Après un Arise dévastateur, on attendait, en 1993, de voir ce que les quatre brésiliens de SEPULTURA allaient bien pouvoir nous sortir pour relever un défit dont ils avaient eux-mêmes fixé la barrière haute. Et quand Chaos A.D. arrive, c’est en effet une surprise. Dans tous les sens du terme. Là où on se disait que le groupe allait explorer de nouvelles contrées encore plus complexes dans leur Thrash, ils ont fait tout l’inverse. On se retrouve donc avec une musique plus minimaliste, plus brute. Toujours très inspirée Thrash, mais avec des fortes influences Hardcore et même Punk. Cela va aussi avec toujours plus de radicalisation, de politisation de la part de leur frontman, Max Cavalera. Et le résultat alors ?
J’avoue qu’à l’époque, j’étais à mis chemin entre être emballé, parce qu’il y avait de nombreux morceaux que j’appréciais, et être déçu, parce que ce n’est pas cet album que j’attendais de leur part. Avec le temps, j’ai appris à mettre ma déception de côté. De toutes manières, on sait aujourd’hui que Max n’arpente plus que des sentiers dans la veine de ce Chaos A.D. Je me suis donc fais une raison. Ce qui m’a permis de vraiment entrer dans l’album et de l’apprécier à sa juste valeur.
Comment, en effet, ne pas fondre devant le jeu d’Igor Cavalera, toujours lui, de plus en plus tribal et complexe, malgré une apparente simplicité par moment ? Comment ne pas se sentir bouger devant les riffs d’une telle simplicité, mais d’une telle efficacité, comme celui de « Refuse/Resist » ? Tout est fait sur cet album pour être une tuerie intégrale. Certains morceau sont un peu en dessous, selon moi, comme « Clenched Fist » ou encore « Amen ». Mais « Refuse/Resist », « Slave New World » ou encore « Propaganda » sont taillés pour déclencher des émotions fortes dans les fosses du monde entier. « Territory » et « Nomad » ne sont pas loin derrière. On notera aussi l’OVNI qu’est « We Who Are Not As Others », pesant, étouffant, mais vraiment bon. « Kaiowas » annonce déjà ce que sera l’inspiration de leur prochain album, Roots, sans le savoir encore.
Même si Chaos A.D. n’est pas encore Roots, qui marquera le tournant décisif de la carrière de Max Cavalera, tous les prémices sont déjà décelables. Tout est plus lent, plus primitif, retrouvant des sensations oubliées. Arise restera mon album préféré du groupe, mais je ne peux cacher que Chaos A.D. me parle aussi.