MAYHEM & BURZUM : A Feu et à Sang (2010)
Auteur : Nicolas Castelaux
Langue : Français
Parution : 1er janvier 2010
Maison d'édition : Camion Noir
Nombre de pages : 288
Genre :
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 2357790520
ISBN-13 : 9782357790520
L’épisode le plus sombre de l’histoire du Black Metal n’en finira donc jamais d’inspirer les auteurs, comme en témoigne cet ouvrage. Il est vrai que l’aura de mystère qui enveloppe la naissance et l’envol de la scène norvégienne du début des années 90 à de quoi fasciner, moi le premier en tant que lecteur.
De par mon âge, j’aurais pu connaître les faits en temps réel. Malheureusement, je ne suis pas né du bon côté du globe, et à la place, j’ai eu le droit de vivre en live l’épopée du Metal français, beaucoup plus insignifiante vous l’aurez compris.
Cet ouvrage se veut l’exact contrepoint du tristement célèbre Lords Of Chaos (chroniqué ICI), de Michael Moynihan. Depuis la sortie de ce pamphlet dangereusement orienté, les langues se sont déliées, les avis confrontés, et le parti pris fut totalement dénoncé, notamment par Varg Vikerness, qui souligne la subjectivité totale du livre à son égard.
Alors MAYHEM & BURZUM : A Feu et à Sang est il le bouquin ultime qu’il faut avoir lu pour comprendre les méandres du subconscient de musiciens profondément troublés par leurs propres croyances ?
C’est possible.
Ici pas de camp choisi à l’avance, on décrit, on écrit, et c’est tout. Les caractères ne sont définis qu’au travers de leurs propres actes, et c’est tant mieux. La prose est fluide, agréable, et une fois plongé dans les pages, on en ressort qu’une fois l’ouvrage terminé. A ce titre, et si l’on est passionné comme moi par le sujet, le but de l’auteur est atteint.
Pour une description plus précise, inévitable pour le lecteur potentiel, il faut s’immerger une fois de plus dans ce pan de l’histoire du Metal qui a dépassé depuis longtemps ce simple cadre. Alors pour ceux qui n’auraient fait qu’effleurer cette période, il me faut vous avertir que l’on ne sort pas indemne de cette lecture. Vous allez rencontrer ici des individus peu recommandables, du genre que l’on n’oublie jamais.
Les trois protagonistes principaux sont bien sur Øystein Aarseth, alias Euronymous, Kristian Vikernes, ou Count Grishnakh, et Dead, le bien auto surnommé Per Yngve Ohlin. Leur rencontre, leurs liens, leur vision, et leur animosité.
Trois vies qui se sont croisées pour le plus grand bien de la légende, et pour la plus grande infortune de leur destinée.
L’intérêt du livre est d’en dire un peu plus sur le personnage mythique et finalement si peu connu de Dead. On connaissait la légende des fringues enterrées dans des cimetières et l’anecdote du corbeau, mais pas grand-chose de plus.
On le découvre ici dans sa « vie » quotidienne. Et l’on s’aperçoit à quel point le premier incident qui a failli lui coûter la vie alors qu’il était encore très jeune a pu influencer ses choix et désirs. Per ne vivait que par obligation, et ne recherchait à travers sa survie quotidienne qu’un moyen de se rapprocher le plus possible de ses derniers instants. Demandant même à Euronymous de l’enterrer pendant trois jours pour avoir des champignons lui poussant sous les yeux. Et on constate à travers ces témoignages qu’il est le moteur principal des choix artistiques du vrai MAYHEM, son décorum de scène, et son attitude violente et nihiliste.
Øystein Aarseth quant à lui, est décrit comme le visionnaire, celui qui a su avant tout le monde la direction à prendre. L’homme d’affaire volontaire mais incapable, le provocateur et profanateur par procuration, le leader par besoin, et le martyr par nécessité. Se déclarant communiste, sodomite et sataniste, il était de son vivant aussi décrié qu’admiré. Et rien n’a changé depuis. Ses contradictions en ont fait une cible facile, mais admettre qu’il n’a pas toujours su gérer sa passion ni ses intentions reste le postulat le plus fiable.
Quant à Varg Vikernes, il reste le meurtrier qu’il a toujours été, le misanthrope fasciné par son propre ego, se repaissant de ses propres déclarations. Un opportuniste qui n’a pas hésité à franchir la ligne et à passer à l’acte.
Toute cette triste histoire est narrée ici, avec force détails, notamment concernant la partie la plus graphique du meurtre commis par Vikernes. On reconnaît bien là le style de l’auteur, déjà fasciné par les tueurs en série, et qui ne renâcle pas à en rajouter pour attirer le lecteur. Mais le style est ici guidé par les faits et l’ambiance.
La partie la plus instructive concerne la période post condamnation de Varg, qui décrit les conséquences sur les vies des survivants du carnage. On apprend sans aucune surprise que les medias se sont emparés de l’affaire pour en faire leurs choux gras et une fois de plus faire l’amalgame entre tous les courants du Metal, pour mieux montrer du doigt les vilains chevelus qui gardent une influence néfaste sur nos jolies têtes blondes.
On constante aussi que ce gigantesque coup de pub aura servi à Hellhammer et Necrobutcher, simples exécutants, ne s’étant jamais intégré au mythe, pour continuer l’histoire de Mayhem, faisant tomber de son piédestal ce groupe si malsain, le transformant en barnum tout juste bon à faire peur aux serveuses des festivals d’été.
Finalement, les vrais opportunistes sont là. Les mains bien propres, la conscience tranquille, ils ont capitalisé sur la violence intérieure de leurs anciens comparses pour se faire une place au soleil de la haine.
Varg est depuis sorti de prison. Il a plus ou moins renié ses prises de positions pro nazies, pour s’isoler dans une ferme Norvégienne avec femme et enfants. Tout en continuant de déclarer que la société nordique ne sera bientôt plus constituée que d’étrangers. Une contradiction de plus chez un homme qui est coutumier du fait…
Et après lecture au final, un seul homme reste debout, sincère, honnête, fidèle à son credo. Un seul dont la réputation reste inattaquable, même 20 ans après. Le seul qui aura vécu l’aventure Black Metal jusqu’au bout, sans se soucier des autres, sans se soucier de sa crédibilité.
Dead.
Je le laisse donc clôturer cette chronique avec un extrait de « Life Eternal », dernier texte qu’il ait rédigé, et dans lequel je me reconnais tant :
"Je suis un mortel, mais suis je humain? Que la vie est belle quand approche la fin...Un destin d'homme, mais rien d'humain à l'intérieur, que restera t'il de moi quand je serai mort, puisqu'il n'y avait déjà rien quand j'étais vivant. Ce que j'ai trouvé, c'est la paix éternelle. Je ne manquerai à personne..."
Ajouté : Lundi 15 Février 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Noir Website Hits: 53649
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