KAMELOT (usa) - Haven (2015)
Label : Napalm Records
Sortie du Scud : 5 mai 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Power Metal mélodique
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 54 Mins
Le groupe KAMELOT est un cas d'école pour tout chroniqueur qui se respecte. Après une série d'albums tous plus forts les uns que les autres (citons The Fourth Legacy, Epica et The Black Halo) et une ribambelle de titres Power incontournables, on ne peut s'empêcher de penser que le combo américain a raté le coche à un moment ou un autre, lorsqu'il aurait pu atteindre des sommets de popularité et de réussite artistique... La faute d'abord à un remaniement de line-up inattendu en 2011, puisque son charismatique et talentueux chanteur Roy Khan quitte alors le navire à cause d'un "burn out" dont il ne se remettra pas (il n'a pas repris d'activité musicale depuis). Le leader Thomas Youngblood (guitares) et ses comparses font alors appel au pompier de service Tommy Karevik (et pour cause, c'est son vrai métier), frontman suédois de SEVENTH WONDER, et surtout clone aussi bien physique que vocal de Khan.
La faute aussi à une succession d'albums dépourvus d'hymnes aussi accrocheurs que ce qu'a pu composer KAMELOT jusqu'alors : Ghost Opera, Poetry For The Poisoned (pour lequel votre serviteur s'était peut-être un peu trop enflammé à l'époque) et Silverthorn (le disque qui introduit Karevik) manquent tous de ce petit quelque chose qui fait la différence. De bons albums, mais sans plus. Et c'est là que Haven rentre en scène.
Conscients qu'ils avaient du retard à rattraper dans ce domaine, les gars de KAMELOT ont mis le paquet, au moins dans la première partie de ce nouvel opus. Les guitares de Youngblood, le clavier d'Oliver Palotai, les lignes vocales de Tommy et les super refrains sont mis au service de mélodies imparables sur les "Fallen Star", "My Therapy" et "Insomnia". A l'écoute de morceaux pareils, il est rassurant de réaliser que KAMELOT n'a pas perdu son potentiel. A son Power Metal, KAMELOT a toujours associé d'autres éléments moins évidents : l'ambiance menaçante de "Citizen Zero" fout la pétoche, entre ces arpèges de psychopathes, cette frappe lourde voire écrasante du cogneur Casey Grillo, et cette interlude épique renforcée par tant de chœurs majestueux, c'est la facette la plus sombre de KAMELOT que l'on redécouvre ici (souvenez-vous, "March Of Mephisto"...). Et encore, ce n'est qu'un début vu ce que réserve la fin du disque... Nous y reviendrons.
Entre temps, le quintet américain retombe dans ses travers. Se faire plaisir en invitant Troy Donockley (NIGHTWISH) à jouer de la flûte irlandaise sur la ballade "Under Grey Skies", pourquoi pas. De même pour Charlotte Wessels (DELAIN), qui vient également poser sa jolie voix sensible sur ce morceau. La présence de ces deux "guests" constitue le seul intérêt d'une énième complainte qui ne marquera pas les esprits. Chez KAMELOT, et que c'est rageant, ce sont ces dorures qui dissimulent parfois un bois bien terne. Tous ces arrangements envahissants, omniprésents du début à la fin, sans aucune nuance, ont tendance à étouffer les mesures qui auraient dû être plus aérées, pour donner naissance à un tube ultime de Power mélodique. A trop vouloir en faire, un "End Of Innocence" finira aux oubliettes. Ce "Veil Of Elysium", trop prévisible, bourré de ces défauts cités à l'instant, méritait tellement mieux. Car la mélodie était là... On n'en dira pas autant de "Beautiful Apocalypse", qui sent le "The Humain Stain" (Ghost Opera), comme un parfum artificiel où la froide mécanique trahit un manque flagrant d'inspiration.
Alors KAMELOT se rabat sur son côté "evil", celui qu'il a amorcé avec "Citizen Zero" et qu'il approfondit à outrance pour un final pour le moins déconcertant. La participation d'Alissa White-Gluz (ARCH ENEMY) aux "Liar Liar" et "Revolution" ne laisse planer aucun doute sur les intentions de Youngblood et consorts : la pari est osé, intéressant, pas forcément concluant. Et même si Charlotte Wessels apporte un peu de douceur au très agressif "Liar Liar", ce "Revolution" qui vire carrément au Death Metal ne mettra pas tout le monde d'accord. Pas sûr que les fans de KAMELOT s'y retrouvent ou apprécient. Votre chroniqueur vous avouera qu'à son avis, cette prise de risque ne leur convient pas du tout. Comme quoi, en parallèle au "burn out" de Khan qui dure, et malgré un titre trompeur ("Haven", c'est le havre, le refuge, l'abris) KAMELOT est encore en convalescence...
Ajouté : Mercredi 10 Juin 2015 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Kamelot Website Hits: 5656
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