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RED MOURNING (FRA) - Hoog "JC" Doorn (Mai-2014)


RED MOURNING est un nom qui évoque la couleur du deuil des esclaves du Mississippi, les champs de coton, la chaleur moite, la sueur et la souffrance du peuple noir harassé par des journées de travails épuisantes avec comme seul échappatoire la musique. Un univers qui a un lien direct avec le Metal fortement influencé par PANTERA et DOWN que pratique RED MOURNING, ce combo Parisiens hors norme. Si l'on doit reconnaitre une qualité à ce quatuor, c'est bien l'originalité et une volonté farouche d'innover en permanence. Les bougres ont réussi à se démarquer du lot en pratiquant un Hardcore teinté de Blues rehaussé par des parties d'harmonica qui leur donne une spécificité unique. Le gang s'est formé en 2003 et leur parcours n'a pas été des plus simples. Nos lascars feront leurs classes en écumant les squats et les cités underground ou certains concerts se terminent en baston générale. Parfois, en de rares occasions, des coups de feu peuvent ponctuer certains sets ; de quoi mettre de l'animation. Une école de la scène d'une rare violence qui va les unir à jamais et leur permettra de développer une personnalité de groupe haute en couleurs. Ces épreuves leur permettront aussi d'acquérir une efficacité scénique redoutable, un atout fondamental pour la suite de leur carrière. La rencontre avec Francis Caste (ZUUL FX, THE ARRS, STICKY BOYS) sera déterminante. Le bougre leur façonnera un son idéal à la fois chaud et organique ou la slide guitare se taille la part du lion et qui ne cessera de s'améliorer au fil des albums. Le premier méfait (Time To Go) qui combine violence et groove sera très bien accueilli. Ils enchaineront les concerts à travers tout l'hexagone jouant notamment à la Boule Noire et s'offrant même le luxe de jouer au Hellfest en 2008 après avoir été sélectionné suite à un concours organisé par le magazine Rock Hard. Ils s'attachent ensuite à enregistrer Pregnant With Promises avec Francis Caste derrière les manettes une fois de plus, l'homme étant désormais présenté comme le cinquième membre du groupe par nos amis parisiens. Ce nouveau disque s'avère être la continuité parfaite de Time To Go confirmant la pépinière d'influences dont s'inspire les RED MOURNING. S'en suivit de nombreuses dates au quatre coins de notre pays, le groupe n'hésitant pas à jouer dans les endroits les plus exotiques où les conditions sont loin d'être des plus agréable. Une stratégie payante qui leur permettra de se faire une excellente réputation sur la scène française. Après ce périple, nos amis s'attacheront à la lourde tâche d'enregistrer leur troisième opus. C'est au studio Sainte Marthe à Paris qu'ils s'enfermeront avec le fidèle Francis Caste une fois de plus. Avec comme devise on ne change pas une équipe qui gagne même si cet opus sera enfanté une fois de plus dans la douleur et le stress. Le résultat Where Stone And Water Meet s'avère être nettement plus varié même si les RED MOURNING ne renie pas leur racines Blues et Hardcore en persévérant dans une musique sombre et torturée. Rendez-vous était pris au Hard Rock café avec Jean Christophe Hoogardoorn, hurleur patenté, afin d'en savoir un peu plus sur le parcours atypique des RED MOURNING à qui tout semble sourire depuis quelques temps. Une rencontre sympathique avec un adepte du Straight Edge et heureux de voir RED MOURNING prendre son envol. Magnéto Hoog, c'est à toi !

Line-up
: Hoog "JC" Doorn (chant), Romaric Méoule (guitare), Sébastien Meyzie (basse), Aurélien Renoncourt (batterie)

Discographie : Six Four Six (2006), Time To Go (2008), Pregnant With Promise (2011), Where Stone And Water Meet (2014)



Metal-Impact. Pour commencer, peux-tu me dire comment est né RED MOURNING ?
Hoog "JC" Doorn. Salut MI, le groupe est né il y a presque dix ans maintenant à Paris. On était tout simplement des fans de Metal, on avait envie de faire de la musique ensemble et on s'est retrouvé autour du Metal. On voulait faire quelque chose d'honnête, de sincère et d'original. On est allé piocher dans nos différentes influences, notamment le Blues.

MI. Il y a une très grosse influence Blues dans votre musique ?
Hoog. Tout à fait, j'ai un peu deux cultures, l'une est blues et l'autre Hardcore. Je suis également straight edge, tout ceci forme mon identité. Je partage cela avec Romaric le guitariste qui a aussi ces deux influences. Mais on a aussi des influences très Metal traditionnel, Sébastien le bassiste aime bien aussi le style CARCASS et Aurélien le batteur, qui est beaucoup plus jeune, écoute tout ce qui sort. Il est très branché direct sur la ligne du Metal. Il écoute des trucs récents et modernes.

MI. Comment est née cette passion pour le Blues et le Hardcore ?
Hoog. Pour le Blues, c'est très simple, à la maison on écoutait que ce style de musique. Je suis né avec ça. Quand j'ai commencé à farfouiller dans les cassettes de mes parents à l'époque, le Blues était leur musique de prédilection. Le premier cd qu'on m'a offert était BB King. C'est comme ça que l'on apprend à connaitre le Blues. Je faisais du piano, j'ai appris le blues grâce à cet instrument. Pour le Hardcore, c'est un peu différent. J'ai découvert ce style de musique quand j'étais adolescent avec d'autres gens qui, comme moi, avait un peu la même vision de la vie, une certaine façon de voir les choses. J'ai aussi adhéré au mouvement Straight Edge que je ne connaissais pas.

MI. Peux-tu nous dire en quoi consiste le mode de vie Straigh Edge ?
Hoog. C'est très simple, cela veut dire pas de drogue, pas d'alcool ni de tabac. Cela ne veut pas dire que je juge les autres. Chacun son truc mais moi c'est ce qui me correspond le mieux. J'ai découvert ce mouvement musical et j'ai complètement adhéré au truc.

MI. C'est un mode de vie très sain ?
Hoog. Absolument, il faut aussi faire beaucoup de sport.

MI. Comment fais-tu pour assumer ce mode de vie dans l'univers du Rock où on prône le contraire ?
Hoog. C'est difficile mais je m'adapte aux gens et je suis bien avec tout le monde. Quand les gens autour de moi picolent, je ne bois pas mais je fais la fête avec eux. J'ai l'impression de m'adapter complètement, je peux faire des trucs débiles avec eux si c'est l'esprit de la soirée. Comme je te disais, je ne juge pas, chacun sa vie et son mode de fonctionnement. Je suis différent mais ça ne me pose pas de problème. Il y a aussi toute cette scène Hardcore liée à ce mouvement Straight Edge qui a cette autre sensibilité et qui se développe. Je m'y retrouve à chaque fois.

MI. Lorsque vous avez débuté, vous donniez des concerts dans des squats et parfois cela se terminait en bagarre avec l'utilisation d'armes à feu ?
Hoog. Oui, c'est vrai. Cela s'est passé dans une cité où on organisait des concerts. Et en sortant les mecs qui étaient devant moi sont revenus dans l'autre sens et se sont tirés dessus. Heureusement dans le public, il n'y a pas eu de blessé mais c'est vrai qu'on a vécu des trucs un peu chaud. Dans la salle, en général, ça se passait bien. Après cela n'a pas toujours été le cas, il y a déjà eu des bastons dans le public et aussi avec des groupes qui se sont fait embrouiller. Parfois, il y avait des gens qui balançaient des clopes ou d'autre truc sur scène. C'était un peu chaud mais c'était comme ça. Souvent c'était parce que certains étaient alcoolisés mais pas toujours, ils pouvaient être chaud comme ça. C'est aussi une musique violente donc quelque fois certains se lâchent. C'est quelque chose qu'il faut accepter si on fait partie de la scène Metal, il y a une certaine violence dans la musique et dans le public.

MI. Vous avez pu participer au Hellfest grâce à un concours que vous avez gagné ?
Hoog. Oui, en fait on a été sélectionné par Rock Hard qui avait le droit de choisir un groupe pour jouer au Hellfest.

MI. Ils ont craqué sur vous ?
Hoog. Exactement, on a eu beaucoup de chance, on leur en est très reconnaissant. A partir de là, on n'a pas réfléchi, on s'est dit qu'on allait y aller à fond.

MI. Quel souvenir gardez-vous du Hellfest ?
Hoog. C'était énorme, je m'en rappellerai toute ma vie parce que déjà sur scène tu vis un truc incroyable et puis surtout parce que du coup on était backstage. Je suis allé aux chiottes et j'ai croisé Lemmy ! [Rires] ... Je m'en souviendrai toute ma vie, c'est des trucs que tu n'oublies pas.

MI. Vous êtes resté les trois jours ?
Hoog. Absolument et d'ailleurs on y retourne régulièrement. On y sera cette année pas pour jouer cette fois-ci mais pour faire la promo de l'album, pour rencontrer des gens et puis aussi pour kiffer les concerts tout simplement.

MI. Vous avez envie d'y rejouer ?
Hoog. Je ne demande que ça, c'est pour nous le Festival en France. C'est énorme, gigantesque. Un jour on y rejouera.

MI. Sur les deux premiers albums, il y avait beaucoup d'harmonica. Comment est née cette passion ?
Hoog. [Rires] ... Je me suis mis à l'harmonica parce qu'un jour je me suis cassé un genoux. J'ai dû me faire opérer et du coup j'en ai eu pour des mois, je ne pouvais pas bouger. Je me suis mis à l'harmonica parce que je kiffais le Blues et ça faisait longtemps que ça me chatouillais. Je m'y suis mis comme ça et par la suite on a enregistré notre premier maxi, un six titres. On s'est dit pourquoi ne pas mettre de l'harmonica. On hésitait parce que ce n'est pas Metal et pas Hardcore donc mettre de l'harmonica ça pouvait être nul. On s'est regardé et on s'est dit qu'au fond on s'en foutait, on faisait ce qu'on voulait et que si on avait envie d'en mettre on devait en mettre.

MI. C'est une idée originale...
Hoog. Oui, ça revient à ce que je te disais tout à l'heure, on a envie de faire un truc original depuis le début. On voulait faire avancer le schmilblick et pas juste faire de la musique, des concerts et des riffs que tout le monde a déjà fait. Notre objectif était, à notre humble niveau, de faire avancer un peu le Metal. On s'est dit qu'on n'en avait rien à foutre et qu'il fallait qu'on joue ce que l'on voulait. On à envie de mettre de l'harmonica alors on en met et je pense que c'est la meilleure décision qu'on ait prise.

MI. Vous avez retravaillé une nouvelle fois avec Francis Caste au niveau de la production, c'est le producteur idéal pour vous ?
Hoog. Oui, absolument. Ce n'est pas un hasard, il fait carrément partie de la famille [Rires] ... Lorsque nous sommes en studio, c'est le cinquième membre du groupe, c'est ce que l'on dit à tout le monde. Cela vient du fait qu'il se met vraiment dans l'esprit du groupe, il essaye de trouver des formules qui nous correspondent. Humainement, on s'entend super bien, ça permet de construire aussi la dessus, on a confiance en lui. On écoute ses idées et puis il nous connait bien donc cela nous permet de gagner aussi beaucoup de temps. Tout ce que l'on a construit sur les deux premiers opus n'est plus à refaire cela permet de passer du temps sur autre chose. On a pu fignoler le son de la slide guitare ou tenter des ambiances complètement folles.

MI. Qu'a t'il apporté de plus à Where Stone And Water Meet ?
Hoog. Je pense qu'il y a un son beaucoup plus organique notamment au niveau des guitares. On a aussi changé de type d'ampli, ce qui nous a permis d'avoir un son plus chaud. Et puis, il nous a encouragé à tous chanter sur cet album. Les autres membres de la formation chantent en live et depuis longtemps, il leur a permis de bosser leur voix en studio et ça a vraiment enrichi le mélange à ce niveau-là. Il y a pas mal d'harmonies vocales, des backing, des trucs comme ça et c'est lui qui nous a guidé là dedans. Après, il apporte aussi des petites touches supplémentaires, des effets avec des amplis qu'il a déterré je ne sais ou, des petites percussions aussi, ce genre de choses.

MI. Est-ce que vous avez eu à un moment donné envie de changer de producteur ?
Hoog. Bien sûr, on y a réfléchi. Les gens nous posent souvent la question : "est-ce que vous n'avez pas envie d'aller voir ailleurs". Mais en fait ce qui est primordial, c'est la confiance. Savoir que tu travailles avec quelqu'un qui te comprend et qui te connais et qui est sur la même longueur d'onde que toi, c'est fondamental. Tu sais que le producteur s'implique dans ta musique, qu'il a ça à cœur. Frank c'est un passionné de musique, on arrive au studio le matin et tout à coup tu t'aperçois qu'il est minuit et qu'il faut aller se restaurer [Rires] ... C'est des trucs de fou, il est à fond et c'est hyper précieux. Notre but n'est pas de faire le plus gros son du monde même si franchement le son qui sort du studio de Francis il est assez massif. On ne cherche pas forcément à enregistrer dans le plus gros studio du monde, on veut simplement faire un truc vrai et sincère qui soit conforme à notre identité.

MI. Le prochain sera produit par Francis Caste ?
Hoog. Oui, je pense. On vise le record de toute façon [Rires] ... On s'entend bien humainement, on a tous un humour débile en fait et lui il aime bien faire des blagues à la con. Je ne sais pas si on doit le révéler mais il adore raconter des conneries et nous aussi.

MI. Pourtant, j'ai appris qu'en studio c'était souvent très tendu !
Hoog. C'est vrai c'est toujours un grand moment de stress. C'est le résultat de deux ou trois années de travail qui se concrétise. Pour le chant, tu passes cinq heures par jour à hurler dans un micro et ça pendant deux semaines. Au bout d'un moment tu craques, c'est humain. Et puis, c'est aussi une ambiance spéciale car on fait de la musique qui est assez sombre et lourde. Tu baignes là dedans pendant des semaines non-stop. Du coup, de temps en temps ça part en live mais je dirais que si ça n'arrive pas c'est que tu n'es pas honnête et que tu n'es pas investi à fond dans tout ce que tu fais.

MI. Ca peut déraper ! [Rires]
Hoog. [Rires] ... Oui, on a des vidéos, on les montrera peut être un jour. Ca pourrait être marrant, on part en live c'est comme ça. On a chacun nos personnalités. C'est aussi cela là que le travail de Francis est appréciable, il sait nous gérer. Il repère le moment où on est vraiment stressé et dans ce cas il raconte une connerie qui va détendre l'atmosphère.

MI. Quels sont les thèmes que vous abordez à travers vos textes ?
Hoog. Alors en général c'est mon expérience et mes émotions qui parlent, c'est un peu une réponse à la con mais c'est mon vécu qui parle. Ca peut être des cauchemars ou des ressentis liés à des épisodes de ma vie. Mais j'essaye de ne jamais faire des textes qui soient trop explicites. J'essaye plutôt de passer par des images, par un coté un peu humblement poétique pour que ce soit plus intéressant et que chacun puisse le ressentir à sa manière. C'est moi qui chante mais c'est aussi ça que j'aime. Quand j'écoute un groupe, c'est que lorsque le gars ou la fille chante que j'ai l'impression d'avoir mes émotions qui parlent, c'est ça que je recherche à faire.

MI. L'opus s'appelle Where Stone And Water Meet, vous vous sentez proche de la nature ?
Hoog. Il y a plusieurs niveaux de lecture, ça rejoint un peu ce que je te disais auparavant. Le niveau très basique c'est parce que j'ai passé beaucoup de temps à travailler la guitare car je me suis pété l'autre genou [Rires] ... Il y a pas mal de slide guitare qui sont différentes les unes des autres. J'ai passé pas mal de temps à l'hosto au bord de l'océan du coup quand tu es face à la mer tu as l'impression d'être face à un désert. Il n'y a rien, tu es face à toi-même. Basiquement, c'est l'océan qui vient s'écraser sur la côte et les rochers. C'est toujours l'océan qui finit par gagner, il balaye. Tout ça illustre un peu la vie des hommes. Tu finis par disparaitre mais avant il y a cette lutte de l'Homme qui essaye de survivre, c'est un combat par rapport aux éléments et aussi à ce qui lui arrive dans sa vie. Voilà la deuxième signification.

MI. Quand on regarde les photos promos on a vraiment l'impression que vous êtes très branché nature...
Hoog. Oui, il y a ce côté nature organique. Dans le nouveau clip qui va sortir ce mois-ci on y retrouve la nature et aussi beaucoup d'eau. Je vous encourage à le regarder quand il sortira. C'est notre single il s'appelle Sound Of Flies (Le son des Mouches), c'est le morceau qui ouvre l'album.

MI. Il y a un scénario ?
Hoog. Oui, il est moins frénétique que les précédents. Sur le précédent, on racontait déjà une histoire. Cette fois-ci, on a fait un truc un peu plus surréaliste avec une évolution. Il y a un personnage qui change au cours du clip, c'est toujours très organique et boueux [Rires] ...

MI. Tu as l'air d'aimer la boue ? [Rires] ...
Hoog. [Rires] ... J'ai passé une journée de tournage dans la flotte !

MI. J'ai l'impression que tu adores l'eau ! [Rires] ...
Hoog. Non, je déteste ça ! [Rires] ... Je ne sais pas pourquoi dans tous les clips, je me retrouve dans l'eau ou à me rouler par terre ! C'est marrant, c'est une expérience et puis c'est aussi une forme de création artistique. Dans un clip, tu crées une ambiance et une image, quelque part, c'est une aventure. Là pareil, c'est la troisième fois qu'on bosse avec la même équipe, il y a Fred Sorel, Fred Noel qui sont respectivement le réalisateur et le monteur ainsi qu'un ami d'Aurélien qui nous a beaucoup aidés sur celui-là. Ce sont des gens dont on connait l'état d'esprit, on sait qu'ils sont à fond et qu'ils sont cool. Ils font un travail de fou et c'est aussi pour ça qu'on retrouve cette ambiance à chaque fois.

MI. Est-ce que la réaction du public t'intéresse ?
Hoog. Oui, carrément. J'en parle avec des gens tout le temps ainsi qu'avec des amis qui ne sont pas forcément des Metalleux d'ailleurs. Pour eux, c'est la manière la plus simple d'accéder à la musique. Il y en a que ça fait marrer car ils nous connaissent et ils nous voient faire des trucs complètement dingues. Et puis, il y en a qui ne nous connaissent pas et qui sont touchés par l'univers à la fois musical et visuel de RED MOURNING. Je pense que c'est important.

MI. Vous avez une passion pour le Sud des Etats-Unis et notamment la condition des esclaves noirs au XVIII éme siècle, l'album débute d'ailleurs par des chants Gospel !
Hoog. Oui, ce sont les racines du Rock et du Metal On revient un peu au commencement parce que parfois en revenant un peu à l'origine de la musique, on trouve sa vraie signification. Ensuite personnellement, c'est vraiment ma culture. Comme je te le disais, j'écoutais du Blues à la maison et mon premier CD était du BB KING, j'ai aussi appris à jouer du Blues au piano à la maison, c'est de la que je viens. C'est tout simplement mon identité musicale, ce qui ressort forcément dans la musique que je fais.

MI. C'est pourquoi, il y a des intermèdes de chant noir entre les morceaux ?
Hoog. Oui, on a aussi essayé de les réinterpréter à notre manière, de refaire une Work Song à la sauce RED MOURNING. Sur Where Stone And Water Meet, il y a une Work Song auquel on a rajouté des paroles et un petit fond de Slide Guitare parce que c'est le voyage que l'on fait avec nos trippes. On avait envie que l'auditeur fasse le même voyage.

MI. Est-ce que vous n'avez pas envie d'aller plus loin ?
Hoog. Oui, on le fait. D'ailleurs, il y a quelques petits passages Gospel sur le titre "Rabid Dogs & Twisted Bitches". Après le Gospel et le Blues c'est pareil, il y en a un qui fait appel à Dieu parce qu'il est malheureux et l'autre qui appelle la femme qu'il aime et qui l'a laissé tomber mais au final c'est la même musique.

MI. Le Gospel et tout ce qui va avec a toujours été, à fortiori, proche de Dieu. Vous sentez-vous proche de ce mouvement ?
Hoog. C'est vrai ! En ce qui me concerne pas du tout. Ce qui est formidable avec cette musique, c'est que cela parle à tout le monde parce que le Blues c'est aussi la musique du Diable. Ca a toujours été présenté comme cela, il suffit de penser à Robert Johnson. C'est un ressenti intense qui ressort de cette manière et que l'on trouve aussi dans le Flamenco et mille autres sorte de musique. C'est notre culture, c'est ce style qu'on chante mais c'est plus parce que c'est notre manière à nous d'exprimer notre ressenti par rapport à la vie.

MI. Vous existez depuis dix ans, quel regard portes tu sur votre parcours ?
Hoog. Par rapport à la scène française la réponse est assez simple, je pense que sans doute toi et tout le monde l'avez remarqué, il y a une espèce de progression énorme de la scène française. On peut juste citer GOJIRA, ça résume un peu l'évolution et c'est génial. Après, il y a forcément des trucs bien et des mauvais effets de mode. Chacun s'y retrouve un peu. Après au niveau du groupe, on a énormément évolué humainement, on a traversé beaucoup de choses ensemble. On n'a pas changé de line-up depuis notre premier album et on est très soudé humainement. Musicalement cela n'empêche pas de nous dire nos quatre vérités de temps en temps. On reste un groupe et il faut savoir se dire les choses honnêtement. On a beaucoup progressé dans la maitrise de nos instruments ainsi que dans notre gout de l'expérimentation. On introduit de nouvelles choses dans notre musique et on n'a pas fini, on est en train de composer notre nouvel opus.

MI. Vous avez participé au Festival The Night Of The Living Dead et vous avez déclaré avoir été très impressionné par GRAVITY !
Hoog. Oui, absolument. C'est un super groupe tout simplement. Ils sont hyper carrés et ce sont des gens super sympas. Lorsque tu les vois arriver, tu te demandes ce qui va se passer et tu te retrouves avec une chanteuse qui saute partout. Le Festival quant à lui reste un excellent souvenir parce qu'on aime jouer partout, on donne des concerts en Belgique et dans toute la France.

MI. Virtual Factory Records est un site qui propose des albums de reprises virtuelles, comment en êtes-vous arrivé à collaborer avec eux ?
Hoog. En fait, il y a un gars derrière tout ça qui s'appelle Geoffroy et qui est un mec génial, c'est lui qui a pris ça en main. Il voulait publier des tributes pour les groupes qu'il adore. On lui a proposé de bosser avec lui et on a fait deux reprises une de NAPALM DEATH et une de ENTOMBED. On avait envie de faire ces morceaux à notre manière avec du chant mélodique et de l'harmonica, on avait envie aussi de mettre des samples, de créer une ambiance. C'était notre façon à nous de réinterpréter cette musique. J'applaudie d'ailleurs cette initiative parce que c'est très bien d'avoir ce genre d'idée.

MI. Ce label existe toujours ?
Hoog. Non, je crois qu'il a arrêté mais qui sait ça reprendra peut être un jour.

MI. Est-ce que vous jouez ces reprises sur scène ?
Hoog. Oui, on les jouait il y a longtemps. On interprétait "Wolverine Blues" d'ENTOMBED parce qu'on kiff ce morceau. Maintenant on joue nos propres titres après lors d'une balance ou sur un délire, ça nous arrive de faire des reprises.

MI. Vous avez trois albums à votre actif, ça doit être compliqué de faire votre setlist. Vous êtes un peu comme les grands groupes ? [Rires]
Hoog. [Rires] ... Il ne faut pas exagérer parce qu'il y a des morceaux qui se prêtent plus ou moins à la scène et puis ça dépend aussi des publics qui sont différents en fonction des shows. On essaye de s'adapter et de se renouveler. On tente de mettre un maximum de morceaux de Where Stone And Water Meet. C'est intéressant pour les gens qui viennent nous voir plusieurs fois de découvrir de nouveaux titres. Et puis pour nous aussi c'est important de prendre du plaisir à jouer d'autres chansons. Parfois on va "repiocher" un vieux titre qu'on a vraiment envie de jouer.

MI. Comment décrirais-tu RED MOURNING sur scène ?
Hoog. On est à fond, c'est ça que je dirais, on kiffe la scène, on est content d'être là, on ne vit qu'une fois. Chaque concert est unique et ça sera peut-être le dernier donc tu le fais toujours à fond. Si tu crois à ce que tu fais, si tu ressens ce que tu chantes et ce que tu joues alors ça vient tout seul. Tu ne te poses pas de question, c'est une évidence.

MI. Est-ce qu'il y a des groupes que tu admires que ce soit musicalement ou scéniquement ?
Hoog. Sur scène pas tellement, j'ai vu énormément de combos et chacun à sa personnalité et sa façon de s'exprimer en Live, je n'essaye pas d'imiter. Je tente d'être sincère dans ce que je fais.

MI. Et au niveau chant, tu as des préférences ?
Hoog. Il y en a énormément. ALICE IN CHAINS, le chanteur de SOUNDGARDEN, des voix comme ça. J'aime aussi Janis Joplin et les chanteurs de Blues. Il faut qu'ils fassent passer de l'émotion. Le plus important c'est ça, tu n'es pas forcément juste à chaque fois, pas parfait techniquement mais tu chantes avec tes trippes et ça le public le ressent et il te le rend. C'est ça que j'aime.

MI. Est-ce que la pochette a une signification particulière ?
Hoog. Oui, c'est un symbole. Tu vois une espèce d'explosion de roches, c'est la force qu'on essaye de dégager, l'image c'est la puissance. Ensuite, tu as cet esclave qui lutte avec ses chaines comme les gens luttent dans la vie contre leurs démons. Puis tu as un niveau de lecture que tu remarques que si tu as le nez dans la pochette, tu as tous ces esclaves qui travaillent au bord de l'eau, ils cassent des cailloux et ils sont enchainés. Il y a deux niveaux de lecture ; un primaire et un autre un peu plus fin.

MI. La lumière que l'on voit cela symbolise la liberté ?
Hoog. J'ai envie de dire que je laisse à chacun une libre interprétation. Chacun voit ce qu'il veut dans sa tête en voyant cette lumière. On à nos phases de désespoir dans notre musique mais on peut avoir aussi nos moments d'espoirs.

MI. Vous êtes dans quelle phase actuellement ?
Hoog. Par rapport au groupe, on est carrément dans l'optimisme même si pour un groupe de Metal la vie n'est jamais facile sans vouloir être larmoyant.

MI. Tu penses qu'en France c'est toujours aussi difficile ?
Hoog. Je pense que le fait que la France ne soit pas un pays de culture Rock, il faudra encore cent ans avant que les choses évoluent. On n'y est pas, c'est comme ça. Après à côté, c'est aussi un pays formidable.

MI. Vous avez envie de vous exporter ?
Hoog. Carrément, c'est à l'étude. On est en train de préparer une tournée européenne parce que c'est aussi intéressant d'aller se frotter à d'autres publics et aussi de nouvelles cultures. On a envie de partager au maximum et de voyager parce que c'est avant tout une aventure humaine. On n'est pas là pour l'argent, je pense que tout le monde l'a bien en tête. On a envie de voir du pays et de faire des trucs différents. Après je pense quand même que le Metal gagne petit à petit une forme de reconnaissance dans l'hexagone, ça se professionnalise. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a la crise de l'industrie du disque, c'est une réalité et il faut faire avec.

MI. Quels sont tes meilleurs souvenirs avec RED MOURNING ?
Hoog. Je cite direct le Hellfest, c'était magique. Après il y a mille moments. Je pense que dernièrement ce qui m'a marqué le plus ce sont les derniers jours de studio pour ce troisième opus. On a fait le mastering et après on a écouté l'album tous les quatre avec Francis et on a kiffé. On est fier de ce que l'on a fait, c'est un moment de grâce. Tu en as chier et t'es fier et heureux du résultat.

MI. Vous allez fêter ça au Black Dog ?
Hoog. Oui, c'est exactement ça. Rejoignez-nous, il y aura des concours. On va faire les cons toute la soirée. On va jouer de la air guitare sur les tables, on va diffuser toutes les vidéos et le tout dernier clip. Il y aura de quoi faire et pour ceux qui aiment la bière on va faire la teuf parce que c'est aussi ça l'esprit du groupe : c'est partager ce moment avec nos potes et des gens qui kiffent la musique comme nous et tous ceux qui aiment la scène Metal. Donc rendez-vous le 23 mai 2014 au Black Dog, on sera la fidèle au poste.


Ajouté :  Mardi 24 Février 2015
Intervieweur :  The Veteran Outlaw
Lien en relation:  Red Mourning Website
Hits: 6969
  
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