Il est bien fini le temps du Black Metal des premiers albums ; James Fogarty confirme ici son changement de cap. Il est même assez étonnant de constater combien il a souhaité piocher dans ses influences diverses – à l’exception notable du Black avec lequel il a pourtant débuté sa carrière - afin d’accoucher de ce nouveau projet. Conspiritus est donc une œuvre hybride et schizophrène, un concept-album sombre. On constate différentes ressemblances que Fogarty ne renie pas, dont KILLING JOKE évidemment, mais aussi PINK FLOYD et, du fait des dialogues et du thème abordé, QUEENSRYCHE sur Operation : Mindcrime.
Conspiritus jouit d’une construction musicale compliquée, souvent progressive, mais privilégiant l’émotion à la complexité. On y trouve de forts apports de synthé (limite indus), des samples, des bruitages divers venant renforcer l’ambiance. Si les métalleux purs et durs risquent de ne pas adhérer, les goths pourront par contre être séduits par l’aspect mélancolique de l’ensemble.
Passé l’intro, « It’s Not Reality » surgit avec son riff et ses nappes de clavier. Il s’agit d’un single évident, au gros potentiel. « Transcend The Senses » est un titre étrange qui serait presque instrumental s’il n’y avait pas ce texte récité ; il m’avait beaucoup irrité à la première écoute, pourtant je suis désormais convaincu qu’il s’agit d’un des meilleurs morceaux.
La production est excellente. Quant au mixage, il est assuré par John Fryer (N.I.N, PARADISE LOST, HIM) qui fait un travail remarquable. On notera toutefois qu’il a eu la main lourde sur le mix live de « How To Conquer The World » qui semble avoir été enregistré devant 50.000 personnes. C’est efficace mais peu crédible.
« Far Away From Heaven » a un final interminable qui contribue beaucoup à l’ambiance de l’album mais qui est insupportable dès la seconde écoute ; il faut zapper au moins 1 minute 30 ! C’est à peu près tout ce qu’on peut dire de mal sur cet album qui renferme de nombreuses qualités et une personnalité évidente.