GENITAL GRINDER (it) - Abduction (2015)
Label : Eyes Of The Dead Productions
Sortie du Scud : 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Crust Death Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 36 Mins
En musique comme dans la vie, il y a ceux qui louvoient, qui adoptent une trajectoire sinueuse et qui pratiquent l'art du vicieux et du détourné.
Et puis il y a les autres, moins finauds, plus francs du collier qui privilégient l'attaque frontale, sans se poser de questions. Le Death, le Grind, le Crust regorgent de ces groupes qui foncent bille en tête sans se la prendre justement. Qui avancent comme un blindé sur le champ de bataille et qui écrasent tout sur leur passage. On peut préférer ce genre de confrontation, ça a son charme. Et tant que j'y suis, j'ai décidé de consacrer quelques lignes aujourd'hui à un combo qui justement, ne s'embarrasse pas de principes.
Cela dit, en optant pour un patronyme comme GENITAL GRINDER, on laisse dès le départ peu de place au doute...
Mais l'histoire est plus complexe, et plus intrigante. Et plus floue que la musique aussi d'ailleurs...
GENITAL GRINDER est né à l'orée des années 90, et sort son premier LP en 2015. Ce fait est loin d'être anecdotique, et l'histoire de leur vie n'est pas banale.
Formé en 1990, le quintette a évolué pendant deux ans sous le nom de MASS SLAUGHTER (pas plus emphatique d'ailleurs comme baptême), avant de refaire sa carte d'identité, sans pour autant être plus actif. Après deux démos enchaînées coup sur coup, silence radio pendant dix ans, puis sortie d'un EP promo en 2002, avant de se taire encore une fois pendant treize ans.
Une trajectoire somme toute assez étrange...
Mais peu importe le CV, la seule chose qui compte, c'est que GENITAL GRINDER aujourd'hui est enfin fin prêt à conquérir le monde et à massacrer le plus de gens possible. Ce qui nous ramène à l'introduction de cette chronique, car les italiens font assurément partie de la deuxième catégorie d'individus définis.
Dans le cercle assez fermé du Death barbare à tendance Grind, il y a deux options possibles. Tout arracher au passage avec des riffs sommaires et des rythmiques qui s'époumonent, ou au contraire, insuffler à ses coups de boutoir suffisamment de technique pour faire ça proprement. Les musiciens de GENITAL GRINDER ayant un bagage instrumental indéniable, c'est donc cette seconde voie qu'ils ont choisie, et force est d'admettre que leur Abduction n'est rien de moins qu'une énorme déflagration assourdissante, une attaque frontale pleine puissance qui éclabousse les écouteurs.
La lignée de charcutiers tranchant dans le vif est longue, presque une dynastie. GENITAL GRINDER de ce fait se fait une petite place dans l'arbre généalogique de l'ultra brutalité, pile entre les bouchers post mortem de CANNIBAL CORPSE, et les médecins sadiques d'ABORTED. On pourrait aussi parler de leurs proches cousins SEVERE TORTURE, CRYPTOPSY, BEHEADED, enfin en gros, tout ce qui cogne tous azimuts, sans faire preuve d'aucune pitié pour les victimes.
Onze morceaux, un peu plus d'une demie heure, c'est concis, et ça fonce, tout en aménageant de courtes pauses pour reprendre son souffle. Les titres évoluent en grande majorité autour des trois minutes règlementaires, avec une seule exception, "UFO" qui justement, se complaît dans une lourdeur grasse assez inhabituelle. Un autre écart notable à signaler, plus lapidaire celui ci, "Game Over", qui ne dévie pas d'un Death Crust barbare et véloce, avec une partie en double grosse caisse qui pilonne, sans pour autant négliger d'aligner les riffs acides qui lacèrent.
Le reste de l'album est cohérent, et le Death/Grind/Crust reste maître de bout en bout. Loin des exactions sanglantes de bon nombre de ses compatriotes, GENITAL GRINDER affine ses attaques pour qu'elles gardent un maximum de puissance et d'efficacité, et les petits plans truffés de technique sont légion. Mais les italiens ne les utilisent que pour arriver à leurs fins, et pas du tout dans un but démonstratif, ce qui élargit encore plus l'amplitude du champ de leur musique.
Loin d'être de simples bourrins sans cause, le quintette sait parfaitement équilibrer finesse de composition et franchise d'exécution, ce qui rend Abduction si pertinent de bout en bout. Et même si la basse n'est la plupart du temps qu'un énorme grondement sourd en arrière plan, les guitares et la batterie sont en parfaite osmose, laissant toute latitude à Gala pour vociférer comme un beau diable. Parfois, lorsque la technique et la brutalité atteignent un paroxysme, la douleur n'en est que plus grande ("Undead", qui fait exploser le thermomètre), mais les Italiens multiplient tellement les plans à toute allure que leurs morceaux prennent des airs de typhons qui soulèvent tout sur leur passage ("Everybody Killing").
En gros, pour savoir de quoi il en retourne sans poser une oreille sur cette saillie sulfureuse, imaginez le meilleur sniper de sa promotion, équipé d'une arme à répétition, et qui défouraille tout le monde sur son passage sans gâcher une seule cartouche. De l'ininterrompu qui frappe précis et juste, et qui laisse un champ de bataille propre, jonché de corps tombés d'une balle dans la tête.
Vous voyez un peu le tableau, et bien Abduction, c'est exactement ça. Huilé, graissé, brillant, mais mortel.
Une combinaison fatale n'est ce pas ?
Ajouté : Lundi 07 Décembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Genital Grinder Website Hits: 5174
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