KIKO LOUREIRO (br) - Kiko Loureiro (Fév-2005)
Doit-on encore présenter Kiko Loureiro, guitariste d’Angra aux doigts de fée ! Enfin, je ne sais pas si les fées savent jouer de la guitare mais Kiko, lui, nous fait rêver. Musicien et compositeur de talent, il vient tout juste de sortir son premier album solo « No Gravity ». Petite interview du musicien, où l’on en apprend plus sur l’album et son créateur.
Discographie : No Gravity (Album - 2005)
Crédit Photos : Ludopix.com
Metal-Impact. Pourquoi avoir décidé de faire un album solo ?
Kiko Loureiro. C’est un vieux rêve. Je suppose que tout guitariste apprend la musique à partir des chefs d’œuvre instrumentaux enregistrés par les grands comme Jeff Beck, Vai, Satriani, Morse. Je n’ai pas fait exception à la règle. J’ai toujours voulu rendre ce sentiment de joie qu’on éprouve en jouant de la guitare. Je me sens si bien, léger ! D’où le titre “No Gravity” : c’est ce que je ressens quand je joue ma musique.
MI. Tu étais assez jeune quand tu as rejoint Angra. Est-ce une façon d’éviter la routine et rester créatif ?
Kiko. Non, je ne me suis jamais ennuyé en jouant et composant pour Angra. Je continue à étudier la musique et Angra me permet de mettre à profit mes progrès et ma créativité. Mais un album instrumental représente une approche différente de la musique. C’est ce que j’appelle de la musique pure, un langage que chacun peut comprendre et qui peut toucher tout le monde. 90% de la musique que j’écoute est instrumentale, que ce soit de la musique classique, brésilienne, argentine, du Flamenco ou autre. Je suis très inspiré par le plus abstrait et le plus magnifique de tous les arts, la musique pure.
MI. Penses-tu que ce soit le premier d’une longue série d’albums solo ? As-tu le sentiment de commencer une carrière solo ?
Kiko. Bien sûr que je veux faire d’autres albums instrumentaux ou d’autres projets. Mais ma vie est entièrement tournée vers Angra et je ne veux rien changer. J’aime simplement exprimer différemment mes émotions et mes idées musicales.
MI. Qu’attends-tu de “No Gravity” ?
Kiko. Je veux montrer ma musicalité dans un projet que je mène de bout en bout. J’aime faire de la musique ; c’est toute ma vie. Donc plus j’ai de projets, que ce soit pour Angra ou des albums solo, des clinics ou des tournées, et plus je suis heureux.
Je veux que les gens apprennent à me connaître en tant que musicien, guitariste et compositeur. Je veux qu’ils connaissent ma façon de faire de la musique et qu’ils la gardent enregistrée pour toujours.
MI. Penses-tu que le public a des exigences élevées car tu appartiens à l’un des plus grands groupes de Metal Mélodique ? As-tu ressentis ce genre de pression ?
Kiko. Je pense. Je connais ma responsabilité car, d’une certaine manière, il s’agit de mon premier album mais d’un autre côté je suis connu des fans de Heavy Metal. Mais je pense que j’ai bien fait les choses, dans un bon studio, avec Dennis Ward comme producteur et un excellent batteur, Mike Terrana.
Je suis très content du résultat et je n’attends plus que de jouer ces titres sur scène.
La seule pression que j’ai ressentie est due au fait que j’ai tout fait par moi-même pour la première fois : choisir les personnes avec qui j’aimerais travailler, les studios, composer, jouer de plusieurs instruments. Chaque décision à prendre, je devais la prendre seule. Dans un groupe, tu peux toujours demander l’opinion des autres.
MI. J’ai lu que tu voulais faire un album solo depuis longtemps. Pourquoi penses-tu que c’est le bon moment ?
Kiko. J’ai toujours été très occupé avec ANGRA et je n’ai jamais trouvé le temps de développer des titres, répéter avec des musiciens, enregistrer, etc… Je pense que je suis maintenant beaucoup plus sûr de moi en tant que compositeur. J’ai collaboré à presque tous les titres de Temple of Shadows et j’ai encore eu beaucoup d’autres idées. Quand j’ai fait écouter à Dennis toutes ces idées, ces morceaux, il m’a encouragé à me lancer. Nous disposions d’un mois entre les enregistrements de Temple of Shadows. J’ai donc enregistré et mixé mon album en 23 jours. C’est grâce à l’expérience que j’ai acquise et celle de Dennis et Terrana que cela m’a été possible.
MI. Pourquoi un album instrumental ?
Kiko. C’est une question qu’on n’arrête pas de me poser Je pense que la musique n’a pas besoin de chant. En fait, la musique pure est sans paroles. La musique est un grand art qui peut être faite de toutes sortes d’émotions ; c’est un langage que chaque cœur comprend.
MI. Qu’est-ce qui t’a le plus intéressé dans le fait de jouer presque tous les instruments de l’album ?
Kiko. J’ai beaucoup de plaisir à étudier et à m’essayer à différents instruments.
C’était vraiment cool de jouer du clavier (comme je le fais déjà beaucoup plus pour ANGRA), du piano et des percussions. En fait, les percussions et quelques caisses claires avec des brosses que j’ai enregistré furent pour moi un vrai challenge. J’avais déjà étudié la basse il y a quelques temps donc il s’agissait plutôt de retrouver la technique.
MI. Pourquoi avoir décidé de travailler avec Mike Terrana et comment cela s’est-il passé ?
Kiko. Je le connaissais déjà par son travail avec Y. Malmsteen et Tony Macalpine. Et je l’avais rencontré à l’occasion de différents festivals auxquels Angra avait participé avec Rage. Mais c’est principalement parce qu’il est très polyvalent. Il peut jouer très vite des morceaux vraiment Heavy comme Peter Erskine ou Steve Gadd, s’il le souhaite. Egalement parce que je savais que je n’aurais pas beaucoup de temps et qu’il est très professionnel et rapide à enregistrer. Il a appris tous les morceaux en 3 jours et les a enregistré en un jour et demi.
MI. Comment définirais-tu cet album, le son, l’ambiance… ?
Kiko. Il est très difficile de résumer par des mots ce que j’ai éprouvé en faisant ma musique. Je ne peux qu’inviter les gens à l’écouter, essayer de rentrer dedans et échapper à la réalité ; ressentir cette sensation “no gravity” (en apesanteur). Le principal but d’un musicien ou de tout bon public est de laisser la musique pénétrer en soi et contrôler ses émotions sans penser à rien d’autre.
MI. Tu es très influencé par la musique de ton pays, le Brésil, comment cela se traduit-il généralement dans ta musique et plus particulièrement dans “No Gravity” ?
Kiko. Le Brésil a une culture très forte et nous, Brésiliens, en sentons le poids sur nos épaules chaque fois que nous composons ou jouons. Il n’y a pas moyen de l’éviter. Je suis convaincu que la musique brésilienne est le plus beau langage au monde.
Ce sentiment brésilien et latin se retrouve partout dans l’album. C’était l’un des concepts : avoir toujours de bonnes mélodies et une touche brésilienne. Un petit peu comme Carlos Santana, qui plaçait toujours une touche latino dans chaque morceau, même ceux de type pop américaine.
MI. Les titres des morceaux sont en trois langues différentes. Pourquoi ?
Kiko. L’album devant sortir dans différents pays, j’ai dû utiliser l’anglais pour le livret mais je pouvais montrer mes origines latines dans les titres. C’est également pour montrer que la musique n’a pas de langue, c’est une langue en soi. On donne des noms juste parce qu’il le faut.
MI. Il y a un titre français, “La Force de l’Âme”, peux-tu m’en dire plus ?
Kiko. J’ai lu que cette expression faisait référence au violon Stradivarius et je réfléchissais justement à l’âme de nos instruments. C’est peut-être dingue mais tout musicien traite son instrument comme une personne… en tout cas, c’est mon cas. Parfois nous nous disputons, parfois c’est le grand amour, à d’autres moments on veut le quitter… ce genre de choses un peu folles. Dans le studio, il y avait un piano Stainway qui avait plus de 80 ans. C’est un instrument qui a une âme, cela ne fait aucun doute, et j’en suis tombé amoureux au premier regard.
MI. Y a-t-il une différence entre la façon dont tu composes pour Angra et pour toi-même ?
Kiko. Non, je me suis juste plus concentré sur la guitare.
MI. Tu te sens plus guitariste ou compositeur ?
Kiko. C’est vrai que j’hésite de plus en plus entre les deux. Auparavant, je me voyais plus comme un guitariste mais je suis vraiment dans une phase de composition et la plupart du temps au piano et non sur ma guitare.
MI. Tu es gaucher mais tu joues de la main droite. Cela change-t-il quelque chose à ta façon de jouer ?
Kiko. Je ne pense pas.
MI. Qu’est-ce que cela te fait d’être une référence et un modèle pour tant de guitaristes ?
Kiko. C’est vraiment cool. Cela me rend très heureux. J’espère seulement être une bonne référence… Mais je sais n’être encore qu’un enfant comparativement à la profondeur que peut atteindre la musique. J’étudie encore beaucoup la musique et espère passer au niveau supérieur.
MI. Tes influences sont très larges et tu dis toujours qu’il est très important d’écouter tous types de musique. Te tiens-tu informé des nouveautés ou écoutes-tu principalement les « vieux classiques » ?
Kiko. De tout mais principalement des classiques.
MI. Donc, quel est ton album préféré en 2004 ? Et quelle période ou genre préfères-tu en général ?
Kiko. Temple of Shadows !! Bien sûr…
Et aucune période ou genre. Cela dépend. Cela va de Slayer à Ravel en passant par Wayne Shorter et Pixinguinha.
MI. Tu as commencé la guitare grâce à ta sœur qui t’a demandé de partager ses leçons. Comment voit-elle ta carrière et est-elle musicienne également ?
Kiko. Non, elle a arrêté au bout de quelques mois. Elle est très fière de ce que j’ai accompli.
MI. Connais-tu un peu la musique française et qu’en penses-tu ?
Kiko. Je connais surtout les compositeurs classiques comme Debussy et Ravel. Comme j’essaie de parler français, j’ai reçu quelques CDs d’amis, juste pour écouter la langue. Je connais Louise Attack, Manau, Leo Ferrer... mais ça ne correspond pas vraiment à mes goûts musicaux.
MI. Tu as un temps écrit pour des magazines de guitare. Qu’est-ce qui te plaisait ?
Kiko. J’ai enseigné pendant plusieurs années alors je suis assez à l’aise pour écrire et donner des conseils aux étudiants guitaristes. J’aime aussi beaucoup faire des clinics.
MI. Le premier concert auquel tu ais assisté était Venom et tu n’es pas resté plus de trois chansons. Pourquoi ?
Kiko. Il y avait aussi un groupe appelé Exciter. Je me rappelle que le son n’était pas bon et je suis parti.
MI. Tu as quatre concerts prévus en France. Est-ce que tu les attends avec impatience et est-ce que ça ne te fait pas un peu drôle de monter sur scène sans Angra ?
Kiko. J’ai déjà joué sans Angra à différentes occasions. J’attends avec impatience ces quatre dates. Mike Terrana et Felipe sont de très très bons musiciens. Jouer avec d’aussi bons musiciens est une chance pour moi comme pour le public.
Dans ma ville natale, je joue tout le temps avec d’autres musiciens. C’est la meilleure façon de progresser et je pense que les fans apprécient de voir le musicien qu’ils aiment faire quelque chose de différent.
MI. Si tu as quelque chose à ajouter, je t’en prie. Et merci encore pour cette interview !
Kiko. Et bien, je tenais simplement à inviter tout le monde à aller écouter « No Gravity » et venir assister aux concerts en fin avril. Et merci à tous les fans français pour votre soutien depuis tant d’années.
Merci beaucoup (en français dans le texte).
Ajouté : Samedi 19 Février 2005 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Kiko Loureiro Website Hits: 19771
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