UGLY KID JOE (usa) - Uglier Than They Used Ta Be (2015)
Label : Metalville Records
Sortie du Scud : 18 septembre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 49 Mins
Qui a dit que les blagues les plus courtes étaient les plus drôles ? Certes, l'adage se vérifie la plupart du temps, mais il arrive que certaines boutades s'étalent dans le temps, pour notre plus grand plaisir. Et ça n'est certainement pas les trublions indisciplinés d'UGLY KID JOE qui vont me contredire. Et encore moins leurs fans.
Qui a pu oublier ce clip, tourné pour que dalle sur une plage, qui a pu oublier cette chanson aux paroles caustiques et à la musique mi Hard - mi Funk, "Everything About You"? 1991, ça n'est pas si loin avouez le, et puis vous n'avez pas encore remisé au placard le Black Album, les deux Use Your Illusions ou encore Nevermind...
Certes, les années passant et les jeux de mots à la qualité allant décroissant ont pris le pas, les chansons sont devenus moins accrocheuses, et l'envie n'y était plus. Mais malgré ça, et pour l'amour de "Cats In The Cradle", le sale gosse avait définitivement gagné sa place dans notre gros coeur de gros hardos qui aime bien une tranche de poilade.
Une fois les JOE enterrés, il eut été facile de les laisser reposer en paix. Mais non, je les avais trop aimé pour ça, et je m'étais donc penché sur leur premier EP depuis un bail il y a trois ans, Stairway To Hell. Encore un calembour, une musique sympa mais sans plus, à vrai dire, je pensais l'affaire pliée. Mais c'était sans compter sur le sens de l'humour de nos faux surfeurs...
Alors ils sont retourné au charbon, comme des bleus. Campagne de crowdfunding atteinte à 206% à vingt jours de son terme, et voilà donc aujourd'hui le fruit de vos contributions enfin fraîchement pressé, en forme de pied de nez au passé, Uglier Than They Used Ta Be. Produit de main de maître par Dave Fortman (SLIPKNOT, EVANESCENCE) et accessoirement guitariste du combo, Uglier est l'album du grand retour, dix neuf ans après le mitigé Motel California.
La question est : sont ils encore plus vilains qu'avant ? Car là est le noeud du problème, puisque ce que l'on adorait chez eux, c'était cette fausse nonchalance trahie par de véritables morceaux accrocheurs, chantés avec ironie sur fond de textes roublards et de guitares mordantes...
Plus vilain, c'est possible, en tout cas, plus nombreux, c'est sur. De quintette, UKJ est passé sous la forme d'un septette, avec au line-up outre Whitfield Crane et Klaus Eichstadt, les indéboulonnables, on retrouve Sonny Mayo (guitare), Shannon Larkin (batterie), Zac Morris (batterie...aussi!), Cordell Crockett (basse) et donc Dave Fortman comme je l'ai déjà précisé.
Comme l'affirme Crane lui même :
"Il y avait beaucoup d'amour et de talent dans la pièce, et ça ressent clairement dans cet album."
De l'amour, du hasard et du talent, voilà qui résume bien le parcours et l'attitude des branleurs depuis leurs débuts. Mais ne vous leurrez pas, les gentils clowns sont de sacrés bosseurs, et ce nouvel album en est la preuve définitive. Avec son clin d'oeil au séminal mini LP qui avait lancé leur carrière au firmament, Uglier place la barre de la nostalgie très haute, et prend des risques. Et sans tomber dans l'emphase, affirmons de suite que les mecs savaient exactement ce qu'ils faisaient en appelant ainsi leur grand retour, car ce quatrième longue durée n'est rien de moins qu'une énorme synthèse de As Ugly As They Wanna Be et America's Least Wanted, leurs deux premiers efforts.
Plus simple encore, il est ce que UGLY KID JOE à toujours été, tout à tour nostalgique et mélodique, farceur et explosif, expansif et introspectif, personnel et emprunteur. On ne vole qu'aux riches et cette fois-ci, ce sont MOTORHEAD et RARE EARTH qui se font piquer leur matos via les reprises de "Ace Of Spades" pour les premiers, et "Papa Was A Rolling Stone" pour les seconds.
Mais Phil Campbell n'est pas rancunier puisqu'il est venu prêter main forte aux teigneux sur la cover de Lemmy & co, et en a profité pour laisser traîner un peu sa guitare sur deux autres morceaux, "My Old Man", et "Under The Bottom".
Niveau participation, ça ne s'arrête pas là, puisqu'on retrouve la championne des charts australiens Dallas Frasca sur le titre sus mentionné des EARTH, et dire que ça dépote grave Funk est un euphémisme, tant les voix mélangées sont d'une osmose et d'une puissance rare...
Outre donc ces deux emprunts et un "Ace Of Spades" qui dépote comme un glaviot matinal de Lemmy, que trouve on sur ce quatrième effort d'UKJ ? Du Hard teinté de Funk ? De la puissance Pop ? Des farces ? Des morceaux plus mélancoliques et harmonieux ?
Je ne sais même pas si je dois répondre à cette interrogation, car avouons le, que peut on trouver d'autre ?
Soyons un peu ferme et osons. Uglier Than They Used Ta Be est largement à la hauteur de America's Least Wanted, et même un poil supérieur dans sa cohésion. L'envie de jouer est palpable, et les compos sont à la hauteur de l'attente.
Avec en exergue un "Let The Record Play" en forme de conseil avisé, qui déroule son Hard peinard le long d'un riff bien gluant, on tombe aussi sur de l'acoustique de premier choix qui lorgne du côté de "Cats In The Craddle", et "Mirror Of The Man", tranquille et typique d'une fin d'été, et "Nothing Ever Changes", encore plus intimiste et égrenant des arpèges doux et calmes de se ranger dans la catégorie restreinte des meilleures oeuvres du trio, et des plus sensibles.
Mais les pétards n'ont pas pour autant été rangés au placard, et après sa fausse intro paisible, "She's Already Gone" brille de mille feux et fait un boucan d'enfer, propulsée par un artificier qui n'a pas oublié son Hard Funk à la maison. La voix de Whitfield est toujours aussi schizophrénique, hésitant entre le voile et le grain d'une tonalité adulte, et des respirations aussi juvéniles qu'il y a vingt quatre ans. Dans le style morceau à tiroir, "Under The Bottom" fait parfaitement l'affaire, et lâche ses riffs/chiens de garde les plus remontés et sombre, totalement Heavy Metal, pour saluer une fois de plus BLACK SABBATH.
"The Enemy", épique et longue comme un soleil couchant fait sans doute partie des instants les plus brillants du disque, avec son émotion à fleur de peau, son phrasé vocal précis, et son texte lucide. Le final en forme de big bang émaillé d'un solo fabuleux rappelle que les UKJ sont avant tout des Heavy Metal Kids, mais mon Dieu, quelle pêche et quelle inspiration !!!
Alors voilà, pas grand chose à rajouter, sans tomber dans la sempiternelle formule "le meilleur album", "le retour en grâce", "on en attendait plus des comme ça..."...
Alors soyons concis et direct. Uglier Than They Used Ta Be est un énorme disque de Hard Funky, acoustique, ludique et prenant, un résumé parfait du talent d'UGLY KID JOE, un comeback flamboyant et enthousiasmant, et puisqu'on y est, l'album de cette rentrée, rien de moins.
Les blagues les plus courtes ?
Mon cul oui.
Ajouté : Mardi 06 Octobre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Ugly Kid Joe Website Hits: 6968
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