Les débuts d'année sont éprouvants. Au mois de février 2007, je me prenais une baffe avec le dernier NAGLFAR et, pour résultat, une oreille gauche qui en a bourdonné pendant des mois. Un an après, presque jour pour jour, je découvre (personne n'est parfait) DARK FORTRESS et c'est une nouvelle grosse claque. DARK FORTRESS est allemand mais Eidolon est indéniablement d'essence scandinave, à travers un mélange entre le son massif et rond du Black suédois à la DIMMU BORGIR, sans tomber dans le pompeux, et le côté brut et abrasif du Black norvégien dont on retrouve des résurgences ici et là, dans des riffs qui évoquent le DARKTHRONE des débuts. Si la production est solide, elle n'émousse en rien des compos qui soufflent aussi bien le chaud que le froid, tel une représentation syncrétique de l'Enfer, tantôt paysage de magma en fusion, tantôt univers de glace. Le Black, par définition, est une musique sombre, mais pour nos amis teutons, ce qualificatif n'est pas un vain mot. Même si les blasts sont de sortie, lorsque le tempo ralentit, s'alourdit, sur « Baphomet » (titre auquel Tom Gabriel Fischer (CELTIC FROST) prête sa voix) ou encore « Antiversum », l'auditeur sent ce souffle évoqué plus haut sur sa nuque, et cela en devient presque flippant. D'autant que les nappes de clavier sont parfois de la partie, notamment sur « No Longer Human », qui annonce clairement le troisième volet du concept développé ici, selon lequel, lors d'un rituel magique, l'individu pourrait passer de l'autre côté du miroir, au propre comme au figuré, dans une dimension parallèle aux couleurs lovecraftiennes. La voix de Morean, nouvel arrivé, se fait en outre volontairement invocatrice et évocatrice et nous imprègne encore un peu plus de cette atmosphère poissante et inquiétante qui se dégage de Eidolon. Sur « Antiversum », DARK FORTRESS s'offre même le luxe de rajouter des sonorités qui évoquent BLUT AUS NORD, la marque d'une démarche sincère et totalement dévouée à son art. Je ne sais pas pour vous, mais moi, tout d'un coup, j'en frissonne...