ARCADE MESSIAH (ie) - III (2016)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 25 novembre 2016
Pays : Irlande
Genre : Post Rock
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 42 Mins
Cela vous est-il déjà arrivé de passer une nuit dévoré par la fièvre ? Vous essayez de trouver le sommeil mais vous êtes comme englué dans un rêve qui tourne en boucle. Vous revivez sans répit la même séquence. Comme si vous erriez dans le labyrinthe du minotaure, qu'à chaque intersection vous preniez toujours à droite en sachant pertinemment que ce n'est pas la bonne direction et que vous ne faites que vous enfoncer plus profondément dans le dédale. Pour ne rien arranger, les murs sont uniformément ternes et tristes. Ce rêve de fièvre n'est pas juste éprouvant et répétitif, il est aussi très ennuyeux.
Un rêve de fièvre, c'est exactement l'impression que donne III. Dès l'artwork : le dessin d'une planète de cauchemar complètement urbanisée et parcourue d'autoroutes qui semblent s'enrouler sur elles-mêmes. On imagine les automobilistes perdus dans cet inextricable réseau qui naviguent sans fin ni espoir, comme s'ils étaient sur un anneau de Moebius. A l'écoute du disque, rien ne vous sortira de la prison de son. La musique vous emprisonne et vous perd dans son labyrinthe aussi sûrement que le ferait un rêve de fièvre.
III est le dernier projet du groupe ARCADE MESSIAH. Derrière ce patronyme énigmatique se cache un one man band irlandais constitué du multi-instrumentiste John Bassett. Comme son nom l'indique, cet album est le troisième de la série, précédé par I sorti en novembre 2014 et II, en novembre 2015. Il est comme ça, John Bassett, régulier comme un coucou suisse. Sur le fonds, c'est comme sur la forme, le musicien est d'une grande constance, d'une grande régularité. C'est la moindre des choses quand on est tout seul pour monter un projet, il faut se prendre par la main. L'avantage c'est qu'on ne dépend de personne, l'inconvénient c'est qu'on n'a que son avis comme baromètre.
Si le climat musical varie d'un opus à l'autre, les trois disques délivrent le même genre de Post Rock. Une musique par essence très atmosphérique que l'exil du musicien à County Sligo, Irlande a rendu encore plus contemplative, mais également plus complaisante.
La complaisance, c'est la chausse-trappe dans laquelle tombent facilement les groupes oeuvrant dans la musique Progressive et notamment dans le Post Rock. C'est céder à la tentation d'étirer un mouvement un peu plus que de raison ou d'insister un peu lourdement sur un motif. Ce qui a pour effet d'allonger des compos dont l'équilibre fragile devrait reposer sur la recherche de la juste durée. De la longueur oui, mais de la variété s'il vous plaît !
Malheureusement, le projet de ARCADE MESSIAH tombe des deux pieds dans le piège de l'auto-satisfaction et livre six compos certes bien exécutées, certes bien troussées mais vraiment beaucoup trop répétitives et bien trop longues. A subir ce disque on finit même par voir des signes annonciateurs à tous les coins. Sur l'artwork comme dans les titres de la tracklist qui, sous le coup de l'ennui, prennent un sens prémonitoire ("Citadel", "Delivrance", "Life Clock" ou l'interminable "Revolver").
Si le Post Rock peut se permettre de développer un même motif contemplatif étiré sur plusieurs minutes, il faut aussi que la route mène quelque part. Une promesse qui ne débouche que sur elle-même, c'est comme la pluie sur la campagne irlandaise, comme une route qui serpente sans fin sur la couverture du disque, comme un dédale aux murs gris, comme un rêve de fièvre, quelque chose de pénible.
Ajouté : Dimanche 30 Avril 2017 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Arcade Messiah Website Hits: 5532
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