BLACK SABBATH (uk) - Technical Ecstasy (1976)
Label : Vertigo
Sortie du Scud : 25 septembre 1976
Pays : Grande Bretagne
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 40 Mins
Ce septième effort studio peut être considéré comme le disque de la discorde entre deux conceptions de BLACK SABBATH. A ma gauche, Tony qui voudrait tirer le groupe vers quelque chose de neuf. Sortir du trip "sorcières et messes noires" qui colle à BLACK SABBATH depuis trop longtemps. Aérer les compos, adopter un jeu moins plombé, plus lumineux, plus progressif aussi. A ma droite, Ozzy et les fans, qui voudraient que BLACK SABBATH continue à faire des disques dans la lignée des premiers albums, jusqu'à Sabbath Bloody Sabbath. Ils voudraient que le SAB arrête de chercher midi à quatorze heure et se contente de balancer du gros son. De ce combat de titans entre le musicien et le showman, entre le créateur et l'amuseur, c'est la méthode de Tony Iommi qui est retenue. Tout simplement parce que le guitariste s'est approprié depuis plusieurs années l'élaboration des chansons, la production et le mixage. Perdu dans les drogues et dans l'élaboration de son side projet, BLIZZARD OF OZZ, Ozzy Osbourne ne passe en salle de répétition que le temps strictement nécessaire à la fixation des mélodies et ne se préoccupe pas du reste, sinon pour constater que le reste ne lui convient pas. Les démos sont essentiellement écrites par Tony Iommi et le clavier Jezz Woodroffe avant que le groupe n'embarque pour les studios Criteria de Miami où l'album est enregistré (au même moment, et dans une autre salle des Criteria, le groupe EAGLES enregistre Hotel California).
Musicalement, Technical Ecstasy marque une rupture si nette avec les précédents albums qu'on se demande parfois s'il s'agit toujours de Heavy Metal. Certes, les brûlots Rock sont toujours présents sur la tracklist, comme "Backstreet Boys" ou "Rock'n Roll Doctor" dont les riffs en mode tronçonneuse, le chant mordant, la rythmique débordante de groove et un clavier un peu plus en retrait que sur les autres chansons ne laissent planer aucun doute. Il en va de même sur "You Won't Change Me", une chanson qui colle parfaitement à l'univers d'Ozzy dont les textes forts sont portés par un ensemble de claviers et guitare d'une grande puissance évocatrice. "If there's a God up there, well I hope he helps me / I need him now to set me free / 'Cause it may be that it's over for me / If you don't hear the things that I say, today / Nobody will change me anyway, no no way". Pour le reste, le disque lorgne dans des directions très différentes et manque de la cohérence auquel le groupe nous a habitués. Loin d'être désagréable, l'ensemble frise malheureusement le hors sujet. Par exemple, "It's Allright", la première chanson interprétée par Bill Ward que le batteur avait composée à l'époque de Vol.4 est une chanson mélancolique portée par un clavier et une guitare acoustique qui évoquent plus l'univers des BEATLES que celui du SAB. Citons également "She's Gone", magnifique ballade d'une tristesse absolue, où le chant désespéré de Ozzy est amplifié par un accompagnement de guitare acoustique et de violons. C'est beau, mais cela n'a pas grand chose à voir avec le Heavy Metal qu'on s'attend à trouver sur un album de BLACK SABBATH. Autre genre mais même constat avec "All Moving Part (Stand Still)" où les claviers et la basse imposent un rythme presque Disco plutôt déroutant.
Véritable OVNI dans la discographie du groupe, Technical Ecstasy n'a convaincu ni la critique, ni les fans. Ajoutant à la confusion, l'artwork choisi pour illustrer l'album aurait plus sa place sur un disque de PINK FLOYD, comme le dit si bien Ozzy "We didn't seem to know who we were anymore. One minute you had an album cover like Sabbath Bloody Sabbath, with the bloke being attacked by demons on it, and the next, you had two robots having sex while they're going up a fucking elevator." (Ozzy Osbourne, I am Ozzy, 2009).
Sans surprises, l'album ne trouve pas son public. Il est boudé par la critique et par les fans.
Une erreur de casting que Tony Iommi, rarement objectif quand il s'agit de juger ses créations, refuse d'admettre, préférant mettre l'échec sur le compte des autres "It was 1976, it was the time of Punk, and there was a whole new generation of kids" (Tony Iommi, 2012).
Technical Ecstasy est un disque de rupture. Il lui a juste manqué un peu de cohérence, et une meilleure cohésion entre les quatre fondateurs. Mais c'était sans doute trop attendre de la part d'un groupe fragilisé, éreinté par des procès, poursuivi par le fisc, par les drogues. Un groupe qui a créé de la musique à un rythme effréné pendant déjà huit ans mais qui a de plus en plus de difficultés à communiquer. Un groupe pris dans une course folle, tiraillé entre le renouvellement et la continuité. Un groupe dont la formation historique vit ses derniers instants.
Ajouté : Vendredi 20 Mai 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Black Sabbath Website Hits: 5930
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