LE DIEU DES SORCIERES (2011)
Auteur : Margaret Murray
Traduction : Armand Seguin
Langue : Français
Parution : 12 janvier 2011
Maison d'édition Française : Camion Noir
Nombre de pages : 288
Genre : Origines Du Mal
Dimension : 15 x 21 cms
ISBN-10 : 2357791098
ISBN-13 : 9782357791091
A l’instar du Blues dans les années 30, et le Rock N’Roll dans les années 50, le Hard-Rock et le Heavy Metal ont été les cibles privilégiées d’une certaine frange moraliste (spécialement aux Etats-Unis, le pays le plus hypocrite qui soit en matière de morale…), et d’une religion Chrétienne qui ne voyaient en elles qu’une incitation à la débauche, à la dépravation sexuelle, réduisant certains groupes en simple VRP du Malin sur terre.
S’il est vrai que certains combos surjouaient de cette imagerie « satanique » (BLACK SABBATH en est le plus parfait exemple, ainsi que COVEN), d’autres se contentaient simplement de puiser dans les racines religieuses celtiques, pour calquer leur propos sur une musique plus ou moins occulte (LED ZEP bien sur).
Mais une question essentielle se pose. Le Hard-Rock n’adoptait il pas une position décalée par rapport aux mœurs de l’époque pour signifier son désir de liberté et d’indépendance, plus que pour choquer délibérément et s’assurer une place de choix dans le cœur des adolescents ?
Ou, en allant plus loin, cette musique n’était elle pas idéologiquement parlant plus proche des racines de la religion païenne séculaire et originelle, que d’un satanisme très en vogue à la fin des années soixante, et synonyme d’ émancipation et d’affirmation personnelle ?
Le livre de Margaret Murray, qui, sans aucunement faire allusion à cette question puisque la musique n’est pas du tout son propos, abonderait certainement en ce sens. Anthropologue de renom, fascinée par les origines de la religion, Margaret Murray fait du Dieu cornu le centre de son ouvrage. Bien sur, nombre de ses arguments et de ses illustrations sont déjà bien connus de tout ceux qui un jour se sont sérieusement intéressés aux divers cultes mondiaux (le Paganisme, l’Occultisme, la Magie blanche/noire…), mais son approche rigoureusement anthropologiste place ses travaux sous le signe de la véracité et de l’objectivité. Abondamment illustré d’exemples et de contre-exemples historiques, on ne saurait mettre en doute ses témoignages (bien que ceux-ci, pour la plupart, proviennent de travaux antérieurs à son ouvrage), et le vecteur d’approche, très théorique, confère une valeur scientifique au propos.
Et à force de lecture (pour les plus néophytes d’entre vous), on comprend qu’au-delà de son symbolisme négatif censé représenter tout ce que la Terre et les Hommes portent en eux de plus sombre, le Diable n’est que la face caché d’une nature que les siècles et les « hommes de bien » s’évertuent à dissimuler, à savoir l’individualisme, la perception intérieure, et le désir de respecter l’univers et ses créatures pour ce qu’ils sont, l’essence même de l’humanité. La dualité intrinsèque de certains dignitaires de l’Histoire, se dédoublant au point de devenir de véritables schizophrènes religieux, respectant le culte des uns par révérence/crainte, et honorant ceux des autres par croyance nous renvoie au concept déformé de religion imposée, telle que les siècles nous l’ont prouvé, de la chasse aux sorcières du Malleus Maleficarum, en passant par le massacre des templiers, la colonisation indiennes aux Amériques, jusqu’à la nuit de la St Barthelemy, épitomé d’une purification par le sang des « impies ».
Et la figure « diabolique » de revêtir les oripeaux que la Chrétienté l’ont forcé à porter, à savoir ceux de l’ombre, de l’inconnu, et surtout de l’ennemi de la bienséance et du pouvoir central, niant au passage toute notion d’individu indivisible et égocentrique par nature.
Et par cet élargissement, on comprend d’autant mieux les réticences d’un monde moderne envers une musique qui se voulait libre, affranchie de tout devoir, uniquement destinée à offrir au peuple ce à quoi il a toujours aspiré, la liberté de penser et d’agir.
Et même si le propos du Dieu Des Sorcières est parfois harassant d’exhaustivité, même si les descriptions sont parfois roboratives, on ne saurait mettre en doute la sincérité de sa démarche, et le fait même qu’il est été écrit par une femme recentre son importance quasi matriarcale, et resitue la féminité au sein même des débats, place que la religion Chrétienne lui avait volé dès les origines, faisant du créateur originel un emblème masculin, synonyme de pouvoir et de raison.
Ajouté : Mardi 29 Mars 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Noir Website Hits: 63869
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