SLAYER : Full Metal Target (2009)
Auteur : Jean-Paul COILLARD
Langue : Français
Parution : octobre 2009
Maison d'édition : Camion Blanc
Nombre de pages : 576
Genre : Biographie
Dimension : 15 x 21
ISBN-10 : 2357790245
ISBN-13 : 9782357790247
Il était temps quand même. C’est vrai. On avait eu droit au ZEP, au SAB’, à NIRVANA, à METALLICA, MAIDEN, au DEATH METAL, OZZY, RAMMSTEIN, MÖTLEY CRÜE, MOTÖRHEAD, RAGE AGAINST THE MACHINE…
Je n’étais pas contre cela dit, tous méritaient bien quelques pages. L’histoire se doit d’être aussi exhaustive que possible, et il faut bien se consacrer aux grandes figures dans un premier temps. Mais merde enfin, il manquait quand même quelque chose dans tout ça, c’était comme des toilettes trop propres, avec un rouleau de pécu tout neuf, et une bombe désodorisante au jasmin…Où était donc passé le balai à chiottes plein de merde, qui pue, qui suinte et qui glisse dès qu’on le prend en main…
Il fallait attendre c’est tout. Et à cette collection de maîtres d’œuvre du grand fracas sonore, manquait à l’appel les plus grands seigneurs du chaos de cette fin de 20ème siècle…SLAYER !!!!
Voilà, c’est fait. J’ai lu le bouquin, je me suis enfilé les 576 pages, j’ai relu, pris des notes, souligné des trucs, parce qu’il n’y a que comme ça qu’on ne risque pas de passer à côté de quelque chose…
Mon cher Jean-Paul COILLARD, je dois d’abord dire que tu as de sacré balloches. Parce qu’écrire sur un groupe aussi culte et controversé que SLAYER, faut quand même en avoir. Moi aussi, comme toi, je suis le groupe depuis ses (presque) débuts, et il est évident que je ne vais pas être ton seul lecteur dans ce cas là. Et tout comme toi, je suis un fan hardcore.
Cet ouvrage est une bio, bien sur, et d’une précision aussi diabolique que les riffs de nos quatre compères. Mais il faut plus la prendre comme un journal de bord, un carnet de vol, d’un auteur qui s’est retrouvé plus d’une fois entraîné dans le cockpit, sans vraiment savoir ce qui lui arrivait.
La première partie est assez formelle. La mise en place de l’hydre à quatre tête est narrée d’une façon relativement académique, et il est amusant de constater, à l’instar de nombreux autres groupes, que Jeff, Kerry, Tom & Dave se sont rencontrés d’une façon hasardeuse, mais surtout, se sont réunis à cause d’une passion commune, le Heavy Metal et le Punk, genres qui sont à la base même de l’inspiration de leur musique.
La suite de l’ouvrage, à partir de la gestation de Show No Mercy, jusqu’aux prémices de World Painted Blood, s’amuse avec la ligne temporelle, et nous projette dans le futur tout en nous faisant revenir dans le passé, jusqu’au présent.
L’auteur, plein de parti pris et pas du tout objectif, n’essaie pas de se la jouer « écrivain honnête », en se contentant de décrire de simples faits. Cela peut agacer au début, mais on se rend compte que ce style de focalisation est la seule qui puisse convenir à SLAYER. Car ce groupe est fort en gueule, n’hésite pas à déranger, à casser du sucre sur le dos de tout le monde, sans éprouver le moindre remord. Et l’option choisie prend tout son sens une fois ce postulat admis.
Comme son groupe fétiche, il assume ses choix, et de fait, rend le livre encore plus passionnant.
Alors oui, vous allez lire des choses (déjà publié dans d’inoubliables interviews de Kerrang !, Hard-Rock Magazine, Metal Hammer ou même…Slayer !!) amusantes, surtout lorsque Jean Paul laisse la parole à ses sujets d’étude.
On le savait déjà, entre Dave MUSTAINE et SLAYER, c’est pas le grand amour. Même s’ils ont réussi à établir une paix toute relative lors du Clash Of The Titans du début des 90’s, ça n’a jamais été plus loin qu’une très légère entente cordiale.
SLAYER n’aime pas non plus METALLICA. Des vendus, des stars de Pop-Rock, ou plutôt de « Bob Rock » comme le souligne ironiquement le gros Kerry.
En fait, SLAYER n’aime pas grand monde, à part JUDAS PRIEST. Même VENOM, dont on pouvait croire qu’il échapperait à l’ire de notre quatuor maudit, à droit à une volée de bois vert en plein dans la face (« De la merde », signé….Kerry bien sur !!!).
Et il faut admettre que le personnage central, celui choisi par le rédacteur pour représenter au mieux le groupe, c’est définitivement Kerry KING, le « Gardien du temple » comme il se plait lui-même à se définir (d’ailleurs, chaque photo illustrant un nouveau chapitre est un cliché du sieur King…). Kerry est sans cesse mis en avant, certainement de par le fait qu’il reste quand même la plus grande gueule des quatre, celui qui n’a jamais hésité à parler, tout du moins quand on lui a demandé son avis…
Toute la carrière de SLAYER est détaillée à l’extrême (comment aurait il pu en être autrement ?), chaque tournée, chaque interview importante, chaque vidéo, chaque single ou album est passé au crible, et rien ne pourra vous échapper.
Mais plus qu’un ouvrage sur un groupe et sa carrière, c’est à une véritable épopée de la musique bruyante qui nous est offerte, ce si fameux Thrash dont METALLICA s’est vu attribué la paternité, qu’ils ont vite reniée par la suite. On parle de tout le monde dans ce Full Metal Target (titre en référence au film de Kubrick, Full Metal Jacket, que le groupe emmène toujours en tournée), du légendaire « Big Four » des années 80, avec ANTHRAX, MEGADETH et METALLICA, du Néo Thrash des années 90, avec MACHINE HEAD, jusqu’aux petits derniers de MASTODON ou IN FLAMES, enfin bref, tous ceux qui ont un jour partagé les locaux de répète , la réputation ou la scène avec SLAYER.
Et là, il faut admettre que le but de l’ouvrage est atteint. Car ne vous y trompez pas, la seule volonté de Jean Paul COILLARD était de replacer SLAYER à sa juste place sur l’échiquier mondial, à la place d’honneur.
Celle d’un combo qui en a influencé tant d’autres, qui a traversé les années sans rien perdre de sa fureur, ni de sa crédibilité, ni de son succès.
Combien sont les groupes qui peuvent se targuer d’avoir une carrière de 30 ans au service de l’ultime, sans avoir rien renié, sans avoir appuyé sur la pédale de frein ?
« Angel Of Death », « SS-23 », « Jihad » ils les ont écrites, et ils en sont toujours fiers. Ils sont conscients que leur épiphanie d’ultra violence sera toujours Reign In Blood. Ils sont au courant que le sommet de leur discographie sera toujours ce petit pavé compact de moins de 30 minutes que tous les metalleux connaissent et qui a été reconnu par la presse anglaise comme le meilleur album de Metal de ces 25 dernières années. Ils ne pourront pas faire mieux, ni plus rapide, ni plus méchant. Et ils s’en branlent.
Tout ce qu’ils souhaitent, c’est de pouvoir continuer à jouer cette musique intense sur scène, tout en étant réalistes et en admettant qu’ils ne se voient pas on stage à 60 ans à headbanger comme des crétins arthritiques.
Dans ce livre, ils sont souvent décrits comme les AC/DC de l’extrême. Ca peut paraître péjoratif de prime abord, mais il n’est rien de plus vrai. Car l’honnêteté a toujours été leur leitmotiv, aussi bien dans la musique que dans leurs déclarations orageuses.
Ce livre aurait pu être écrit la plume trempée dans le sang. Ce livre aurait pu (du ?) faire 666 pages. Ce livre n’est pas un testament (quoiqu’à l’heure où vous lisez ces lignes, leur avenir soit plus qu’incertain…), c’est un livre de souvenirs que l’on feuillette la rage au ventre et l’écume aux lèvres. Je n’oublierai jamais que SLAYER a un jour changé ma vie à jamais avec 10 petits titres qui m’ont fait comprendre que seule la musique serait ma compagne jusqu’à la mort. Que seule la musique ne me trahirait jamais. Et comme le dit si bien Tom, à la page 537 :
« La musique peut t’entraîner loin de toi-même, c’est si cathartique. C’est un moyen pour les gens d’échapper aux choses qui les ennuient dans la vie. Ils peuvent soit en rire, chanter en chœur ou se mettre en colère : la musique est un état d’esprit, une émotion dont les gens se servent pour s’évader. »
C’est si vrai…Hell Awaits, Reign In Blood, South Of Heaven, Seasons In The Abyss…Autant de cartes postales de l’enfer que l’on s’est envoyé à soi même, comme si personne d’autre n’avait envie de les lire. Et en lisant ce livre, je me suis rendu compte que moi aussi j’avais vieilli, que j’allais avoir 40 ans, et que j’écoutais toujours cette musique sortie des flammes pour oublier que ma vie n’a aucune importance. Et moi aussi, comme Kerry, je m’en branle. Je peux crever demain, ça n’aura aucune incidence, et je ne serai pas triste. Je partirai les oreilles remplies de décibels, et le cœur léger d’avoir vécu ça, avec vous.
“Incantation spell gone by
I will live again
My deals will made eternally
I signed the book in red
My rage will be unleashed again
Burning the next morn
Death means nothing, there is no end
I will be reborn…”
SLAYER: 1981/2010.
(PS : Jean Paul, tu aurais pu quand même un peu plus soigner la présentation, et choisir un peu plus de photos. La période Reign In Blood et les clous, c’est cool, mais presque que ça !!!).
Ajouté : Samedi 16 Janvier 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Blanc Website Hits: 52029
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