J.X. WILLIAMS : Les Dossiers Interdits (2010)
Auteurs : Noel Lawrence & Jean-Emmanuel Deluxe
Traduction : Jean-Emmanuel Deluxe & Frédéric Fauré
Langue : Français
Parution : 1er Juillet 2010
Maison d'édition Française : Camion Noir
Nombre de pages : 306
Genre : Non Biographie énigmatique
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-13 : 9782357790674
Je ne sais pas si je parviendrai un jour à lire un ouvrage consacré à la scène artistique bis des années 70 sans y trouver une référence à Jimmy Page… Alors certes, il fut une figure essentielle de cette époque, de par sa participation active au développement musical grandiose des 70’s, mais aussi à cause de sa fascination pour l’occulte, enfin, quand même, cette omniprésence est presque troublante…
Pourtant, l’histoire et les aventures du dénommé J.X. WILLIAMS sont très prosaïques. Rien de surnaturel, rien d’inexplicable, un parcours bien réaliste, malgré des actions/réactions tout sauf pragmatiques.
Que ceux qui ne connaissent pas le lascar ne se laissent pas abuser par un patronyme insolite. J.W. WILLIAMS n’est qu’un pseudo, et vu la vie du bonhomme en question, une couverture nominale n’était pas de trop.
WILLIAMS, c’est un mélange subtil de Kenneth ANGER, de Ed WOOD, d’Al ADAMSON, de Sammy Davis Jr, et d’un peu toutes ces figures de proue de l’ambiguïté totale, des accointances dangereuses, et d’un travail laborieux de tous les instants. Il aurait pu devenir le Cecil B. De Mille de la déviance cinématographique, s’il n’avait eu des idéologies gauchistes assumées. Après avoir été blacklisté par la commission des activités anti américaines, il dut s’exiler et renoncer à ses rêves de gloire.
Mais le cinéma, toujours le cinéma… Pour rester dans le circuit, il devient réalisateur de polissonneries pour le compte de la mafia locale, friandises toujours promptes à offrir leur lot de créatures pulpeuses et fort peu vêtues, et surtout clé d’un business très lucratif. C’est à cette époque qu’il va nouer des liens assez étroits avec la pègre, et qui détermineront plus ou moins les turpitudes de sa vie à venir.
Mais au-delà de son entourage, de ses frasques, de son comportement outrancier, WILLIAMS fut surtout l’auteur de perles cinématographiques plus ou moins visibles (plutôt moins que plus d’ailleurs…), telles que Peep Show, qui fera dire de lui par Henri Langlois qu’il était « Le leader de la nouvelle vague américaine », l’incandescent Jezebel, ou encore le très très barré The Virgin Sacrifice, dont Sammy Davis signa la musique, avant de la récupérer et de se barrer dare-dare…
Mais ses tournages pouvaient aussi se révéler être de vrais traquenards…A ce titre, lire l’énorme passage ou est décrit le tournage de Kaboom !, sorte de film de gangsters du pauvre, avec pourtant un vrai malfrat au casting… Les avatars de la réalisation, combinés aux magouilles sans nom de Williams avec la pègre et son acteur principal qui croit qu’on tire à balles réelles, tout ceci se déroulant sous les yeux d’une très juvénile Dana Plato (mais si, vous savez, la fille Drummond dans Arnold et Willy…), c’est un pure délice, un fantasme d’accro à l’underground, le vrai, le dangereux, le sulfureux…
Mais outre la vie de WILLIAMS qui pourrait aboutir à un film passionnant, c’est la manière dont elle est comptée qui fait toute la force de cet ouvrage.
Sorte de jeu de piste constellé de témoignages où les indices flous affluent, expliquant ceci tout en occultant cela, les noms manquants, les phrases lourdes de sens non assumées, les multiples protagonistes mystérieux, les autres bien plus fameux, ce jeu dresse un véritable labyrinthe dont il est très difficile de s’extraire, à condition de ne pas préférer l’immersion totale, ce qui fut mon cas.
Et on finit la lecture en ayant l’impression d’en savoir plus, pour finalement réaliser qu’on ne sait vraiment pas grand-chose. Et c’est le meilleur hommage que l’on pouvait rendre à cet olibrius déjanté, à ce doux dingue castré par la vie et Hollywood, qui n’a jamais voulu échanger ses burnes contre une jolie statuette dorée (même si il garda une haine tenace envers Coppola et la pluie d’oscars qui a accompagné la célébration du Parrain, film « qu’il était le seul à pouvoir réaliser »…
Car la vie de J.W. WILLIAMS fut un puzzle géant, dont les pièces véritables étaient constamment changées par d’autres n’ayant rien à faire là. Ce qui confère à son œuvre une aura quasi mystique, malgré la médiocrité de la plupart de ses réalisations.
Notez que la préface a été rédigée par M. Dionnet, maître es Bis et déviant, et qu’elle justifierait presque à elle seule l’achat de ce livre.
Mais franchement J.W., piquer sa musique à Jimmy Page…
Ajouté : Jeudi 10 Février 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Noir Website Hits: 61759
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