POWER TRIP / INTEGRITY (usa) - Split (2016)
Label : Magic Bullet Records
Sortie du Scud : 17 juin 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Crossover
Type : Split
Playtime : 5 Titres - 15 Mins
Quand deux groupes de la trempe de POWER TRIP et INTEGRITY sortent un split album, ça serait vraiment dommage de ne pas en profiter. Certes ces quinze minutes vont passer aussi vite qu'un petit coup de rein, mais avec les américains, vous êtes sûrs d'atteindre un climax auditif au moins aussi intense qu'une nuit de luxure.
Côté pile, trois brûlots made in INTEGRITY. Ce vénérable groupe de Hardcore fondé en 1988 compte à son actif une bonne cinquantaine de disques, dont sept albums. La liste des anciens membres du groupe est au moins aussi longue que celle de ses disques, mais c'est toujours le même hurleur, Dwid Hellion qui tient le micro et préside à la destinée de la formation. Sur ce split, INTEGRITY propose deux facettes de sa musique, deux chansons de pur Crossover où le chant éraillé et enragé de Dwid Hellion le dispute en agressivité à une rythmique pachydermique traversée par les éclats de virtuosité de la guitare. C'est badass à souhait quoiqu'assez prévisible. Une musique qui fait le job. Elle a le mérite de poser les bases sur lesquelles les comparses de POWER TRIP s'apprêtent à mettre une deuxième couche. Mais avant de laisser la place aux texans, INTEGRITY a une dernière chose à ajouter et le fait avec un ovni musical sur une galette de Crossover. Un écho délétère, une voie torturée qui répète en scie un inquiétant refrain, comme une litanie. "Her Eyes Is Filled with Stars" est une espèce de confession chuchotée par un mourant sur son lit de douleur. Une chanson d'une simplicité biblique où il suffit d'une guitare, un écho profond et ce chant inquiétant pour créer en à peine trois petites minutes un climat tout ce qu'il y a de plus glauque.
Côté face, les deux derniers pavés de POWER TRIP. Trois ans après leur debut album en forme de coup de batte de base ball dans la poire, ces nouvelles compos attestent du chemin parcouru par le quintet emmené par Riley Gale (chant). En six petites minutes et deux chansons, la formation s'empresse de mettre les pendules à l'heure sur les progrès réalisés depuis Manifest Decimation. Certes, deux chansons ne font pas un album, mais en l'occurrence, elles laissent envisager des lendemains qui chantent. C'est surtout la première, "Divine Apprehension", que ça se passe. C'est une chanson dans la veine de l'excellent premier album, la hargne et la violence du chant sont toujours au rendez-vous mais les compos sont plus techniques, les mélodies plus construites et le résultat plus bluffant. Cela démarre sans coup férir avec une énorme intro instrumentale où la rythmique enragée et bien Hardcore sert de toile de fonds à une partition de guitare lumineuse et Thrash à souhait. On joue vite, on joue fort et on joue surtout très méchant. Je prends les paris : impossible de ne pas headbanguer sur cette ouverture de près d'une minute à laquelle l'un des célèbres hurlements de bête blessée de Riley Gale vient mettre un terme. Le chanteur enchaîne avec un hymne Hardcore des plus efficaces que la guitare énervée de l'intro vient ponctuer de notes de feu ici et là. S'il vous reste encore un peu de forces, elles seront définitivement aspirées par la dernière piste de la galette, "Suffer No Fool". Il suffit de 2 minutes 30 au groupe pour enfoncer toute sa boite de clous en démontrant, si cela était encore nécessaire, que POWER TRIP est une formation sur laquelle on peut compter pour assurer la relève de la scène Thrash américaine vieillissante. Si, sur Manifest Decimation le chant était capté en retrait, il est désormais bien présent sur le devant de la bande. Ceci sans que les chansons perdent une once de leur spontanéité live viscérale, grâce à une production et un mixage aux petits oignons.
En synthèse, ce split nous offre un beau diptyque. Il y a du talent, de la puissance sous le capot et de la face A à la face B, du bon gros Crossover qui sent fort le sang, la sueur et la testosterone. A ma gauche, INTEGRITY, un groupe blanchi sous les harnais qui prouve qu'il a encore du jus dans le poireau. A ma droite, POWER TRIP, la jeune garde, piaffant d'impatience dont le talent précoce rassure le metalleux qui pourrait craindre la disparition de sa musique favorite avec les départs en retraite des groupes fondateurs. Ce split a largement de quoi le rassurer sur la capacité de la scène underground américaine à se renouveler.
Ajouté : Jeudi 22 Septembre 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Power Trip Website Hits: 6046
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