LES CONFESSIONS D’UNE GROUPIE (I'm With The Band) (2009)
Auteur : Pamela Des Barres
Traduction : Julia Dorner
Langue : Français
Parution : 9 octobre 2009
Maison d'édition Française : Le Serpent à Plumes
Nombre de pages : 390
Genre : Conte de fée universel
Dimension : 16 x 22 cm
ISBN-10 : 2268068927
ISBN-13 : 9782268068923
Il est temps, après avoir parcouru la prose si masculine de nombreux auteurs, d’apporter un peu de légèreté à cette rubrique emprunte de testostérone. Et pour une fois, la frivolité, la joie, la sincérité, la simplicité seront de mise, ce qui est relativement rare dans ces colonnes.
Pour ceux dont le nom de la plume de cet ouvrage n’évoquera rien, précisons d’emblée que Pamela Des Barres (Pamela Miller de son nom de jeune fille) fut à la libération des mœurs aux Etats-Unis ce qu’Angela Davis fut au droits civiques. Une icône. Une figure. Une légende.
Et c’est justement cette légende qui est retranscrite ici, avec les mots même de l’intéressée.
Une petite mise au point s’impose. Je ne féliciterai pas la maison d’édition française ni la traductrice pour le choix du titre VF, qui ne rend absolument pas hommage au personnage. Le titre original, I’m With The Band est beaucoup plus adapté à l’histoire, car en effet, Pamela Des Barres était tout sauf une groupie, mais une groupeuse. Elle aimait la musique, elle aimait les rockeurs. Contrairement à des milliers de ses consoeurs qui ne souhaitaient rien de plus qu’épingler un nom connu sur leur tableau de chasse, Pamela a toujours été sincère, avec elle-même, mais aussi avec ceux qu’elle a aimés.
Et elle en a aimé, beaucoup, mais à la folie, à la limite de sa résistance physique et morale. Ses oreilles sont pleines de riffs, ses yeux de lumières et d’étoiles, et son cœur de souvenirs intemporels et inviolables.
Quand d’autres se contentèrent d’une existence bien réglée, protégée, Pamela a toujours vécu sur le fil, et au final, elle aura vécu cent vies, que personne ne peut lui reprendre.
De toutes ces aventures, trois auront vraiment marqué sa vie, avant qu’elle ne rencontre son marquis décadent, Michael Des Barres.
Chris Hillman des BYRDS, BURRITO BROTHERS et MANASSAS, Don Johnson, futur flic à la Lamborghini de Miami Vice et bien sur Jimmy Page, l’ange noir de LED ZEPPELIN.
Autant de chemins croisés qui auront peint sa jeunesse de couleurs éclatantes dans les moments de bonheur mais aussi de teintes sombres pendant les heures de dépression.
Pamela aimait les musiciens, et ne pouvait rien faire contre ça (Don Johnson était aussi guitariste/compositeur à cette époque, et sortira deux albums très dispensables dans les années 80). Alors, lorsqu’elle en rencontrait un dont la musique l’hypnotisait, et dont la beauté l’envoûtait, elle finissait toujours par voir son pantalon en tire bouchon sur les chevilles. Keith Moon, des WHO. Mick Jagger. Noël REDDING, bassiste du Jimi Hendrix Experience. Et d’autres, plus obscurs.
Mais il serait incroyablement réducteur de ne voir dans cette autobiographie qu’un listing des conquêtes de Mlle Miller. Car il ne s’agit ni plus ni moins que du récit d’une époque révolue, enterrée, celle de la fin des sixties et du début des seventies, fertile en anecdotes salaces, en concerts dévastateurs, et en créativité artistique sans bornes. Epoque ou Robert, Jimmy, John Paul et John enfonçaient des têtes d’espadon dans le sexe de leurs groupies plus ou moins consentantes, juste après avoir enflammé un stade au son électrique du riff de « Whole Lotta Love ». Epoque ou la drogue, l’alcool coulaient à flots sans que les autorités ne viennent déranger la fête, ou que les journalistes n’étalent cette collection de débauches à la une des tabloïds.
Celle ou on pouvait être soi même, libre, insouciant, sans se préoccuper du quand dira t’on. Et la musique, toujours la musique…
Ce livre se lit comme le journal intime de Pamela, dont de nombreux extraits sont reproduits, pour la véracité, la poésie, l’extravagance. De sa vie chez la famille ZAPPA, dont elle fut la nounou de Dweezil, futur Hard Rockeur de bon ton, jusqu’à son union avec Michael des Barres, le père de son fils, rien n’est occulté. Tout est écrit dans le pur style d’une jeune fille en fleur qui découvre que la Californie est son eldorado, le Rock sa drogue, et l’amour sa raison de vivre.
Beaucoup l’ont vue comme une vulgaire salope tailleuse de pipes, d’autres comme une gentille allumée un peu désaxée et orientée cul, mais mon Dieu que tout cela est faux. Car lorsque vous lirez ses souvenirs sur son propre groupe, les GTO’S, vous comprendrez que cette fille ne voulait qu’une chose. Trois plutôt. Les lumières, la musique, et la liberté.
Rendez lui hommage, et lisez ce livre, il le mérite. Le style est certes tout sauf académique, la construction plutôt linéaire, mais de nos jours, le souffle de l’indécence pure est presque devenu une utopie, dans une époque où le marketing est roi, et l’image savamment travaillée.
Lisez l’histoire d’une fille naturelle qui n’a rien demandé d’autre que de vivre ses vies comme elle l’entendait.
Et si la légende vous sied, jetez un œil à deux films fabuleux directement inspirés de la vie de Pamela. Le premier, et indispensable, Almost Famous, avec Kate Hudson , est une ode, un sonnet filmé qui laisse les larmes aux yeux bien des heures après sa fin. Le second, Sex Fans Des Sixties, avec Susan Sarandon et Goldie Hawn, n’est rien de moins qu’hilarant autant que touchant.
Marrant quand même de voir que dans ces deux films, on retrouve en tête d’affiche la mère et la fille.
Mesdames, votre liberté a été acquise grâce à ces femmes. Il serait de mauvais ton de ne voir en elles que de vulgaires groupies.
Car Pamela fut tout sauf une groupie.
Elle était une nymphe qui a traversé le plus beau des contes de fées, et qui a repassé le miroir une fois le fameux « Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » prononcé.
Je t’aime Pamela.
Ajouté : Jeudi 14 Octobre 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Le Serpent à Plumes Website Hits: 69696
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