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WILD DOGS (usa) - Reign Of Terror (1987)






Label : Enigma (Lp Version) / US Metal (Cd Reissue)
Sortie du Scud : 1987 (Vinyle) / 2002 (CD)
Pays : USA
Genre : Power Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 42 Mins (Vinyle) / 16 Titres – 74 Mins (CD)
Piste Multimédia présente sur le CD





Le Metal américain a tout produit. Du groupe Glam à outrance dissimulant derrière des effets de production et des fumigènes une indéniable faiblesse instrumentale, au monstre Techno-thrash terrassant n’importe quel adversaire dans une âpre lutte au sextolet sanglant. Le Hard-FM. Le Thrash. Le Death-Metal. L’AOR.
Mais s’il y a un domaine ou l’Europe a toujours tenu le haut du pavé, grâce à des valeurs sures comme ACCEPT, JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN ou encore SCORPIONS, c’est bien le Heavy-Metal. Jamais groupe US n’aura réussi à faire oublier des perles comme Restless And Wild, The Number Of The Beast ou British Steel. Question d’éducation. D’histoire. La sidérurgie est toujours restée une affaire définitivement européenne, solide, sans artifices, efficace en diable. Et les américains nous ont toujours envié cet état de fait, même s’ils persistent encore à le nier, et à amoindrir l’importance qu’on eu ces groupes dans l’histoire musicale mondiale, en refusant leurs singles, les bannissant de certains de leurs états, ou en leur intentant d’absurdes procès en sorcellerie.
Et pourtant, une poignée d’élus sur notre bon continent savent que ces sales capitalistes pouvaient aussi faire brûler le souffre quand l’envie leur en prenait. Qui se souvient encore du fabuleux Street Ready de LEATHERWOLF, ou encore du très mésestimé Visual Lies de LIZZY BORDEN ? Pas grand monde et c’est dommage. Mais surtout, qui peut encore parler 20 ans après de ce qui restera comme l’épitaphe définitive du Heavy made in USA, l’épitomé du riff agressif, l’épiphanie du drum-beat de folie, Reign Of Terror de WILD DOGS ? Presque personne. Réparons cette erreur.
Tout avait très mal commencé pourtant. Formé en 1981, WILD DOGS pratiquait alors un Metal réchauffé qui tenait plus de la daube qui colle au fond de la casserole que du pavé de bœuf au poivre qui glisse sur la poêle. Leur premier effort, Wild Dogs, sorti en 1983 sur le label de l’inusable découvreur de talent, Shrapnel, n’est qu’une succession de clichés nauséabonds, sortis tout droit de l’imagination fétide d’un mauvais génie en manque de farce. En 1984, deuxième album, Man’s Best Friend, léger mieux, mais risque d’averses en fin de soirée.
Puis, après trois années de silence, sort sur le plus gros label indépendant des Etats-Unis, Enigma, le chef d’œuvre qu’on attendait plus (pas ?) de la part des DOGS. Après quelques changements de line-up, chanteur et bassiste virés, Jeff MARK et Dean CASTRONOVO, fondateurs et respectivement guitariste et batteur, ont le coup de bol de tomber sur un vocaliste au timbre vocal hors norme, râpeux, vicieux, et délicieusement voilé, Michael FURLONG. Avec sa tronche à la Barry GIBB du pauvre, il ne payait certes pas de mine, mais c’est l’homme qu’il fallait pour emporter les troupes vers des cieux jamais atteints encore dans ce beau pays ensoleillé. Reign Of Terror et sa pochette hargneuse s’offre une sortie plus que confidentielle en France, et c’est bien dommage. Il est vrai qu’il voit le jour la mauvaise année, 1987, ou beaucoup de groupes majeurs s’offrent leur album majeur, et ou nombre de petits nouveaux explosent les conventions par leur innocente candeur. Et pourtant, ils sont tous loin derrière, mais ça, personne ne le voit.
Si par hasard, vous tombez un jour sur la version vinyle de cet album, laissez vous tenter par l’achat, et écoutez. Un son énorme pour l’époque, quasi PRIESTIEN, avec une guitare dont les tonalités font encore rêver, et une batterie qui se pose en digne héritière du dieu THOR en personne. MARK et CASTRONOVO lâchent tout, ils jouent leur va-tout et ils le savent. Pas le temps pour les fioritures, il faut taper le centre de la cible, et Dieu sait pourtant si ce LP est riche en finesses.
Ca commence comme un diable qui sort de sa boite avec « Metal Fuel », hymne au style musical affectionné par ces musiciens, qui lui rendent ici le plus bel hommage. Une intro toute en sifflantes, un doux jeu de cymbales et de charleston, et puis le riff qui tue sur fond de breaks énormes. La voix de FURLONG rentre en piste, atypique, et la double pédale chante son hymne au char d’assaut. Un refrain fédérateur, un solo d’anthologie, une accélération finale à donner le tournis à Dave LOMBARDO, et hop, les enfants sont couchés.
Pas le temps de respirer, car déboule aussitôt « Man Against Machine », up tempo, même ingrédients, et on plane cents lieues au dessus du paysage. On ne soulignera jamais assez à quel point CASTRONOVO est un batteur extraordinaire, dans la veine d’un PORTNOY survitaminé, ou d’un Jörg MICHAEL plus racé. Il le prouve encore sur « Call Of The Dark » avec son utilisation si particulière des cymbales et ses descentes de toms tout en subtilité. Le tempo ne faiblit pas, notre attention non plus. Survient « Siberian Vacation », et on peut sans peine s’imaginer dans le froid sibérien, accroché à notre manteau pour ne pas tomber et mourir congelé. Le tempo se veut lourd, la guitare menaçante, FURLONG l’ombre est sur vos pas, et le refrain, sommet de tension contenue n’a de cesse de faire choir nos dernières résistances. « Psychoradio » se lance sur l’asphalte, compteur bloqué sur les 150 BPM, et la ballade en Ferrari prend des allures d’expédition punitive envers les groupes trop timorés. Dean décide de renvoyer tous les percussionnistes apprendre l’harmonica, et le riff syncopé de Jeff louvoie toujours entre les interventions en solo aussi mélodiques que possible, mais sans oublier la vélocité, car l’homme sait jouer ! Un style à mi chemin entre Yngwie et Eddie, les 10 doigts surchauffés, mais jamais à court d’idées. « Streets Of Berlin », et le spectre d’ACCEPT revient au galop, sauf que les allemands doivent se mordre les doigts de ne pas l’avoir composée ! Toujours cet alliage magique entre harmonie absolue et puissance dévastatrice, le genre de titre qui fait couler la sueur dans le dos lorsqu’il est joué live. Assurément un grand moment de cet album, avec ses couplets doucereux et son refrain explosif, son solo en tapping crescendo qui redescend pour mieux nous séduire les tympans. Et alors qu’on pensait les meilleures cartouches tirées, au ¾ de l’album, les quatre pistoleros nous balancent un « Spellshock » à la gueule, aussi rapidement que Jesse JAMES dégainait. Ca va vite, très vite, CASTRONOVO met son double kit au défi de tenir le coup jusqu’au bout, et MARK essaie de voir combien de cordes vont résister à son médiator. La voix de FURLONG est doublée, tel un doppelganger maléfique qui n’aurait de cesse de hanter vos cauchemars. Le pied ultime, le nirvana du consommateur de décibels. Les deux ultimes salves, « Reign Of Terror » et « We Rule The Night » ne sont que pures formalités, tempo roublard et coup du lapin pour l’une, avec son mélange de contretemps sur les couplets et de lourdeur sur le refrain, et aération quasi inespérée sur l’autre, avec un velouté genre générique de fin pour ceux qui n’auraient pas encore capté de quoi il s’agit.
Qu’il est dur d’offrir une conclusion digne d’une telle débauche d’efforts. Je suis certains que pas mal d’entre vous, après lecture de cette chronique et écoute de l’album, ne comprendront pas mon enthousiasme. C’est ça le privilège de la subjectivité absolue. Mais je vous en conjure, passez vous le mot, vous seuls pouvez offrir à cet album la réhabilitation qu’il mérite. Moi, j’ai déjà le vinyle, la K7, et la réédition CD. J’ai déjà suivi l’histoire. A vous de prendre la relève, j’ai fait mon boulot. RIP

PS : À titre d’info, Dean CASTRONOVO, un peu plus tard deviendra le batteur attitré d’un autre groupe magique, qui sait aussi nous emmener vers des horizons semblant inaccessibles quand il le souhaite. JOURNEY, vous connaissez ?
PS 2 : Michael FURLONG a aussi été l’auteur d’un très intéressant album solo dans les années 80, Breakaway, en….1987 !!



Ajouté :  Mardi 18 Septembre 2007
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Hits: 13325
  
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