En cette période de températures automnales, là même où la floraison spectaculaire et enchanteresse de ces plantes que sont les rhododendrons n’a plus lieu d’être, le groupe Tchèque de DISSOLVING OF PRODIGY n’en a que faire puisque leur Doom Death s’adapte à merveille en cette saison pluvieuse, humide et grisâtre. Là où le soleil ne doit pas faire étalage de ses rayons plus de soixante jours par an ! Ce sextet issu de l’ancienne Bohême ayant vu le jour telle une fleur en 1989 vit dans un élément propice à l‘éclosion et au développement de ce type musical. Déjà auteurs de deux albums (Lamentations of Innocents en 1995 et Time Ruins Also Beauty en 1997), DISSOLVING OF PRODIGY s‘appuie sur une charnière musicale classique (basse/batterie/guitares/claviers) ainsi que sur l’apport non négligeable et savamment utilisée d’une voix féminine en la personne de Johanka Teryngerova qui distille avec parcimonie et à bon escient ses parties vocales comme dans l’intro de Pocta Morané.
Petit émule des Britanniques de MY DYING BRIDE auquel DISSOLVING OF PRODIGY s’apparente énormément sans pour autant atteindre le niveau de maîtrise des Anglais tant la production est souffreteuse, les Tchèques s’en sortent néanmoins grâce à une personnalité au travers de leurs compositions et de leurs textes (pratiquement tous chantés en Tchèque), à l’image de titres tels que « Mohylové Hroby », « Bohu Nemily » et son style proche d’un Black Symphonique dans la structure.
Des passages de musique folkloriques comme dans la mélodie du morceau « Divci Valka » ou comme dans « Prvni Lekce Radosti » démontrent une indéniable attirance pour les musiques et traditions locales. Ce Loucení Se Svetem Pozemským est d’ailleurs très ancré dans les coutumes et légendes Slaves. Les atmosphères sont en général bien trouvées comme sur le titre « Horici Mosty » ou bien « Promeny Slov » et son côté Prog Mélodique, comme pourrait le faire un VINTERSORG à ses débuts dans son genre bien évidemment.
Bien que les défauts dans la forme soient nombreux au sein de ce disque avec ce son si approximatif, la voix particulière de René Krystyn ou encore des riffs de guitares manquent de mordant et les attaques ne sont pas très accrocheuses, les lignes de basse ne sont pas très audibles, les plans de batterie sont un peu mous du genou, toujours est-il que DISSOLVING OF PRODIGY n’en est pas moins pétri de qualités, grâce notamment à des morceaux bien construits et intéressants de bout en bout. C’est ce qui sauve le groupe de l’anonymat et du naufrage. Effectivement, la technique des musiciens n’est pas encore au niveau le plus ultime qui soit mais on sent une telle envie dans la démarche du groupe qu’on leur pardonne ces défauts, sans pour autant que cela devienne récurrent.
Au bout de trois albums, on est normalement en mesure de produire et de fournir un produit propre et dénué de ce genre d’imperfections qui polluent un disque et tirent de manière irréversible les morceaux vers les profondeurs de l’oubli.