BURY TOMORROW (uk) - Runes (2014)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 26 mai 2014
Pays : Angleterre
Genre : Metalcore mélodique
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 49 Mins
Deux ans après, que reste-t-il de nos amours ? Du désamour. Conçu d’ombre et de plastique, BURY TOMORROW est un groupe parmi tant d’autres. Jamais capables de s’extirper de cette masse grouillante et vibrante que représente le Metalcore outre-manche, ces anglais ont d’abord fait parler leur poudre via Portraits, un premier opus largement « mélodisé » avant de virer peu à peu, tel le commun des mortels, vers un Post-Hardcore aussi peu engagé qu’engageant, exprimé au travers de The Union Of Crowns, un second opus branché sur courant alternatif et coincé dans une impasse artistique que seul l’hypothétique nullité Runes pourra éclipser. Sauf que voilà, en bons petits soldats, les BURY TOMORROW ont juré de faire évoluer leur musique vers quelque chose de bien hype, promettant le matériel le plus heavy et rapide jamais composé par leurs soins. On connaît la chanson, et c’est bien symptomatique de cette pathologie qui, décidemment, a quelque chose d’incurable.
Du changement, oui, il y en a par rapport à The Union Of Crowns, et dans les faits, on peut effectivement donner raison à Daniel Winter-Bates (chant). Runes est plus heavy (au sens fashion du terme), plus rapide, plus scénarisé, plus intello aussi. S’est-il pour autant éloigné du cœur coulant à la guimauve de The Union Of Crowns ? Non. C’est un coup de couteau récurrent, qui vient frapper avec violence la colonne vertébrale de cet opus. C’est le Metalcore mélodique qui reprend toujours et encore ses droits, même quand on s’y attend le moins. La subversive « Man Of Fire », single en puissance, objet d’un clip vidéo paru le 13 mai, sera à l’origine des maux de ce disque. Après une déferlante presque parfaite de Metalcore couillu mais harmonieux, viril mais sexy, on ne comptera plus le nombre de morceaux qui seront aux antipodes de cette composition. De l’expansive « Our Gift » à la naïve « Year Of The Harvest » en passant par l’inoffensive et caricaturale « Another Journey », BURY TOMORROW réveille le côté stérile de The Union Of Crowns pour le coincer incognito entre deux titres corrects que sont par exemple « Watcher » et « Darker Water ». Un coup d’eau chaude, un coup d’eau froide, à la fin, le bain est tiède. Runes est tiède. Tiède de par son irrégularité, de par cet enclenchement de compos brutes et bouillonnantes et de nacelles à émotions, comme cette petite parenthèse mélodramatique que représente l’apaisante « Divine Breath ». Omniprésence de leads, omnipotence de breakdowns ma foi limpides, une voix hargneuse, une voix claire pour les refrains, fond de commerce puant la nostalgie et les bons sentiments, ce troisième full-lenght respire l’évolution la plus prévisible qu’on pouvait souhaiter à BURY TOMORROW. A l’image d’Oli Sykes (BRING ME THE HORIZON), de Danny Worsnop (ASKING ALEXANDRIA), le chant de Jason Cameron a gagné en justesse, en profondeur, en sincérité. Dans les faits, c’est une bonne nouvelle, une plus-value technique pour Runes. Ou alors, il était juste temps de faire les choses bien, paramètre sur lequel le groupe ne s’est pas loupé. Une fois encore. Comment réellement surélever cet album à un rang qu’il ne légitime pas, puisqu’il s’inscrit dans une logique d’évolution quasi-darwinienne ?
Ce n’est pas de la mauvaise volonté, et je considère vraiment Runes comme une émergence positive vis-à-vis de The Union Of Crowns. Mais c’est un équilibre tellement fragile, un maquillage tellement putassier qu’il ne me plait pas davantage. Pris dans la nasse, noyé dans la masse, BURY TOMORROW est un excellent groupe de Metalcore, à défaut d’être un groupe qui produit un excellent Metalcore. Que restera-t-il de nos amours d’ici deux ans ? Du désamour, pour pas changer. Mais merci d’avoir au moins essayé.
Ajouté : Dimanche 09 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Bury Tomorrow Website Hits: 6404
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