mieux vaut ne pas être en retard. C’est donc depuis les moniteurs situés à l’accueil de la zone presse que j’assisterai à la fin du show, avec un « Forlorn Skies » sur lequel j’aurai bien aimé taper du pied. Pas de regrets, j’aurais encore une fois eu des souvenirs plein la tête avec ce spectacle placé sous le signe de la « Deutsche Qualität » ! (7/10)
BRUJERIA (17h30 – 18h15 : ALTAR par Le Comte De La Crypte)
Voilà une formation culte sur laquelle je n’avais jamais posé une oreille, mais juste un œil, sur la célèbre pochette de leur premier album, Matando Güeros. Pour moi, BRUJERIA était une formation Grind d’encagoulés mexicains, avec une technicité et un son approximatifs. Force est de constater que je n’étais pas loin de la vérité et pourtant, leur prestation live se révèle assez addictive. Nous n’en attendions pas moins d’un groupe qui met bien souvent à l’honneur dans ses chansons cocaïne et marijuana, et qui a même dédié un single à Pablo Escobar, « El Patron ». Le fait que tous les membres du combo soient masqués renforce indéniablement l’ambiance qui se dégage de leur show et la présence de deux frontmen se renvoyant la balle donne un rendu sacrément Punk à l’ensemble. Le tout s’écoute d’une traite (ou d’une ligne, diront les cocaïnomanes) pour finir sur une reprise de la « Macarena » se transformant, bien évidemment, en « Marijuana ».
NASUM (19h25 – 20h25 : ALTAR)
19h25. La foule massive qui se presse sous la Altar est un signe qui ne trompe pas. Beaucoup abandonnent la prestation de TURBONEGRO sur la Mainstage 02 pour venir assister à la performance des dieux vivants de NASUM. Chaque apparition publique du groupe est une occasion supplémentaire de dire « j’y étais », c’est probablement la raison pour laquelle on comptait énormément de monde au mètre carré. Le nom des Suédois est scandé aussi fort que possible et enfin, ces messieurs font leur apparition pour balancer dans les oreilles des festivaliers leur Grindcore vindicatif et sauvage. Célébrant ici son vingtième anniversaire et rendant une ultime fois hommage à l’inoubliable Mieszko, disparu tragiquement dans le tsunami de 2004, NASUM explose le sonomètre en interprétant avec toute la force qui le caractérise des titres de l’album Human 2.0 ou encore d’Inhale/Exhale, la compo éponyme de ce dernier servant d’ailleurs de conclusion à leur set. Avec Keijo Niinimaa de ROTTEN SOUND (excusez du peu) au micro, les Scandinaves offrent un show carré et bestial, jubilatoire mais malheureusement sans beaucoup de rebondissements. Les solos sont vite torchés et malgré la vingtaine de références présente dans leur set, rien n’est vraiment fait pour détendre une atmosphère oppressante, après une première demi-heure pourtant sympathique. NASUM a certes envoyé les meilleurs titres de son répertoire en ce vendredi soir, mais à moins d’avoir été au cœur de la fosse, parmi les fans les plus hystériques, pas moyen d’apprécier cette claque à sa juste valeur. Au moins, comme beaucoup d’autres, j’aurais pu effectivement dire que j’y étais. (6/10)
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MOONSORROW (20h30 - 21h20 : TEMPLE par Line44)
Quand le Black rencontre le Viking ça donne MOONSORROW mais ça c’est pour les multiples étiquettes qu’on aura encore voulu affubler aux Finnois, mais là où on est sûre de ne pas se planter s’est bien en levant l’écriteau de Pagan Metal, en effet c’est dans la contemplation visuelle qu’on découvrira le folklore vestimentaire et si peut que l’on soit un brin initié au dialecte ancestral de la Finlande on aura plein les mirettes et les oreilles des contes et légendes des blondinets baraqués qui font une forte impression en habitant la scène de toute leur prestance. Je serais brève dans le récit de leur set car tout se résume en trois mots « propre, net et précis », bravo messieurs. Sur ce je me réserverai bien un billet pour la Finlande moi…
LYNYRD SKYNYRD (20h30 – 22h00 : MAINSTAGE 01 par Le Comte De La Crypte)
Et voilà un autre classique ! Que l’on aime ou l’on n’aime pas le Rock sudiste, la découverte de LYNYRD SKYNYRD n’est pas une option mais une obligation. Et l’on remonte encore un peu plus le temps puisque ce groupe a été fondé en 1964 ! Les Floridiens assurent le show avec décontraction, et chewing gum au bec pour le chanteur Johnny Van Zant (frère du chanteur original, tragiquement décédé lors d’un accident d’avion en 1977). Si vous ne connaissez pas le combo, vous connaissez sûrement des tubes tels que « Sweet Home Alabama » ou « Free Bird », qui figuraient d’ailleurs au générique d’autres classiques comme Forrest Gump, et qui feront bien évidemment partie du set, pour le plaisir du public présent aujourd'hui.
CANNIBAL CORPSE (21h25 – 22h25 : ALTAR) | Lire l'interview d'Alex Webster
On entrevoit doucement la fin de cette première très belle journée avec le départ de la scène Temple des Finlandais de MOONSORROW pour voir dans la foulée l’étendard des ricains de CANNIBAL CORPSE se mettre en place. L’ambiance bleutée des Scandinaves s’est éclipsée pour laisser place au rouge brûlant des spots de nos cannibales préférés. Et la foule ne s’y est pas trompée. Placé à cheval entre LYNYRD SKYNYRD et les DROPKICK MURPHYS, la tuerie programmée de 21h25 à 22h25 a en effet attiré une foule très dense devant la Altar. Tous sont venus voir une valeur sûre et inusable de la scène Death Metal mondiale et l’espace vital se fait vraiment rare dans le pit, presque autant que l’oxygène. Et enfin ils arrivent. Décoiffés, énervés, très loin de l’image décontractée et sereine véhiculée quelques heures plus tôt dans l’espace VIP pour les interviews. Le concert démarre avec « Demented Agression » de l’album Torture et déjà l’ambiance sur et autour de la scène est survoltée. George Fisher, du haut de son presque double-mètre gargarise avec splendeur derrière un micro enroulé autour des poignets. Sans l’ombre d’un doute, CANNIBAL CORPSE est une légende. Les Américains nous offrent une fois de plus l’occasion de s’en souvenir, en couvrant pendant une heure près d’un quart de siècle de carrière. Et si les classiques (« I Cum Blood », « Hammer Smashed Face » ou « Stripped, Raped And Strangled ») font toujours leur effet, c’est un petit nouveau, lui aussi tiré de l’album Torture qui aura suscité les réactions les plus enthousiastes de la foule. Le mid-tempo très lourd et suffoquant de « Scourge Of Iron » aura eu raison de notre pression artérielle. De tous les groupes de Death qui se succèderont sous la Altar durant ce week-end, pas un n’aura eu l’aura de CANNIBAL CORPSE. Des légendes vous dis-je ! (7/10)
SATYRICON (Vendredi 22h30 – 23h30 : TEMPLE) | Lire l'interview de Frost
Autre moment fort de cette journée, le show de SATYRICON sous la Temple. Malgré l’arrivée imminente de Mustaine et des siens sur la Mainstage 01, une foule compacte s’est là encore amassée devant la scène. Tout l’intérêt de voir les Norvégiens réside évidement dans l’approche novatrice qu’ils ont du Black Metal, ouvertement Rock N’ Roll dans les derniers albums. Satyr et ses copains ont fait le choix de couvrir la majorité de leurs références discographiques, sans oublier le petit dernier, The Age Of Nero représenté par « Black Crow On A Tombstone » et « The Wolfpack ». Les grands succès du duo seront également de la partie avec « Now, Diabolical », « K.I.N.G » et « Fuel For Hatred ». Visuellement, le show est très intéressant. Satyr est omniprésent, seul derrière son micro. Son timbre éraillé résonne parfaitement au rythme des frappes de batterie chirurgicales de Frost. Il est d’ailleurs amusant de constater à quel point ce batteur est fluide dans ses mouvements et survolté alors qu’en interview, un blizzard glacé se dégage de ses yeux perçants et de son visage cireux. Accompagnés sur scène par Gildas, Victor et Steinar, le duo propose un spectacle de qualité, loin du côté popisant et bon marché véhiculé dans leurs dernières compositions en date. Leurs longues chevelures tourbillonnent en cadence au rythme de « Repined Bastard Nation ». Pas un cheveu ne sort de l’axe, c’est dire si la chorégraphie a un certain vécu. Exactement à l’image de la formation qui, fidèle à sa stature de pilier du Black Metal norvégien bien qu’ayant évolué sur le sujet, offre aux festivaliers une performance plus qu’efficace et mémorable à tous les niveaux. (8/10)
MEGADETH (23h10 – 00h40 : MAINSTAGE 01 par Le Comte De La Crypte)
A croire aussi que c'est l’un des incontournables du Hellfest : la déception de la tête d’affiche. Car c'est en effet avec un certain enthousiasme, et même un enthousiasme certain, que je m’apprêtais à revoir sur scène un groupe pour lequel j’ai un attachement particulier puisque ce fut mon premier concert Metal, lors de leur tournée pour la promotion de Youthanasia. Malheureusement, le show fut bien terne avec un Dave Mustaine en peine question voix et des musiciens particulièrement statiques, au point que la Mainstage paraissait trop grande pour eux. Un peu d’enthousiasme que diable ! J’ai eu le sentiment d’assister à un groupe en répét’, sans motivation. Même « Holy Wars » tombe à plat… Est-ce bien du Thrash ? Ce n’est pourtant que le troisième morceau interprété, mais me voilà suffisamment déçu pour m’éloigner de la Mainstage. Heureusement, ses lettres de noblesse seront redonnées au genre dès le lendemain avec les prestations exceptionnelles, n’ayons pas peur des mots, de DEATH ANGEL et MACHINE HEAD.
OBITUARY (23h35 – 00h35 : ALTAR)
Après le show flamboyant des Norvégiens, arrive sur scène un tout autre type de combo. Référence mondiale du Death Metal, fort de huit albums studio et 24 années d’activité, OBITUARY entre en piste à 23h35 pétantes ! Quelques personnes iront alors spontanément vers la Mainstage 01 où se produit MEGADETH depuis déjà une demi-heure. La foule est légèrement plus clairsemée et ce n’est pas plus mal pour la visibilité. Nos papys font alors ce qu’ils savent faire de mieux, du Death old-school ! Sans prise de tête, sans réelles surprises également, John Tardy et les siens paraissent curieusement détachés et absents. Des titres de l’excellent World Demise de 1994 sont pourtant joués, et c’est comme s’ils réalisaient soudainement que 18 ans se sont déjà écoulés. Puissant mais pas pêchu pour un sou, le concert parait subitement interminable après le virage emprunté par un « Evil Ways » plus qu’anecdotique. Leurs longues chevelures s’agitent pourtant au rythme de riffs vieillots mais rien à faire, je ne sais pas si c’est un problème de génération ou de fatigue, mais je ne vois rien de bien consistant à retenir de ce qui m’est apparu physiquement comme l’heure la plus éprouvante de la journée. (6/10)
KING DIAMOND (00h45 – 02h00 : MAINSTAGE 02 par Le Comte De La Crypte)
C'est sous la pluie et à une heure tardive que les Danois se produisent sur scène, mais finalement leur show va y gagner en ambiance. Le King nous avait déjà mis les petits plats dans les grands avec un décor des plus théâtraux, qui n’est pas sans nous rappeler ALICE COOPER, en moins grandiloquent sans doute, et avec plus de gravité. Le King revient de loin, après une hernie discale et surtout un triple pontage coronarien, et pourtant son timbre de voix est toujours aussi juste et fascinant. C'est aussi l’occasion de voir sur scène une autre figure du Metal, en la personne du guitariste/producteur Andy Larocque. Que du bonheur donc : nous avons même droit au « Come To The Sabbath » de MERCYFUL FATE, repris en chœur par un public malheureusement clairsemé. Les morceaux donnent lieu à des saynètes interprétées par Jodi Zachia, tantôt grand-mère grabataire sur « Welcome Home », sorcière sur « Voodoo » et « Eye Of The Witch », ou en mère tragique d’Abigail… Et dans la rubrique people, sachez que c'est la femme du King, Livia Zita, de 29 ans sa cadette, qui assurait les chœurs, ce qui me fait dire pour conclure cette journée, comme elle n’a pas commencé, que pour le King, ce n’est pas forcément dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes.
AMON AMARTH (00h45 – 02h00 : TEMPLE)
Nous sommes désormais présents depuis une grosse quinzaine d’heures sur le site de Clisson, les jambes en purée mais le moral au beau fixe. Cette grande et belle première journée est en passe de s’achever avec une des formations les plus appréciées du public. AMON AMARTH. Ça sonne un peu comme un label qualité non ? Et même si les Suédois sont habitués des scènes françaises, à tel point que de mettre en place une carte fidélité ne serait pas une mauvaise idée, c’est toujours avec beaucoup de satisfaction qu’on se prend une bonne claque dans la tronche et un coup de drakkar dans le fion. Alors bon, de quoi il en retourne cette fois ? Du classique. « Runes To My Memory », « Cry Of The Black Birds », « The Fate Of Norns », « The Pursuit Of Vikings ». Tous les grands standards du répertoire d’AMON AMARTH sont interprétés, sans aucune faute d’exécution. Le jeu de scène des messieurs est huilé comme une rutilante mécanique. Johan Hegg propose un show brulant de par son physique hors-du-commun et sa voix chaleureuse, accompagné par la vista et la classe de ses compagnons de galère, parmi lesquels un Fredrik Andersson très en bras derrière ses fûts. Le son craché par les amplis est d’une force impressionnante. Le cœur tambourine aux rythmes de ces hymnes de Death mélodique sauvage et caustique, interprétés avec une aisance déconcertante et décorés d’un spectacle pyrotechnique du plus bel effet. Les Suédois n’ont absolument aucun mal à assumer leur statut de tête d’affiche et gèrent leur temps de parole avec l’expérience propre aux vieux briscards, achevant ce vendredi de la plus propre des manières. (7/10)
Bilan du Vendredi 15 juin 2012
Cette première journée se termine donc de la plus propre des manières. L’équipe de Metal-Impact aura été présente sur le site de Clisson depuis 10 heures du matin et aura eu le loisir de constater pendant les seize heures de concerts que comptait ce vendredi toute l’étendue des progrès réalisés par l’institution Hellfest. 52 groupes de tous âges (de BETRAYING THE MARTYRS à LYNYRD SKYNYRD) et de tous horizons (des Mexicains de BRUJERIA aux Islandais de SOLSTAFIR) se seront succédés sous les six scènes du site. Metal-Impact a compilé pour vous les moments marquants de cette première journée.
- L’ouverture du festival réussie faite par les très critiqués BETRAYING THE MARTYRS sur la Mainstage 02, qui introduisaient pour l’occasion leur nouveau batteur, Mark Mironov.
- Le remplacement de VOMITORY au pied levé par les excellents GOROD sous la Altar, qui sera d’ailleurs le groupe français à jouer le plus tard de tout le festival, aux environs de 16 heures.
- La reprise du « Black Tears » d’EDGE OF SANITY par HEAVEN SHALL BURN.
- Le show flamboyant, au sens propre comme au figuré, d’AMON AMARTH pour conclure ce premier jour avec force et fracas.
C’est désormais une bonne mais courte nuit de repos qui attend les membres de l’équipe. Dès demain, il nous faudra être sur le pied de guerre pour guetter attentivement tous les détails qui vous auront échappés. Et que vous pourrez retrouver ci-dessous.
Samedi 16 juin 2012
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ORANSSI PAZUZU (12h15 – 12h45 : TEMPLE par Line44)
Quelle ne fut pas ma surprise devant la scène de la Temple (où j’ai décidément élut domicile) d’assister à cette étrange messe des ORANSSI PAZUZU. Ne m’étant absolument pas préparée à ce qui allait suivre je prenais donc place naïvement pour mon premier concert de cette deuxième journée en enfer. Confiante puisque devant ma scène préférée je tendais une oreille attentive au démarrage des Finlandais. Je crois que je ne suis jamais passé par autant d’émotions aussi diverses lors d’un live et ce n’est pas la lecture du résumé contenu dans le mini-guide du Hellfest qui pouvait m’y préparer car même si tout se résumait à l’adjectif « novateur » il fallait le voir pour le croire, l’entendre plutôt.
ORANSSI PAZUZU nous a donc délivré un Black Metal Psychédélique aux bizarreries farfelues m’ayant fait passer du sourire (pour le côté complètement déjanté) à la bouche ouverte (pour le côté originalité technique) et tout ça sans me choper des maux de tête, pas simple pourtant quand on est brassé à tout va. On oscille entre des accords très bruts du Black Metal et des instrumentations aériennes frôlant le fond sonore des salles d’attente si l’on ôte le chant OF COURSE. Le Black a mis au monde un bien drôle d’Alien ou a dû s’essayer à une expérience de mutation abracadabrante.
A l’écoute de cette mixture de sons divers et variés on se dit que les garçons ont dut se poêler ou alors ils ne vivent pas sur la même planète que nous. Et bien il suffit de les voir d’un peu plus près pour finalement se résoudre à l’évidence, nous ne le saurons jamais. Attitude détachée, capuche noire en guise de couvre-chef ça n’a pas du tout l’air de les faire marrer d’être là, qu’à cela ne tiennent ils nous délivrent tout de même une démonstration de qualité et une mise en bouche alléchante. Groupe à suivre avec attention.
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NECROS CHRISTOS (13h35 – 14h15 : TEMPLE)
Après une nuit plus que reposante et une bonne tranche de rigolade à l’heure des croissants avec un poivrot irlandais furieux de la perte de ses clefs de camion dans sa chambre d’hôtel (le bougre les avait en fait enfermées dans l’habitacle de sa machine), la joyeuse troupe de Metal-Impact retourne sur le site de Clisson pour participer activement à cette deuxième journée de festivités. Après avoir assisté de loin à la performance de GAMA BOMB puis plus activement à celle d’ORANSSI PAZUZU, nous décidons de rester sous la Temple pour assister au show de NECROS CHRISTOS. Et c’est peu dire que ces Allemands ont divisé. D’un côté, il y avait les « anciens », admiratifs devant la puissance et la lourdeur de ce combo de Black / Death / Doom germanique. De l’autre, les nouveaux (moi seul en réalité), dubitatif quant à la qualité du set proposé et par l’incroyable manque de communication de ces statues de cire, vêtues pour l’occasion de leurs habituels costumes brodés d’or. Profondément enraciné dans un trip antichrétien et un peu blasphémateur sur les bords, le quatuor joue en se jouant du public. Aucune émotion, aucun contact, un spectacle très carré mais statique à mourir d’ennui. 40 minutes d’un Black lent, peu entreprenant. Quelques titres du dernier album, Doom Of The Occult, seront proposés sans pour autant déclencher la transcendance dans la fosse. On n’aurait même pas le temps de se péter une vertèbre tellement ça avance lentement. Au final, un concert pas foncièrement mauvais techniquement mais sans aucune animation et qui ne donnera nulle envie aux néophytes de se plonger dans leur riche discographie. (5/10)
STEEL PANTHER (13h35 – 14h15 : MAINSTAGE 01 par Le Comte De La Crypte)
Voici le Glam et son autodérision sous couvert d’autosatisfaction. Deuxième album seulement pour les Californiens mais ils maîtrisent déjà parfaitement le langage Glam : « Montrez-moi vos nichons », « Montrez-moi vos chattes » (en français dans le texte), « Même quand on ne joue pas, on est les meilleurs »… Total délire donc, ce qui ne les empêche pas de délivrer des titres (de bon goût : « Asian Hooker ») sympas et accrocheurs. Du Glam, quoi.
DEATH ANGEL (14h20 – 15h10 : MAINSTAGE 02 par Le Comte De La Crypte)
Interview de DEATH ANGEL (usa) - Mark Osegueda (Juin-2012/VF-EV)
Il n’était pas dit que ce samedi serait celui de la Révélation, et pourtant…
J’avais déjà assisté à un concert de DEATH ANGEL au Hellfest il y a de cela quelques années et si j’avais trouvé leur Thrash sympathique, ils ne m’avaient pas laissé un souvenir impérissable. En cette édition 2012, c'est une véritable déferlante made in Bay Area que je me prends dans la tronche. Et pour cause : le combo fête les 25 ans de la sortie de leur premier album et décide pour l’occasion d’interpréter dans son intégralité The Ultra-Violence. Quelle claque mes amis ! Avec des musiciens énergiques et un son au diapason. On pense aux premiers METALLICA et MEGADETH, à EXODUS, ANTHRAX, SACRED REICH… Tout cela pour le prix d’un seul : DEATH ANGEL. Avec une mention spéciale pour l’instrumentale « The Ultra-Violence » et ses dix minutes au compteur. Le genre de concert à marquer d’une pierre blanche, mais n’allez pas croire que la messe est dite, car cette journée nous réserve encore de belles surprises.
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AVULSED (Samedi 14h20 – 15h10 : ALTAR)
Arrive enfin un des moments les plus attendus de ce début d’après-midi avec l’entrée en scène des Espagnols d’AVULSED. Et définitivement, il n’y a pas d’endroit plus approprié pour eux que la Altar. Parce qu’AVULSED, c’est le Death gore dans son plus simple appareil. Pour l’évènement, la troupe de cochons viendra présenter son nouveau batteur, Osckar (AKRATOS et ex-HIDDEN CITY) pour qui ce sera ses grands débuts avec ses petits camarades. Sobre et poilue, la musique des Hispaniques déchainera l’ouragan dans la fosse. Les slams se multiplient aux rythmes de compositions comme « Powdered Flesh », « Devourer Of The Death » ou l’énorme « Exorcismo Vaginal ». Le son est horriblement crade mais ça colle plutôt bien avec le bain de pisse et de sang avec lequel nous aspergent ces mecs, très réactifs et très dynamiques. Leur prestation dure cinquante minutes, c’est juste la bonne durée avant de passer à l’écœurement. AVULSED maitrise son Death et il convient de donner tous nos encouragements à Osckar pour sa prestation nette et sans bavures derrière les fûts. En attendant un nouvel album… (7/10)
SHINING (18h50 – 19h15 : TEMPLE par Line44)
L’étrangeté qui m’attire chez SHINING m’aura bluffé pour la toute première fois en live, de la même manière que le jour où j’ai découvert ce groupe Suédois. Avant-gardiste en matière de Black Metal sans aucun doute ils le sont et complètement perchés aussi. A l’amorce du show l’atmosphère est déjà chargée d’une lourdeur enivrante et ce n’est pas uniquement dû à l’usage de la double pédale commune au genre, mais bien aux vocalises possédées de provocateur leader Niklas « Kvarforth » Olsson (chant). Tantôt chargée de haine, tantôt d’une dépressive douceur sa voix n’aura de cesse de tenir en haleine ceux qui comme moi rêvaient d’approcher d’un peu plus près l’emblématique front-man. La qualité du son et de la prestation n’entachera évidemment pas le bonheur de réentendre certains titres phares du groupe mythique, mais là où ils auraient pu se contenter de limiter les risques et se la jouer prudent certaines épreuves du dernier album « VII – Född Förlorare » se glisseront aisément dans le set prouvant une fois de plus que le combo a sous le coude une bonne dose d’ingéniosité et d’inspiration à exploiter.
La marée humaine qui s’est amassée devant la scène se tordra le cou sans répit dans un mimétisme des musiciens captivés eux-mêmes par leur jeu.
La chaleur, la poussière brassée par les godillots en tous genres des festivaliers, la sueur et les vapeurs frénétiques d’excitation contenue ne viendront aucunement perturber le spectacle auquel nous assisterons en ce samedi après-midi, bien au contraire.
Comme beaucoup, j’en suis sûre, j’aurais été bien incapable en fin de prestation de vous dire combien de morceaux avaient défilé tant le plaisir fut intense et trop court à la fois.
Un concert à la hauteur du charismatique SHINING, mais qui aurait toutes fois mérité peut-être bien plus qu’une tente parasitée par les balances incessantes des futurs artistes à venir.
EDGUY (Samedi 19h45 – 20h45 : MAINSTAGE 02)
Il est maintenant pas loin de huit heures du soir et je ne sais pas pourquoi, mais je retiens surtout du concert des Allemands d’EDGUY la lumière magnifique émise par le soleil couchant sur Clisson. Sur scène, c’est une toute autre lumière qui brille. Celle du Heavy / Power Metal chatoyant d’EDGUY. De l’autre côté, sous la Altar, joue ABORTED. Un de mes groupes favoris. Et je ne sais pas quelle mouche m’a piqué, mais j’ai été tellement absorbé par le spectacle rafraichissant de la bande à Sammet que j’en ai oublié de faire les quelques mètres de marche nécessaires pour voir Svencho performer les titres de Global Flatline. C’est dire si ce début de soirée était placé sous le signe de la révélation. Du haut de ses quatorze années de métier et de dix albums, les teutons font ce qu’ils savent faire de mieux : le show. Avec en prime beaucoup de blabla entre les chansons. Je reste persuadé que si Tobias Sammet avait bouclé son claque-merde un peu plus souvent, on aurait pu avoir droit en bonus aux « Mysteria » et autres « The Pipe Never Dies », au lieu des neuf titres joués en une heure. Qu’importe, le spectacle aura été plus qu’à la hauteur de leur réputation, avec une énergie positive émanant de la scène sur laquelle s’éclatait un Jens Ludwig (guitare) hilare du début à la fin. Ça fait réellement plaisir de voir ça, même si ce sont probablement des sourires commerciaux estampillés « Colgate ». On a déjà eu droit à tant de choses sombres, surtout du côté des tentes pendant ces deux premiers jours que le concert d’EDGUY, tellement Rock N’ Roll, égaye considérablement les pensées. L’hyperactif Tobias Sammet chante avec beaucoup de classe derrière un foulard et des lunettes de soleil rouge feu, communiquant énormément avec son public et organisant même une sorte de « battle » entre les fans placés à droite de la scène et ceux placés à gauche. Musicalement, EDGUY a de la bouteille, c’est évident. Et l’interprétation de tubes Heavy comme « Nobody’s Hero », « Robin Hood » ou la claque « King Of Fools » avec ses claviers lunaires en final renforce encore un peu plus cette impression. Je n’ai absolument aucun regret d’être resté et d’avoir zappé ABORTED, tant les Allemands m’ont laissé un souvenir je pense impérissable. (9/10)
WITHIN TEMPTATION (Samedi 20h50 – 22h05 : MAINSTAGE 01)
Après une après-midi d’interviews et un concert d’EDGUY épique, je n’aurais de cesse de le répéter, je continue à faire cavalier seul devant les Mainstage, vraiment pas du tout excité par le Metal bal-musette d’IN EXTREMO sous la Temple. Il est neuf heures en ce samedi soir et d’habitude, cette tranche horaire de la semaine est plutôt consacrée au suivi de la Ligue 1. Les starlettes du ballon rond sont en trêve estivale et ça tombe bien, ça me laisse tout le loisir de suivre WITHIN TEMPTATION. Je me rappelle encore de ma période Sharon Den Adel, sujet principal de mes pulsions nocturnes. Et la voilà en chair et en fesses, à quelques encablures à peine de mon entrejambe. Et si la musique du combo a vraiment mal vieilli, la belle n’a rien perdu de son joli minois. En ce qui concerne la performance musicale, je dois vous dire que la polémique qui a touché leur passage sur la Mainstage 01, surtout après un album aussi détestable que The Unforgiving, est pleinement légitime. Les dix-quinze premières minutes du concert lui sont justement consacrées, avec l’enchainement entre « Shot In The Dark », « In The Middle Of The Night » et « Faster ». On retrouvera aussi « Fire And Ice », « Sinéad », « Iron » et « Where Is The Edge », soit sept chansons sur quatorze jouées ce soir. C’est ce qui s’appelle faire de la promo ! Heureusement, dans ce set faiblard et soporifique que même la voix cristalline de Sharon n’arrive pas à faire décoller, on retrouve du WITHIN TEMPTATION plus traditionnel avec un « Angels » totalement subjuguant et un « Mother Earth » pas déplaisant dans sa version live. Mais avec des samples qui n’ont pas cessé de hacher cette prestation, deux petits films diffusés sur les écrans géants entre les chansons et des musiciens visiblement peu impliqués, comment peut-on décemment penser que les Néerlandais avaient leur place à une heure si avancée de la journée ? Voilà juste une preuve supplémentaire qu’ils filent mauvais coton. (4/10)
NAPALM DEATH (Samedi 21h45 – 22h45 : ALTAR)
NAPALM DEATH ou MACHINE HEAD ? MACHINE HEAD ou NAPALM DEATH ? Je crois qu’il n’y avait pas de choix plus facile à faire parmi la soixantaine de possibilités réparties sur 72 heures de festivités. Ce sera Barney. Parce que chaque fois que mon estimé collègue Mortne2001 en parle, je vibre avec lui. Parce que ses live reports promettent à chaque fois une expérience visuelle et auditive unique. Parce que je voulais voir ça de mes propres yeux. Le sentiment qui m’habite me rappelle les quelques secondes qui précédaient l’apparition publique de NASUM la veille. Mais le show n’aura rien à voir. Barney est divin dans son costume de chien fou, arpentant la scène dans tous les sens et peinant à maitriser ses convulsions. Le son n’est pas des plus parfaits mais NAPALM DEATH sait y remédier. Le Grind / Death névrosé des anglais nous pénètre profond et sans vaseline, déchirant toutes les muqueuses qu’il trouve sur son passage. C’est un concert dégueulasse, complètement fou et frénétique. Et c’est ça qui est bon. Barney et les siens interprètent pour l’occasion beaucoup de titres de leur petit dernier, le bien nommé Utilitarian, parmi lesquels l’instrumentale « Circumspect » pour débuter, mais également « Errors In The Signal », « Protection Racket », « The Wolf I Feed » ou « Quarantined ». Après une courte interruption suite à un problème technique sur « Silence Is Deafening », le show repart et s’emballe. Le quatuor jouera tour à tour les incroyables « Deceiver », « Suffer The Children », « Nazi Punks Fuck Off », « Scum » et « You Suffer » pour une grosse heure de Grind exécuté à une vitesse surréaliste, sans aucune pitié pour la foule ultra-condensée regroupée devant les planches. Maintenant que je sais un peu mieux de quoi il en retourne en live, je n’hésiterai pas à raconter cette rencontre inoubliable à mon éventuelle progéniture. Leur papy aura vu Johnny de près et leur père NAPALM DEATH. Si ça c’est pas beau… (7/10)
MACHINE HEAD (22h10 – 23h25 : MAINSTAGE 02 par Le Comte De La Crypte)
En cette journée de samedi, je m’étais déjà pris une claque avec DEATH ANGEL. En bon chrétien, je tends l’autre joue pour m’en prendre une autre belle par MACHINE HEAD. Un habitué du Hellfest puisqu’ils étaient déjà là en 2007 et 2009. Rien qui ne pouvait pourtant me préparer à ça. Un concert d’une puissance inouïe, d’une technicité sans faille, avec un son à se damner. A plus d’une reprise, j’ai failli me précipiter dans la fosse pour livrer mon corps aux dieux du Metal, mais je restai tétanisé par le concert auquel j’assistais. Même les morceaux plus longs conservent une réelle incandescence en live. N’ayons pas peur des mots : un des meilleurs concerts qu’il m’ait été donné de voir dans ma vie de métalleux.
ENSLAVED (Samedi 22h50 – 23h50 : TEMPLE)
La nuit tombe lentement sur Clisson et, on le sait, les groupes les plus réputés commencent à entrer en scène. L’atmosphère est fraîche à l’extérieur mais sous les tentes, c’est la fournaise. Et pour cause, NAPALM DEATH vient d’achever son concert. C’est désormais l’heure d’un autre gros morceau de ce samedi soir, à savoir les Norvégiens d’ENSLAVED. Et comment le dire clairement ? Ces mecs ont la classe. Ils investissent les planches peu avant onze heures pour nous coller à terre pendant soixante grosses minutes. Avec pas mal de titres de leur dernier album en date (Axioma Ethica Odini) d’interprétés, parmi lesquels « Ethica Odini », « Raidho » et « Giants », les Norvégiens assurent à la fois promotion et show grandiose. Le côté glacial et progressif de leur Black Metal est diffusé à la perfection sous les tentes, grâce notamment aux claviers équilibrés et aux chœurs d’Herbrand Larsen. Beaucoup de lumières et un Grutle en forme olympique viennent faire chavirer de bonheur un pit tout acquis à leur cause. Le public était conquis d’avance, mais c’est peu dire que la prestation jouée sous leurs yeux aura décuplé leur amour pour ENSLAVED. Avec « Ruun », « Ground » ou l’improbable reprise d’« Immigrant Song » de LED ZEP’, les Norvégiens auront fendu le ciel d’un coup de marteau direct dans nos tempes. De ce Black là, on en redemande forcément ! (8/10)
ENTOMBED (Samedi 23h55 – 00h55 : ALTAR)
L’air est encore brulant après la performance d’ENSLAVED que commence déjà le set des légendes Suédoises d’ENTOMBED. Malgré la foule immense qui s’est pressée devant la Mainstage 01 pour voir le roi des clowns, Axl Rose, et ses troubadours de GUNS N’ ROSES, la Altar reste vraiment bien garnie et pour cause, ce n’est pas n’importe qui sur scène. ENTOMBED, 23 ans d’activité, neuf albums au compteur, c’est une référence. Et c’est bien pour ça qu’on reste ! Une fois encore, c’est la claque. Avec des morceaux comme « Stranger Aeons », « Left And Path » ou « Damn Deal Done », les Scandinaves n’ont aucun mal à se mettre le public dans la poche, eux qui interprètent ici ni plus ni moins que les standards du Death Metal suédois. Armé d’une bouteille de whisky, Petrov vocifère de sa voix la plus caverneuse ses textes mortifères. Effet garanti, d’autant plus que Nico et Alex ne se privent pas pour débiter les riffs les plus compacts de leur riffothèque. Le rendu sur scène est excellent, on retrouve sans difficultés la patte « Death N’ Roll » présente sur leurs albums. Malgré ça, on regrettera évidement l’absence de chansons comme « Seeing Red », « Serpent Saints » et « Masters Of Death ». Il fallait faire un choix, ENTOMBED l’a fait. Et puis après tout, en finissant sur un « I For An Eye », le même que celui qui succède à « Chief Rebel Angel » sur Morning Star, on ne pouvait qu’être clément. (7/10)
BEHEMOTH (Samedi 00h45 – 02h00 : TEMPLE)
Il se fait désormais tard et, peu enclins à quitter les tentes après bientôt trois heures de squattage, nous restons pour assister d’une oreille attentive à l’ultime prestation de la journée signée BEHEMOTH. Avec les récents évènements malheureux qui ont frappé Nergal, la Temple à une heure du matin, c’était « the place to be ». La température continue de grimper, la faute aux nombreux effets pyrotechniques qui accompagnent l’arrivée de « Ov Fire And The Void ». Nergal, Orion, Seth et Inferno entrent en scène, dans leurs costumes traditionnels et défoncent littéralement tous les anus de la foule un par un. Ce Black / Death belliqueux, martial et violent ne laissera personne insensible dans la fosse. BEHEMOTH effectue à la perfection ses titres phares. « Demigod », « Moonspell Rites », « Conquer All » s’enchaînent sous un jeu de lumières infernal, virant du bleu au rouge feu. Heureux d’être en vie, heureux de poursuivre sa lutte acharnée contre les religions, Nergal profite pleinement de chaque seconde, communiquant brièvement avec le public, mais surtout, ne perdant pas une miette de la mer de doigts pointés qui s’offre à lui sur simple demande. Et bien que ce spectacle soit terriblement classique, avec l’interprétation de leurs compositions les plus inusables, l’effet BEHEMOTH est bel et bien présent, malgré la maladie, malgré les déconvenues qu’offre parfois cette chienne de vie. Une leçon de courage, avant d’être une leçon de musique. (7/10)
Bilan du Samedi 16 juin 2012
Clap de fin pour ce deuxième jour. Riche en surprises, en rebondissements, en imprévus et en découvertes, ce samedi aura été l’occasion de revoir des têtes bien connues (Axl Rose des GUNS N’ ROSES, Sharon Den Adel de WITHIN TEMPTATION, Nergal de BEHEMOTH). En ce qui concerne Metal-Impact, l’équipe aura été présente aux aurores pour couvrir une grande majorité des 51 concerts proposés. Voici pour vous les quelques temps forts de cette journée :
- La défection surprise des Espagnols d’HAEMORRHAGE, victimes d’un retard d’avion.
- La première sous le maillot AVULSED pour Osckar derrière les futs.
- DEATH ANGEL qui réinterprète intégralement The Ultra-Violence sorti en 1987 sur la Mainstage 02 pour fêter son vingt-cinquième anniversaire.
- Le remplacement d’ORIGIN par les Suédois de VOMITORY sous la Altar aux environs de 18 heures.
- L’incroyable blabla de la pipelette Tobias Sammet (EDGUY) pris directement sur le temps de jeu du groupe, qui aurait eu le temps de jouer deux morceaux supplémentaires.
- La polémique WITHIN TEMPTATION concernant son passage tardif sur la Mainstage 01 pour y défendre un album plus que controversé, que certains ne rangeraient même pas dans la catégorie « Rock ».
- La panne technique qui interrompt de longues minutes le concert de NAPALM DEATH après « Silence Is Deafening ».
- Le carburant de Lars-Göran Petrov fièrement exhibé sur scène. Le chanteur d’ENTOMBED est monté sur les planches armé de sa bouteille de Jack Daniel’s.
- Le retour triomphal en France de BEHEMOTH en cette année 2012, après l’épisode malheureux de la maladie de Nergal.
- Axl Rose et les GUNS qui arrivent sur scène à l’heure.
Nous sommes donc déjà arrivés aux deux-tiers de cette édition 2012 du Hellfest. Les satisfactions sont de plus en plus nombreuses et une large banane fend les visages des festivaliers. La belle journée de dimanche qui s’annonce envoie l’équipe de Metal-Impact au lit totalement sereine, bien prête à en découdre avec les artistes pour ce dernier jour de festivités qui, vous le verrez, sera elle aussi riche en émotions.
Dimanche 17 juin 2012
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AOSOTH (11h05 – 11h35 : TEMPLE)
C’est déjà le dernier jour de cette bouffée d’oxygène dans une année compliquée pour pas mal de gens. Alors avant de reprendre le métro, le boulot et le dodo, place à la vraie détresse en cette chaude matinée avec les Français d’AOSOTH. Emmené par sa tête pensante, MkM, tout de noir vêtu, le combo Francilien distille son Black légèrement brutal avec une force et une volonté incroyable pour l’heure pourtant matinale et devant un parterre de fans plutôt clairsemé. Qu’importe, en interprétant avec beaucoup de maitrise les « Cries Out Of Heaven » et autres « Songs Without Lungs » issus de leur second album, Ashes Of Angels, les membres d’AOSOTH continuent de prouver que le Black Metal est une science sérieuse. Très à fond dans leurs personnages, les musiciens prennent à peine le temps de remercier le public après un concert solide et techniquement carré. Ce Black Metal est sobre mais c’est ce qui fait son efficacité. On retrouve avec grand plaisir un MkM engagé dans sa passion, engagé dans sa musique et dont les bras couverts de cicatrices forcent le respect d’un art physiquement vécu. Surement pas une prestation de haut-vol, mais une valeur sûre qu’il fait toujours bon de revoir, tant l’authenticité transpire en eux. (7/10)
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DO OR DIE (11h40 – 12h10 : MAINSTAGE 02) | Lire l'interview de Chris Michez et Stephane Frocheur
Midi approche déjà et avec lui, un des moments que je n’aurais raté pour rien au monde. Le concert des Belges de DO OR DIE sur la Mainstage 02. Pourquoi ? Il faut remonter à la veille pour le savoir. 30 minutes de bonne grosse rigolade avec ses deux chanteurs, Chris et Steph en interview dans l’espace presse. Ce Hardcore traditionnel à deux voix, qui m’avait l’air si fade et renfermé sur album est vendu de manière tellement sympathique par le duo qu’il me fallait voir ça de plus près. Et DO OR DIE est aussi cool sur scène qu’en interview, je peux vous le garantir ! Et encore, que ça me plaise à moi n’est pas vraiment un signe de qualité, étant donné que je vibre facilement sur du Hardcore. Mais que notre cher patron, plutôt du genre vieux con, admette facilement qu’il a bien accroché à la performance de ces mecs, ça c’est un gage de fraicheur ! Chris et Steph se renvoient en permanence la balle, le premier dans un registre vraiment sauvage, le deuxième plus dans la mouvance Hardcore avec un grain de Hip-Hop dans le timbre. Et ça marche ! Défendant avec courage son petit dernier, le pourtant médiocre The Downfall Of The Human Race, le combo me ferait presque changer d’avis, avec l’exécution massive et groovy de ses compositions les plus intenses. Ils ne font que confirmer en ce dimanche matin leur très bonne réputation scénique avec une activité jubilatoire et en prime, un bon gros Wall Of Death des familles. L’esprit de famille qui leur est si chère dégouline de la scène où se côtoie avant tout une bande de potes, généreusement réhydratés de Jägermeister en plein show par de bien belles hôtesses. Et avec pour finir une reprise réussie du « Roots Bloody Roots » de SEPULTURA qui, j’en suis certain, aura attiré l’oreille de beaucoup de monde, DO OR DIE réussit un des paris les plus primaires ; faire parler de lui. Et en bien, s’il vous plaît ! (8/10)
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ALL FOR NOTHING (12h15 – 12h45 : WARZONE)
Grande première en ce dimanche midi puisque attirés par une petite fin au stand de patates, nous nous rendons pour la première fois à proximité de la Warzone où se déroulait le show des Néerlandais d’ALL FOR NOTHING, emmenés par une chanteuse au physique « chubby » comme diraient les amateurs de YouPorn, loin d’être repoussant. Je dois avouer que parmi la quarantaine de spectacles couverts en ce week-end, ce groupe était le seul dont le nom ne m’évoquait strictement rien. C’est pourtant une fabuleuse découverte. Très à l’aise techniquement, la formation balance un Hardcore franc du collier, dynamique, avec des rythmiques légèrement orientées Punk et boosté par la prestation vocale complètement barge de sa frontwoman, la dénommée Cindy, une pile électrique montée sur ressorts. La foule réagit véritablement très bien à cette petite demi-heure d’un Hardcore excitant dans tous les sens du terme. Le groupe aussi semble avoir apprécié son premier Hellfest et ne se prive pas de le faire savoir. En bref, tout le monde est heureux et pour parler un peu plus en mon nom, je dirais que même si la journée nous réservera une surprise encore plus couillue en matière de Hardcore à chanteuse (voir par ailleurs), le concert d’ALL FOR NOTHING adhérait parfaitement à la diversité musicale promise par l’organisation. Comme un parfum de retour à l’époque Fury Fest… (7/10)
ALL SHALL PERISH (12h50 – 13h30 : MAINSTAGE 02)
Seul petit puceau de la bande entouré de vieux grincheux, c’est sans surprise que notre groupe s’est scindé en deux à l’heure de choisir entre ALL SHALL PERISH et INSOMNIUM. C’est donc seul que je vais me délecter de la prestation des Américains, qui, à l’instar de HEAVEN SHALL BURN, BETRAYING THE MARTYRS, CANNIBAL CORPSE, DO OR DIE et DIMMU BORGIR, font partie des groupes que je voulais voir à tout prix. Le public, relativement jeune et qui comptait aux premières loges un certain Richard, guitariste-chanteur du groupe strasbourgeois ALL THE SHELTERS, se presse devant la Mainstage 02. Et pour cause, depuis un certain The Price Of Existence en 2006, ils sont devenus des artistes référents en matière de Deathcore tendance brutal. Sous un soleil lourd qui aura offert pas mal de boulot aux « barmans », les Californiens déboulent avec l’énergie qui ne les quitte jamais, tant sur album qu’en live. Leur leader, Eddie encourage la foule à tout lâcher dans les moshpits, pendant que lui et ses petits camarades interprètent avec beaucoup de maîtrise les « Wage Slaves » et autres « Gagged, Bound, Shelved And Forgotten » pourtant assez techniques. Les breakdowns sont accablants sous la chaleur et ALL SHALL PERISH en profite pour mettre en avant son petit dernier, This Is Where It Ends, à grands renforts de « My Retaliation » et « Royalty Into Exile ». Les Californiens ont fait le choix de couvrir leurs quatres opus. Seul ombre au tableau, quarante minutes de show, c’est insuffisant pour pouvoir entendre les indispensables « Awaken The Dreamers », « Never… Again » et autres « The Past Will Haunt Us Both ». Mais bon, avoir un groupe de musique extrême de ce calibre sur une Mainstage, c’est déjà un très beau cadeau. Avec en prime le soleil et une pinte partagée en tête à tête avec ma collègue Nelly, ALL SHALL PERISH c’était que du bonheur. (8/10)
INSOMNIUM (12h50 – 13h30 : ALTAR par Line44)
Il est extrêmement facile de critiquer le Death/Mélodique qui ne jouons pas les langues de bois devient le chemin le plus facile à emprunter pour bon nombre de groupes en mal d’influence. Et si toutes fois au fond de ce shaker on avait pu sauver quelques savoureux mélanges il y aurait eu INSOMNIUM qui marie aisément le Dark, le Death, le Pagan, etc… j’en passe, malheureusement l’idée n’est pas non plus novatrice et ce bouillon de culture nous fait perdre la concentration rapidement tant les épreuves se succèdent joliment certes, mais sans capter réellement l’auditoire qui semble s’être retrouvé ici pour une pause bien méritée dans cette fournaise de l’enfer.
Personnellement quelques bribes et nappes artistiques me feront relever la tête, des solos qui m’ont accroché et dont le souvenir du support cd est gravé dans ma mémoire émotionnelle parce qu’il faut bien le dire, on ne peut pas tout leur enlever, les gaillards maîtrisent leurs armes et savent dompter les riffs à l’art de leurs conquérants ancêtres.
N’en faut-il pas un peu plus pour se mesurer à la meute d’artistes ayant déjà bataillé sur cette même scène ? De plus l’équilibre du niveau sonore laissant un peu à désirer on aura vite fait de confondre les morceaux entre eux et finalement chacun d’entre eux perdra sa réelle identité, trop facilement confondue avec un autre.
D-A-D (13h35 – 14h15 : MAINSTAGE 01)
La transition entre ALL SHALL PERISH et les hard-rockeurs Danois de D-A-D (ou si vous préférez, DISNEYLAND AFTER DARK) était des plus périlleuses. C’est donc assis devant la Mainstage 02 et rejoint par des collègues eux aussi emballés (par la prestation d’INSOMNIUM) que j’assiste au set de ces messieurs, dont les bouclettes soyeuses et les tenues kitsch trahissent une certaine ancienneté. Bien évidement, le style pratiqué me parle nettement moins, mais je reste tout de même assez admiratif de la disponibilité et de l’énergie dégagée par ces Scandinaves. Produisant un Hard Rock motivé et généreux, la formation peut toujours compter sur un Stig Pedersen qui avait la bougeotte sur scène, ne lâchant jamais sa basse à deux cordes transparente. Une fois de plus, le bonhomme fait dans l’excentricité avec son instrument favori. Il s’essaye également au français, avec plus ou moins de succès. Mais la foule se tasse davantage devant les stands de restauration, ce qui n’entamera jamais le moral des troupes qui feront le boulot comme on dit, en balançant un Hard Rock de grande classe, emmené par des compositions alléchantes et agréables, telles que « Jihad », « Evil Twins » et « I Want What She’s Got ». Petit bémol, un son vraiment pas terrible qui leur a probablement causé du tort. Sans compter que déjà très tôt, aux alentours de 14 heures, les fans d’AUGUST BURNS RED ont commencé à s’approprier la Mainstage 02 pour le show de leurs petits protégés, nous obligeant à écouter de loin un « Bad Craziness » chatoyant dans sa version live. Des hauts et quelques bas, voilà de quoi était composée la quarantaine de minutes consacrée à D-A-D. Un spectacle très sympa qui malheureusement, n’a pas passionné les foules… (7/10)
AUGUST BURNS RED (14h20 – 15h00 : MAINSTAGE 02)
Autre moment clé pour tout coreux qui se respecte, le passage sur les planches des Américains d’AUGUST BURNS RED. Malheureusement pour moi, je n’ai jamais été vraiment en mesure de comprendre l’effervescence qui règne autour de ce groupe. Et c’est vraiment sceptique que je m’apprête à assister à leur représentation. D’emblée, mes doutes ont plutôt tendance à être confirmés. Avec « Empire », « The Truth Of A Liar » et « Internal Cannon », AUGUST BURNS RED démarre relativement petit bras, comblant certainement les fans de gros Metalcore ciselé, mais assez peu ceux qui attendent désespérément d’un groupe qui se revendique « progressif » qu’il fasse justement dans le « progressif ». La claque promise tarde à venir, malgré une présence scénique très habile et une belle communion avec le public. Il faudra attendre « Marianas Trench » pour avoir droit à un peu plus de fluidité, avant un solo de batterie très sympa signé Matt Greiner. Ce fameux Metalcore rocambolesque arrive alors sur la pointe avec pieds avec « Back Burner » et « Composure » qui clôt de manière fort agréable un set en demi-teinte. Alors je ne sais pas vraiment si mes aprioris ont pris le dessus sur la première moitié du concert avant d’être désinhibés par la seconde, mais AUGUST BURNS RED demeure pour moi une équation sans réelle solution, et ce n’est pas encore ce spectacle tantôt explosif, tantôt approximatif qui me fera penser l’inverse. (6/10)
BLACK LABEL SOCIETY (15h05 – 15h50 : MAINSTAGE 01)
Ces ultimes heures de festival, majoritairement consacrées aux scènes principales sur lesquelles se sont pour l’instant succédés DO OR DIE, GIRLSCHOOL, ALL SHALL PERISH, D-A-D et AUGUST BURNS RED sont également l’occasion de voir (ou de revoir pour certains) de drôles d’oiseaux. Parmi eux, il y a l’exubérant Zakk Wylde, toujours armé de sa Dean Muddy Bullseye zébrée. Et Madame Line m’avait prévenu, il faut se le farcir, le coco. Pourtant, avec neuf albums au compteur, BLACK LABEL SOCIETY est tout sauf un nouveau venu, son frontman étant d’ailleurs appelé à refouler les planches de la Mainstage 01 huit heures plus tard pour aller taper un bœuf avec les OZZY OSBOURNE & FRIENDS. Rien à dire, ce Metal sudiste est couillu, mais ne repose hélas sur rien d’autre que des individualités. Enfin, une seule en particulier. Coiffé de son habituel et ridicule couvre-chef à plumes, l’ami Wylde est complètement déconnecté de la réalité, interprétant d’une façon assez égoïste les « Funeral Bell », « Parade Of The Dead » et autres « Stillborn ». Peu ou pas de communion avec l’immense marée humaine qui s’est pourtant déplacée pour eux, les BLACK LABEL SOCIETY font vraiment le minimum syndical. Huit chansons pour quarante-cinq minutes de show, c’est faible et inconsistant. Ils imaginaient surement que l’interminable solo de Zakk Wylde, placé entre « Fire It Up » et « Godspeed Hell Bound », qui a duré de mémoire pas loin de dix minutes serait le point culminant d’un set déplumé, mais c’est tout l’inverse. La jubilation et la satisfaction ne fendait pas vraiment les visages environnants. Par contre, c’est fier comme un coq que Wylde arpentait la scène, sans vraiment se rendre compte que sa monumentale branlette de manche a divisé la foule, plutôt que de la rassembler. Il en sera de même pour les solos de durée plus raisonnable. Moi qui espérais redécouvrir un peu un groupe qui ne fait plus grand-chose à part des disques de Noël… Peine perdue. Le spectacle à l’américaine dans toute sa splendeur. Strass et paillettes mais en substance, ça sonne relativement creux. (6/10)
WALLS OF JERICHO (15h55 – 16h40 : MAINSTAGE 02)
C’est très simple. Si je devais donner les trois noms qui ont marqué d’une pierre blanche mon Hellfest 2012, ce serait sans hésiter EDGUY, DIMMU BORGIR et WALLS OF JERICHO. Je ne sais pas si ces derniers arriveraient sur la première marche du podium, mais ils n’en seraient pas très loin. Aussi bizarre que ça puisse paraître, ce groupe ouvertement axé Hardcore / Metalcore a fait le plein de spectateurs alors que dans le même temps, une minorité de dépressifs se taillaient les veines sous la Temple avec FORGOTTEN TOMB. Quelle claque les amis. Avec un dernier album datant de 2008, The American Dream, on ne peut pas vraiment dire que ces Américains soient encore en phase promotionnelle. Pourtant, c’est avec une énergie similaire qu’ils vont ravager la Mainstage 02. Guidés dans leur lutte par une Candace Kucsulain des grands jours, WALLS OF JERICHO va faire profiter le public de sa rage et de son omnipotence. Assez inégal sur album, le Metalcore du groupe est une décharge de chevrotine sur scène. Les musiciens s’engagent physiquement, sautillant au gré des breakdowns, courant sur scène, se défoulant comme sur un ring. Le son est impeccable et rend parfaitement bien les tueries que sont « And Hope To Die » ou « Feeding Frenzy ». A gauche de la scène, près des backstages, de nombreux musiciens ont été invités à participer de près au spectacle, avec en ligne de front les deux crieurs de DO OR DIE. Et leur réaction est similaire à celle du public, ils prennent leur pied. Le set est court mais ultra-dense, à tel point qu’on aurait eu du mal à différencier les morceaux si les musiciens ne s’étaient pas arrêtés de jouer entre. Mais pas de panique, votre serviteur connaît ses classiques. Ainsi s’enchaîneront « All Hail The Dead », « A Trigger Full Of Promises », « A Little Piece Of Me », « I Know Hollywood And You Ain’t It » jusqu’à un « Revival Never Goes Out Of Style » du feu de Dieu ! Et si musicalement, les WALLS OF JERICHO n’ont rien de vraiment supérieur à leurs congénères, la détermination et le caractère bagarreur de leur prestation scénique auront été deux éléments suffisants pour magnétiser l’assemblée. De ce genre de moment, on en redemande forcément ! (9/10)
HATEBREED (16h45 – 17h35 : MAINSTAGE 01)
Après une telle soufflante, la transition avec HATEBREED en Mainstage 01 était une évidence. Là encore, c’est une valeur sûre du Hardcore qui va performer. Fondé fin 1994 dans le Connecticut, le combo se sera fait un nom avec les Under The Knife de 1996 et Perseverance de 2002 avant que le soufflé ne retombe légèrement à cause de différents changements de line-up. Mais HATEBREED reste un nom, avec toutes les responsabilités qui lui incombent. Et parmi elles, briser les nuques. Quoi de mieux dès lors que les « Before Dishonor » et « Voice Of Contention » pour parvenir à leur objectif ? Le set des Américains est compact, homogène, avec pas moins de quinze titres étalés sur cinquante minutes. C’est dire si ça a défilé vite, avec en prime un petit retard de 5-6 minutes du groupe à l’allumage. Globalement, HATEBREED a réussi sa performance, déclenchant pas mal de mouvements dans le pit, mais je trouve qu’il manque toujours et encore la petite étincelle qui les feraient changer de dimension. Il aurait également été appréciable d’entendre au moins un ou deux morceaux de l’éponyme de 2009, mais rien, silence radio sur ce sujet. Avec à sa tête un Jamey Jasta coiffé de son habituel bandana, un look gangsta s’il en est, ces messieurs semblent prendre un malin plaisir à dérouler leurs meilleures compositions sous les oreilles d’un public déjà bien acquis à leur cause. Cependant, à l’inverse du concert d’HEAVEN SHALL BURN où j’ai eu du mal à quitter la Mainstage pour aller interviewer CANNIBAL CORPSE, je n’ai eu ici aucune difficulté à me détacher de ce spectacle pour rejoindre les BIOHAZARD en zone presse. Peut-être une preuve supplémentaire qu’ils n’ont pas mis l’impact nécessaire pour rallumer en moi la flamme HATEBREED. (6/10)
BLUE ÖYSTER CULT (18h35 – 19h35 : MAINSTAGE 01 par Le Comte De La Crypte)
45 ans que le culte de l’huître bleue existe. Autant dire qu’elle ne doit plus être très fraîche. Il n’empêche que les Américains ont toujours la pêche : 80 à 100 concerts par an, cela entretient la santé. Le groupe nous délivre des classiques, comme « Godzilla », « Don’t Fear the Reaper » mais nous avons surtout droit à un solo de toute beauté d’Eric Bloom, qui porte bien son nom. Il aurait été bien dommage de rater cette rencontre avec ce groupe de Hard Rock de légende. Pour ceux que cela intéresse, sachez que le bassiste Rudy Sarzo, qui avait également officié dans QUIET ROT, OZZY OSBOURNE, WHITESNAKE…, vient d’annoncer qu’il quittait le groupe. (Tout le monde s’en fout mais bon, vu que j’ai l’info, je vous la livre).
TRIVIUM (19h40 – 20h40 : MAINSTAGE 02)
Il y a des groupes qui fédèrent et des groupes qui divisent. TRIVIUM fait incontestablement partie de la deuxième rubrique, c’est d’ailleurs pour ça que de les voir en festival est toujours un spectacle intéressant. Soit pour valider sa propre impression, soit pour s’amuser des contrastes d’humeurs entre les badauds frustrés et les groupies du premier rang. Ceux qui voient la prestation de TRIVIUM du même œil que moi comprendront vite de quoi il en retourne. Parce que si le TRIVIUM conquérant de la période Ascendancy avait fait des ravages, son pendant actuel, légèrement plus policé dirons-nous, n’en finit pas de décevoir (ou inversement, c’est selon). Le show débute à 19 heures 40 et dans la fosse, c’est l’ébullition. Autant d’engouement fait d’ailleurs plaisir à voir, à l’inverse du spectacle trop rangé proposé par les Américains. Avec dans son set les « In Waves », « The Deceived » et « Built To Fall », la bande à Matt Heafy n’a aucun mal à séduire son public, à grands renforts de solos mielleux et de tubes en puissance. C’est en place, ça joue proprement, c’est très américain dans l’esprit, mais c’est aussi un peu plat, il faut l’avouer. TRIVIUM dégage évidement un charisme monstre, et c’est justement ce qui fait qu’on en attend toujours un peu plus. Au niveau des points positifs, si le jeu de scène semblait un peu préfabriqué, on pourra toujours se satisfaire de voir les Floridiens faire participer leur public, notamment sur le final, « Throes Of Perdition » ou encore sur l’énormissime, je n’en démords pas, « A Gunshot To The Head Of Trepidation » et ses « hey, hey, hey ! » scandés juste après le solo de Corey Beaulieu. C’est même avec un peu de nostalgie que j’appréhende ce titre, tant il évoque de bons souvenirs. En définitive, si ça fait bien longtemps que TRIVIUM a eu son premier poil de zboub, on regrette un peu les minots volontaires et dynamiques des débuts. Les Américains ont su se faire une place, c’est tout à leur honneur. Mais le concert du soir laisse un arrière-goût dans la bouche, sans qu’on sache vraiment le définir. (6/10)
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SUFFOCATION (21h20 – 22h20 : ALTAR)
Michael Kiske, Chris Spencer, Dave McClain, Rob Dukes, Robert Westerholt, Scott Roberts, Eric Klinger, Galder, Chris Michez, Keijo Niinimaa, les crânes d’œuf se seront succédés sur les planches du Hellfest en ce saint week-end. A quelques mois près, j’aurais pu rajouter Nergal. Il est désormais plus de 21 heures et tout le monde semble profiter des derniers instants alors que les nuages obscurcissent le ciel de Clisson. Sous la Altar, c’est un autre crâne chauve qui prend la parole. Frank Mullen de SUFFOCATION. Alors oui, OBI, ENTOMBED, SUFFO, même combat ! On va les voir parce que ce sont des noms. Et l’engouement dépasse comme souvent les capacités d’accueil de la tente. Premier trip, « Thrones Of Blood ». Oui oui, le même que sur le Pierced From Within de 1995. SUFFOCATION c’est la vieille école dans toute sa splendeur, majestueuse mais avec une discipline stricte. Du Death Metal précis, instinctif, comme il ne s’en fait plus. Il faut être du genre doué en tauromachie pour éviter cette charge. Tout le monde profite de cette avant-dernière prestation sous la Altar. D’autant plus qu’avec l’arrivée prochaine de CHILDREN OF BODOM, les fans de pur Death iront noyer leur chagrin dans le « Crazy Train » fumeux d’OZZY OSBOURNE & MISLEADERS (euh, FRIENDS pardon !). Deuxième round, « Effigy Of The Forgotten », issu de l’album du même nom sorti en 1991. Le vieux routard qui m’accompagnait a pris en deux-deux vingt ans dans la tronche. Pour ma part, si la première mouture de SUFFOCATION ne me parlait pas plus que ça, j’ai tout particulièrement apprécié le seul (et unique) clin d’œil au Blood Oath de 2009 avec « Cataclysmic Purification ». Pour le reste, l’enchainement était fluide, les ricains bien en jambes et visiblement conquis par le public français déchainé. Comme pour tout spectacle de Death traditionnel, il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’une bonne pêche dans la tronche. Après SUFFO, nombreux étaient ceux qui cherchaient leurs dents dans la poussière. (7/10)
BLUE ÖYSTER CULT (23h10 – 00h55 : MAINSTAGE 01 par Le Comte De La Crypte)
OZZY OSBOURNE & FRIENDS : les stars du Rock sont elles aussi rappelées à la triste réalité et c'est suite au cancer de Tony Iommi que BLACK SABBATH ne se produira pas en cette édition 2012. Les organisateurs nous resservent donc du OZZY, qui s’était déjà produit l’année dernière. Une tête d’affiche aux allures de réchauffé donc. Les friends sont bien là, avec Slash, Zakk Wylde… mais Tommy Clufetos, derrière les fûts, se révèle particulièrement irritant avec un style de jeu et des gimmicks qui s’avèrent résolument modernes. Je n’y ai pas retrouvé ce qui, pour moi, fait la patine d’un groupe de légende comme BLACK SABBATH.
Et puis la barre a été placée tellement haute samedi avec DEATH ANGEL et MACHINE HEAD que je ne suis plus à même de goûter quoi que ce soit. C'est donc sous couvert de pluie battante, tandis qu’Ozzy continue de s’évertuer à jouer sur une scène détrempée, ce qui ne doit pas être des plus agréables (il aura d’ailleurs bien raison de se renverser un seau d’eau sur la tête, trempé pour trempé), que cette édition 2012 s’achève pour moi.
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CHILDREN OF BODOM (23h30 – 00h30 : ALTAR)
Il reste désormais moins de trois heures avant la clôture officielle de ce Hellfest édition 2012. La pluie battante qui surprend tous les festivaliers après une journée chaude et ensoleillée incite beaucoup de monde à délaisser le show rangé d’Ozzy au profit des scènes extrêmes où vont se succéder CHILDREN OF BODOM et DIMMU BORGIR. Une carcasse de voiture ancienne, type américaine, a pris place entre les claviers et la batterie. C’est donc devant ce décor surprenant que déboule « Wildchild » et sa bande pour interpréter « Warheart ». Nous suivons le concert d’assez loin, foule massive oblige, mais le fin nuage de poussière qui voile la scène est un signe qui ne trompe pas. Ça remue sec devant les planches et pour cause, CHILDREN OF BODOM va proposer ses titres les plus connus, que même ceux qui n’écoutent pas spécialement le groupe ont forcément entendus une fois. C’est le cas d’« Hate Me ! », d’« Everytime I Die », de la pesante « Angels Don’t Kill ». Et outre la pertinence musicale de ces choix, malgré la présence de quelques compos issues de Relentless Reckless Forever (« Shovel Knockout ») et du regrettable Blooddrunk (l’éponyme), CHILDREN OF BODOM assure le spectacle avec pas mal de classe et quelques œillades sympas, comme un jeu de lumière en harmonie avec les teintes dominantes des pochettes d’où sont extraits les morceaux joués, à savoir majoritairement vert, bleu et rouge. Et malgré tout le mal que je peux penser de lui, Alexi Laiho reste un frontman extraordinaire, aux procédés pas toujours très catholiques mais au charisme inimitable. Il se fait d’ailleurs un malin plaisir à poser pour quelques photos et à éclipser ses partenaires à grands renforts de démonstrations techniques et de branlettes de manche. On connaît la bestiole, il n’y a plus aucune raison de s’offusquer. Et même si j’aurais préféré entendre en live un petit « Follow The Reaper » ou un « Lake Bodom » plutôt que des titres de deux derniers albums, il en faut pour tout les goûts et une fois encore, CHILDREN OF BODOM a assuré un spectacle bien rôdé, un peu guimauve sur les bords mais indiscutablement bon. (7/10)
DIMMU BORGIR (01h00 – 02h00)
Une heure du matin. Nous y sommes. Le show que je n’aurais manqué pour rien au monde en ce dimanche soir. Je suis loin d’être un blackeux de première, mais j’ai eu ma période DIMMU BORGIR comme beaucoup d’ados et j’en réécoute régulièrement, pour le côté nostalgique de l’affaire. Hors des tentes, la pluie s’abat sur Clisson avec une intensité presque bretonne (on en est pas très loin). Du coup, on anticipe la fin du set de CHILDREN OF BODOM pour aller se placer idéalement, à deux ou trois mètres à peine de la scène. Et on a bien fait. Parce que DIMMU BORGIR, même amputé de Mustis et de Vortex, ça reste DIMMU BORGIR. Avec quelques minutes de retard, arrive l’intro retravaillée et écourtée d’Abrahadabra, « Xibir ». Avant que ne résonnent les violons de « Mourning Palace ». Ça y est, ils sont là ! Vêtu d’une tenue cloutée qui doit peser des tonnes, Shagrath apparaît, entouré de ses deux guitaristes historiques, de Cyrus (un ex-SATYRICON) à la basse, de Gerlioz aux claviers et de Daray (cogneur chez MASACHIST) à la batterie. On pouvait craindre une prestation désarticulée, mais trois ans (déjà) après la perte de ses deux fortes têtes, DIMMU BORGIR a eu le temps de se roder. Seul le son vient ternir cette entrée en matière avant de se corriger par la suite. S’ensuivent « Spellbound (By The Devil) » et son final mélodique frissonnant, « Vredesbyrd » et l’épique « Kings Of The Carnival Creation ». Bon, j’avoue que sans Vortex au chant, cette chanson a perdu son âme, d’autant que de faire chanter cette partie au public est un choix compliqué. Un gros quart d’heure sera ensuite consacré à Abrahadabra, avec l’enchainement « Dimmu Borgir », « Ritualist » et « Gateways » qui sonnent aussi bien en live que sur album. Seule déception, DJERV ayant performé la veille, j’attendais un miracle, pourquoi pas en voyant Agnete Kjølsrud débouler sur scène pour ses parties claires dans « Gateways ». Il n’en fut rien et les samples accordés au public pour meubler étaient une bien maigre consolation. Là encore, il y a comme un hic. Vint le tour de « Puritania », un autre titre phare de Puritanical Euphoric Misanthropy, pas mémorable dans sa version live puis le silence. Les Norvégiens s’éclipsent avant d’être rappelés. Les orchestrations moyenâgeuses de « The Serpentine Offering » se font alors entendre et DIMMU BORGIR revient rendre hommage à son récent In Sorte Diaboli. Seule vraie claque de cet album, elle l’est également sur scène, avec un rendu massif. On sent que la fin arrive doucement mais connaissant la bête, il fallait qu’un ultime tube nous soit consacré. Et pour DIMMU, c’est probablement son morceau le plus célèbre et accompli avec « Progenies Of The Great Apocalypse ». Ce n’est de loin pas mon préféré (un p’tit coup de « In Death’s Embrace » ou de « Burn In Hell », même sans Vortex auraient été jubilatoires) mais il me contente largement dans son apparat scénique. Je connais ce morceau par cœur, je le chante, je sens la fin arriver. Ultime break, les lumières s’éteignent. La foule se disperse. Pour ma part, j’ai encore des étoiles plein les yeux après ce qui aura été avec EDGUY et WALLS OF JERICHO mon meilleur concert. Les Norvégiens ont assuré un spectacle fourni, musicalement riche et demeurent, quoiqu’on en dise, des génies de la musique extrême. Maximum respect, surtout après une carrière pleine d’imprévus. Quant au sentiment qui prédomine après cette prestation, c’est à ma très chère collègue et amie Line44 que je laisserais le soin de conclure en résumant de la manière la plus précise qui soit ma propre pensée. « DIMMU BORGIR, la claque finale ». (9/10)
Bilan du Dimanche 17 juin 2012
« Finale », parce qu'il faut se rendre à l'évidence. Le Hellfest 2012 touche à sa fin. Et avant de quitter un terrain désormais envahi par la boue, on aura tout juste le temps de se remémorer les bonnes surprises de ce dimanche qui a commencé sous le soleil et qui s'est achevé sous le déluge :
- Le show interactif des coreux belges de DO OR DIE, avec l’arrivée sur scène d’hôtesses légèrement vêtues venues distribuer des shots de Jägermeister. Sans oublier leur reprise du « Roots Bloody Roots » de SEPULTURA.
- Une journée charnière pour le Hardcore à chanteuse, entre ALL FOR NOTHING sous la Warzone et WALLS OF JERICHO sur la Mainstage 02.
- Le Hardcore / Metalcore très présent sur les Mainstages et à des heures plutôt tardives (DO OR DIE, ALL SHALL PERISH, AUGUST BURNS RED, WALLS OF JERICHO et HATEBREED).
- Le solo de Zakk Wylde (BLACK LABEL SOCIETY) qui a duré près de dix minutes, soit dix minutes de trop.
- Le spectacle très visuel proposé par CHILDREN OF BODOM, avec une vieille voiture américaine placée sur scène et un jeu de lumières en harmonie avec les albums (vert pour Hatebreeder, rouge pour Something Wild, bleu pour Follow The Reaper).
Bilan des 3 jours de l'édition 2012 du Hellfest
Infiniment nostalgique
Au revoir Clisson, merci Hellfest. Cette édition 2012 s’achève donc de la plus belle des manières. 156 groupes auront performé, répartis par groupes de trois pour chaque tranche horaire. Au total, plus de 120 heures de concerts. Il fallait donc avoir le don d’ubiquité pour s’en délecter. Pour l’équipe de Metal-Impact, l’évènement a été énorme. Des rencontres, du gros son, une expérience humaine (et culinaire) hors du commun. Le Hellfest c’est définitivement le Metal dans toute sa splendeur. Il n’y a pas d’équivalent au monde. Et la progression monumentale enregistrée par ce qui n’était au début qu’un petit festival de Hardcore est à applaudir des deux mains. Chacun d’entre nous attendait cette bouffée d’oxygène avec impatience et la bulle d’air que nous apporte chaque jour le Metal consolide encore un peu plus le lien entre artistes et auditeurs. Le Hellfest, c’est une messe, une communion, un week-end incontournable dans l’année. Autant dire que cette édition 2012 a tenu toutes ses promesses. Les 1500 billets à tarif préférentiel pour la cuvée 2013 se sont écoulés comme des petits pains. Autrement dit, il va falloir s’armer de patience et d’un bon disque pour surmonter 365 jours d’angoisse, de stress, de train-train quotidien. Quant à nous, nous vous donnons rendez-vous dès à présent pour la prochaine édition, qui sera, soyez en sûr, plus spectaculaire encore.
HELLFEST. Il suffit parfois de 8 lettres. Et le 8, quand il est lu dans sa forme la plus horizontale, c’est aussi le symbole de l’infini...
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Ajouté : Jeudi 11 Octobre 2012 Live Reporteur : Stef. Score : Lien en relation: Hellfest Open Air website website Hits: 63654
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