Après deux albums, CLAWFINGER revient. La question se pose de savoir s’ils ont su se renouveler tout en gardant l’esprit de leur musique caractéristique. Un challenge pas simple et pourtant relevé haut la main avec ce troisième album éponyme. D’ailleurs, histoire de mettre les pendule à l’heure, ils commencent l’album avec un de leurs meilleurs morceaux jamais écrit, « Two Sides ». Des guitares qui déchirent sur une rythmique toujours aussi parfaite, un sample beaucoup plus coulé et travaillé, une voix féminine arabisante qui vient supporter le chant avec un Zak toujours aussi en forme. Ce morceau assure aussi que le groupe n’a rien perdu de son engagement social, au contraire.
Les titres s’enchaînent ensuite à grande vitesse. Pas une seule seconde on ne s’ennuie. Ceci est dû au fait que le groupe sait varier les plaisirs, tout en gardant la touche qui leur est propre. Des titres un peu plus rapides (« Not Even You », « Hold Your Head Up ») et peut-être un peu plus punk dans l’esprit se partagent la scène avec des ambiances plus posée (le génialissime « Don’t Wake Me Up ») où Zak se permet même de ne plus rapper pour adopter un chant mélodieux. On le sent, ce n’est pas forcément là où il excelle le plus, cependant, il n’a pas à avoir honte de ce qu’il a produit sur ces titres. Bien sûr, on n’oublie en rien les loops samplées des débuts avec des titres comme « Chances » ou « Biggest And The Best », mais elles ne sont plus qu’une partie de ce que le groupe sait faire.
La plus grosse surprise, à la première écoute, viendra certainement du dernier morceau, « I Guess I’ll Never Know ». En effet, cette ballade, sans une ombre de saturation dans les guitares, nous fait nous dire que les garnements ont mûris. Aussi bien dans la musique, puisqu’ils se permettent une telle chose, qui ne leur serait certainement pas venue à l’esprit quelques années auparavant, que dans les textes, où le personnel prend aujourd’hui une place importante, même s’ils ne sont pas là pour raconter leur vie et pleurnicher. Au final, cette chanson prend bien toute sa place dans l’album.
Un disque qui montre que CLAWFINGER est un groupe qui sait évoluer dans son style, dans son approche, tout en gardant le noyau dur de ce qui les définie. Un excellent album de transition.