PROG ROCK FEST 2 (FRA) - La Scène Bastille à Paris (17/05/10)
Groupes Présents au concert : KARCIUS + THE BLACK NOODLE PROJECT + THE LAST EMBRACE
Date du Concert : Lundi 17 mai 2010
Lieu du Concert : La Scène Bastille (Paris, France)
Belle initiative que ce Prog Rock Fest, dont la deuxième édition se tient ce soir à la Scène Bastille, avec pour tête d'affiche KARCIUS, un groupe québécois venu apporter à cette affiche un peu d'exotisme. Les autres groupes sont locaux, THE BLACK NOODLE PROJECT et THE LAST EMBRACE étant plutôt habitués aux joutes parisiennes.
C'est avec le dernier cité qu'on ouvre la soirée devant un public encore parsemé. Très active depuis plusieurs années, cette formation qu'on a vue officier aussi bien en électrique en première partie de THE GATHERING (2004) qu'en acoustique dans l'intimité des concerts partagés avec Danny Cavannagh (ANATHEMA) ou Mick Moss (ANTIMATTER), est considérée comme un espoir crédible du Metal progressif hexagonal. Avec un deuxième album dans les bacs (Aerial), et une solide expérience de la scène, le sextet pose d'entrée les jalons d'un style qui tend autant sur le gothique que l'atmosphérique, et impose son atout charme numéro un : la délicieuse Sandy au micro. Les compositions du groupe sont alambiquées et complexes, mais passent l'épreuve du live sans accroc. Les ambiances soignées côtoient les riffs agressifs, de solides rythmiques, des soli inspirés, et un clavier ultra-présent. Coco derrière son stand bien fourni, envoie notamment des parties d'orgue vraiment géniales. « Impending Dawn » ou « Nomad Wave » figurent parmi les belles surprises d'un set ponctué d'incidents techniques mineurs, mais finalement très convaincant.
Forts de cinq albums studio et d'une notoriété grandissante, notamment... en Pologne où est basé leur label, THE BLACK NOODLE PROJECT débarquent en terrain connu, eux qui étaient déjà du premier Prog Rock Fest en 2007. Oscillant entre progressif éthéré et Metal rageux, le groupe entre parfaitement dans le créneau du festival. Tout en promouvant Ready To Go, leur dernier effort en date, les six progueux sont là pour faire le boulot : tout en sobriété, une large partie de la scène étant certainement volontairement abandonnée au guitariste/chanteur/compositeur/fondateur Jeremie, « Le projet nouille noire » mise d'avantage sur la qualité de la production sonore que sur le spectacle. Mais c'est un compromis qui valait le coup. Affable et sûr de lui, le bougre se montre aussi adroit techniquement sur sa six cordes que solide et juste dans son chant. Chaque musicien fait montre d'une maîtrise certaine, au service d'un style où l'on retrouve autant de PORCUPINE TREE que de PENDRAGON. D'ailleurs il est à noter la troublante ressemblance entre le bassiste et Clive Nolan... on dirait le même avec 20 ans et 20 kilos de moins ! Voilà pour la petite histoire, le reste est loin d'être anecdotique, avec une mention spéciale pour le « We've Let You Go » inaugural.
Voici ceux autour desquels a manifestement été montée cette soirée. Il faut dire qu'ils ont fait le chemin depuis leur Québec natal, avec leurs guitares et leur accents, j'ai nommé : KARCIUS. Un nom qui parle sûrement aux ultimes fans de prog, mais soyons honnêtes, si KARCIUS semble bien connaître nos mœurs (ils sont en tournée française tout le mois de mai), la réciproque est plus aléatoire... Qu'importe, c'est en toute simplicité que les quatre musiciens investissent une Scène Bastille maintenant bien remplie. Le sourire jusqu'aux oreilles, ils s'exécutent sans coup férir et leur rock progressif instrumental se complexifie peu à peu, et se mue en jazz fusion à mesure des exploits techniques de chacun. Dans un genre musical marginal et quasi-inexploré, chaque membre semble appliquer à la lettre les théories enseignées lors de leur cursus supérieur en musicologie, pour exprimer à leur manière leur ressenti de la musique, la puissance d'un art, la folie douce de quatre garçons venus de loin. Simon L'Espérance qui se charge de communiquer avec la salle, sans pour autant être un vrai frontman, s'avère en revanche maîtriser parfaitement son instrument, qu'il exploite de façon à en sortir toutes les sonorités possibles, même les plus surprenantes voire agaçante. Mingan le claviériste, complètement déchaîné, en est le contrepoids parfait avec ses harmoniques ambitieuses. La rythmique, désarticulée, archi-syncopée, est l'apanage d'une doublette sympathique est décomplexée. On bouge pas mal, on frime souvent, mais cette formation apporte une fraîcheur bienvenue. Le seul inconvénient à ce stade de la soirée : les enchaînements fatals de 3 morceaux de 8 minutes sans pause, qui poussent une partie des premiers rangs à s'assoir par terre... Déroutant, c'est le mot.
Après cette heure et demi éprouvante, la centaine de spectateurs titube jusqu'à la sortie, la tête remplie à ras-bord de notes improbables et de rythmes saccadés. Un vrai OVNI a traversé Paris ce soir de printemps... Espérons que les découvertes et bonnes surprises se perpétueront lors d'une nouvelle édition de ce Prog Rock Fest, qui a tenu toutes ses promesses.
Ajouté : Jeudi 17 Juin 2010 Live Reporteur : JB Score : Lien en relation: Prog Rock Fest website Hits: 19652
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