ULVER (no) - Trabendo à Paris (26/03/11)
Groupes Présents au concert : ULVER ; ZWEIZZ
Date du Concert : samedi 26 mars 2011
Lieu du Concert : Trabendo (Paris, France)
Un boudin blanc emmailloté dans un filet vomissant ses tripes dans un mauvais micro. Un phoque albinos obèse mime les prémices d’une sévère intoxication alimentaire. Une tentative timide et avortée de coloscopie. Comment évoquer la performance de ZWEISS ? Trouver les mots justes : Vacarme assourdissant. Abjection bruitiste. Provocation de stade anal. Performance excrémentale… Le déglingué bidouilleur aurait pu, en un autre jour, avoir ma sympathie. Mon esprit régressif aurait pu trouver facétieuses ses exhibitions vulgaires. Il n’en fut rien. Peut être en raison des promesses non tenues qui ont fait de ce show une vaine blague qui se noie dans sa propre fange et tourne en ridicule celui qui voulait aussi être provocant. L’émail du chiotte qui trônait au devant de la scène resta immaculé. Pas une goutte de bile, pas le moindre jet de vinasse ne jaillit de la gueule déformée du brave homme. Et malgré le judicieux dispositif qui consiste à placer une camera au fond des gogues avant de se déculotter, pas la moindre trace de merde. Pour des gourmands comme nous, avouez que c’est déconcertant. Quant à sa musique, une Noise violente et douloureuse qu’il fabrique à quatre pattes avec une corne de brume, une brosse à dents et quelques effets, ses blanches miches de plombier, tendues vers le ciel, offertes au tout venant, elle a le mérite d’exister. De créer un pont entre le monde des musiques extrêmes et de l’électroacoustique. De tendre des liens entre l’univers de l’avant-garde de la musique contemporaine et l’arrière garde régressive et décadente de l’underground. Le mérite d’exister. Pas d’avantage. D’autant que, qui avait eu la curiosité d’aller au 104 ce jour là, à quelques encablures du Trabendo, voir lors du festival Multiphonies à quoi ressemble la version savante de la Noise, assemblage dynamique et ciselé, grandiose de puissance évocatrice et dévastatrice, ne pouvait ressentir qu’ennui et agacement devant les braiements enfantins de l’exhibitionniste Norvégien.
Ajouter une heure d’attente en amont de ces vingt minutes de bruit et quarante cinq en aval et vous comprendrez pourquoi mon excitation à revoir ULVER était quelque peu entamée. Ils m’avaient scotché au Hellfest 2010. Entre deux séances de freefight, aller bercer son acouphène sur leurs mélodies électroniques était un pur bonheur. Un acte presque provocant dans cette grand messe du Metal. Un peu comme se caresser le soldat sur un épisode de Cat’s Eyes. Un délicieux sacrilège. La musique était belle, les rythmiques entêtantes, les mélanges étonnants. Les musiciens en retrait apparaissaient comme des ombres découpées sur les magnifiques vidéos qui habillent chaque morceau sur scène. Très créatives, improbables, elles créent des ambiances enivrantes et inquiétantes, parfois grâce à d’audacieux écarts stylistiques : Je n’aurais jamais cru pouvoir être tant happé, hypnotisé, par l’approche rusée d’un guépard rodant atour d’un troupeau de zèbres pour y choisir sa proie. Ces images de documentaire animalier ouvraient magistralement leur concert du Hellfest. Je pensais retrouver cette transe, amplifiée ici par l’atmosphère protégée d’une salle de spectacle close et la programmation en tête d’affiche. J’espérais trouver des traces de ce qu’à pu être leur prestation à l’opéra d’Oslo en aout dernier. Concert que j’avais raté à 24 heures près. Malheureusement, rien de tout cela n’eut lieu. Les musiciens ont préféré laisser de coté leurs tubes pour interpréter leur dernier album encore inédit en France, War of Roses, en intégralité. Malgré le nombre impressionnant de machines, et de « machinistes », sur scène, le ton franchement électro des derniers albums semble s’estomper derrière une dimension plus Rock où la batterie et la basse se taillent la part belle. C’est seulement depuis 2009 que le groupe se produit en live, et s’ils étaient passés par des périodes parfois très minimalistes, offrant jusqu’à des albums excessivement épurés, bruitistes et expérimentaux (La trilogie autour du Silence), la fréquentation des planches leur a redonné le gout des instruments électroacoustiques. Mais également, je le crains, le gout d’une musique plus consensuelle, moins exploratrice, moins radicale. Le coté sombre de leur musique se mue davantage encore en mélancolie et colore des morceaux lorgnant vers le Rock et la Pop. Orientation qui me laissa totalement froid, même si je mis longtemps à me l’avouer. Il fallut en fait le rappel, et le retour du groupe pour un « Hallway Of Always », extrait du précédent album, puissant, rythmé et hypnotique, pour confirmer ma déception larvée depuis les premières notes. D’autant que le groupe qui renvoyait une certaine prétention, avec force poses de poètes obscurs, n’a rien fait pour se racheter en quittant la scène après une toute petite heure de jeu.
Quand la prestation n’est pas à la hauteur de l’espérance, la première partie une blague potache, l’attente interminable et le prix un bon cou derrière la nuque (27,5€), on sort avec une douleur persistante au bas du dos, comme si on se l’était fait mettre. Sans violence, sans ostentation, sans vulgarité… mais mettre.
Ajouté : Mardi 29 Mars 2011 Live Reporteur : Moloch Score : Lien en relation: Ulver website Hits: 21838
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