Deux choses pour cet après midi. D'une, il y a longtemps que je ne me suis pas intéressé à la scène russe de Saint-Pétersbourg, de deux, il y a encore plus longtemps que je m'étais pas envoyé un EP à la durée plus que raisonnable.
Ces deux erreurs sont maintenant corrigées, puisque je suis en train (pas encore mais presque) de vous entretenir du nouvel EP des russes d'EFRITAH, qui viennent donc logiquement de Saint-Pétersbourg, et qui balancent quatre titres en à peine dix minutes.
EFRITAH, c'est du solide. Formé en 2012 par un ex BEARS IN USHANKA, groupe Math local reconnu, dans un désir d'exprimer des vues sur un Post aux grosses tendances Crust sombres, le groupe a déjà sorti un 7'' et un premier EP, avant de changer de chanteur juste avant l'enregistrement de celui ci. Ce dernier devrait d'ailleurs servir de terreau propice à la floraison du LP, très prochainement, et au vu du potentiel du combo, je ne cache pas mon impatience.

On parle de Screamo à leur encontre, mais rien n'est plus faux. EFRITAH, c'est du brutal, qui ramone comme une vodka frelatée à six heures du matin, et qui s'amuse beaucoup à mélanger la complexité du Math, la charge noire et compacte de DISCHARGE, et le Crust le plus fou et débridé.

Le choix de ce nouveau vocaliste fut éclairé, tant celui ci insuffle aux nouvelles compos une brutalité outrancière de premier choix, avec son timbre grave et rauque, qui prend le pli d'une section rythmique très asymétrique. Les autres continuent de faire ce qu'ils savent faire de mieux, bastonner sans se poser de questions, plaquer quelques équations, et les résoudre à grands coups d'accélérations mi-Crust mi-Grind, histoire de rendre l'ensemble aussi grognant qu'un plantigrade pas vraiment nonchalant.
Alors, en dix minutes, il faut faire vite, et convaincre sans ambages. C'est exactement la démarche adoptée par le combo, qui dès "Psy Voiny" ("Dogs Of War") balance les blasts en pleine gueule, avant de s'envoler vers des cieux Crust assez gris et chargés.
Rythmique tout en avant qui aligne les plans, accélère, décélère, et joue avec une sorte de yoyo artistique pour partir dans toutes les directions possibles, guitare qui laminent, se taisent, ratissent en arrière plan, soutenues par des choeurs vindicatifs et prononcés, dans la grande tradition Core. Les bases étant posées, le reste n'a plus qu'à dérouler.

Tous les titres suivent plus ou moins ce schéma établi, mais rivalisent de violence et de puissance. Tous sont aussi calibrés pour ne pas dépasser les trois minutes, ce qui rend l'attaque encore plus efficace, même si j'avoue une légère préférence pour le final "Golod Zverya" ("Hunger"), pour son intro qui explose dans une rage ébouriffante.
En gros, de chaque entrée, EFRITAH n'a retenu que le plus abrasif et explosif, sans laisser les nuances dans un coin du placard. Pour être clair, ils utilisent la rapidité du Grind, la véhémence du Crust et sa charge progressive, n'ont pas pour autant occulté le Hardcore qui teinte le tout au vitriol, et on survolé la gestion d'ensemble d'une technique Mathcore prononcée, mais pas envahissante ni démonstrative.
Le but du jeu étant de faire le plus de dégâts possibles, il était certain que les délires en déliés n'avaient pas droit de cité, et c'est d'ailleurs une très bonne chose.

De là à les classer dans un créneau précis, il y a une Volga que je ne franchirai pas. Contentez vous de ce que j'ai décrit, et de savoir que le moteur de cette entreprise ne carbure pas au diesel, mais bien au super distillé clandestinement, mais avec soin.
Un moteur qui chauffe et monte dans les tours, c'est parfait, un moteur qui surchauffe et vous joue un sale tour, ça ne sert à rien.

J'ai bien fait de revenir faire un tour à Saint-Pétersbourg, ça m'a collé la haine. Mais les gars, la prochaine fois, plus long le truc, plus long !!!