Le black pratiqué par LORD BELIAL, tout du moins ces dernières années, se révèle plus nuancé, plus contrasté, et pourtant tout aussi blasphématoire que celui de ses compatriotes. Revelation ne fait pas exception à la règle. On y trouve tous les éléments caractéristiques du groupe, ce tempo effréné mais toujours maîtrisé, ces vocaux écorchés mais intelligibles, ces breaks démoniques imparables qui savent relancer un titre, et ces passages mélodiques qui aèrent l’ensemble.
Sans tomber dans les blast beats à outrance, ni amorcer un virage trop Heavy, ils maintiennent la balance en équilibre avec un savoir faire indéniable. Sorte de mélange improbable entre le DARKTHRONE de légende et ARCH ENEMY, LORD BELIAL prouve avec cet album qu’il n’a de compte à rendre à personne, et surtout aucune leçon à recevoir. En témoignent des titres comme « Death Cult Era », « Vile Intervention » ou encore « Gateway To Oblivion », savants mixages entre les influences les plus ténébreuses du style, les ambiances pesantes, et le velouté des harmonies typiques du Heavy Metal.
Certain morceaux respectent un schéma plus traditionnel, tels « Ancient Splendor », qu’on croirait sorti de l’imagination d’EMPEROR, ou encore « Aghast », qui pourrait être un excellent inédit de DARKTHRONE, période Panzerfaust.
LORD BELIAL prouve une fois de plus, comme MARDUK, qu’on peut évoluer sans trahir une inspiration d’origine, s’ouvrir à des atmosphères délétères sans pour autant tomber dans la redite ou la parodie, et pratiquer un Black torride et sauvage sans proposer un brouhaha qui collerait les foies à un troupeau de gnous en rut.
Il en va du Black Metal comme de la cuisine, trop d’ingrédients différents tuent la saveur. Pas assez, et un arrière goût de lassitude vous envahit à la troisième bouchée. Revelation est un must, qui ne lasse ni n’écoeure à aucun moment. Bravo messieurs, et par pitié, continuer de haïr de cette façon, si cela nous procure à chaque fois de si bons albums !