PRONG (usa) - Songs From The Black Hole (2015)
Label : Steamhammer
Sortie du Scud : 30 mars 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Metal Industriel
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 42 Mins
"Il n'y a pas de mal à se faire du bien, surtout si ça ne fait pas de mal aux gens biens".
Oui, quelle maxime pleine de bon sens. En avez vous cure ? Pas forcément. Cure ? Le mot semble particulièrement pertinent aujourd'hui, pour peu qu'on l'utilise comme un nom propre.
Non, je ne vous parlerai pas de Robert Smith dans cette chronique, mais j'aurais pu. Car son influence aurait eu sa place ici, au même titre que les autres citées. CURE ? Pas si bête non plus d'un point de vue thérapeutique. Nous en revenons à la maxime, " Il n'y a pas de mal...", car de temps à autres, certains groupes l'appliquent.
PRONG. J'avoue, j'avais lâché l'affaire après Rude Awakening. Les reformations, les albums contemporains, j'y avais jeté un oeil et une oreille distants, mais sans pour autant m'y plonger vraiment. Parce que oui, avec Tommy, j'étais là depuis le début, ou presque. Si Primitive Origins avait éveillé chez moi un intérêt poli, Force Fed m'avait conquis. La rythmique formée par Mike Kirkland et le monstrueux Ted Parsons claquait comme un élastique, la guitare et le chant de Victor sonnaient comme un cauchemar urbain bien éveillé, en gros, j'adorais ce mélange subtil de Hardcore parfumé à l'Indus tribal. La suite sur Epic avait achevé de me convaincre, et même si je déplorais le départ de Mike, l'avancée du groupe était impressionnante, et chaque album surpassait le précédent, et ce, jusqu'à la fin (la première) du gang. La suite... Pas forcément mauvaise, mais à des lieux de la créativité des 80's/90's...
Mais par respect, ou quoi que ce soit d'autre, je gardais toujours le groupe dans mon champ d'audition. Alors lorsque j'appris que Tommy, Jason Alexander (basse) et Art Cruz (batterie) rentraient en studio pour enregistrer quelques covers, ma curiosité fut piquée. Je connaissais bien sur déjà l'amour que portaient à l'époque Tommy, Mike et Ted aux SWANS (dont Ted fit partie), à KILLING JOKE ou MINOR THREAT, mais j'attendais d'en savoir un peu plus, sur ce qui poussa ces trois musiciens à construire patiemment cette musique unique, qui depuis Force Fed n'a cessé de fasciner les instrumentistes du monde entier. La réponse ? Elle est là, sous vos yeux, et bientôt, dans vos conduits auditifs. Elle se résume à dix pistes regroupées en CD ou vinyle selon vos inclinaisons, sous le titre bien choisi de Songs From The Black Hole. Et malgré cet intitulé, Tommy ne vous prend pas pour des trous du cul.
Le tracklisting, en partie prévisible, réserve son lot de petites surprises. Si l'on est pas franchement étonné d'y retrouver KILLING JOKE évidemment, ni FUGAZI, HUSKER DÜ, BLACK FLAG et les BAD BRAINS, hardcore héritage oblige, les reprises des BUTTHOLE SURFERS, NEIL YOUNG ou DISCHARGE sont plutôt étonnantes. Première chose, cet album permet de comprendre une bonne fois pour toutes, qu'au dessus d'un groupe majeur, on trouve toujours des influences primales. Impossible en effet à l'instar des BEATLES ou du VELVET de savoir combien de musiciens ont été influencé par Jaz Coleman, DISCHARGE, Ian MacKaye ou Andrew Eldritch. Centaines, milliers ? Qu'en sais je...
Mais même si ce postulat n'est pas dénué de sens au niveau de l'interrogation qu'il formule, qu'en est il de la valeur même de ces hommages ? PRONG a il su utiliser son identité pour transcender des compositions déjà fameuses ? On se plaît avant d'écouter à rêver d'une compo du JOKE traitée à la sauce NYC 80's... Alors, résultat ? Plutôt bon...
Le bilan est même positif. Ne le nions pas. Constatons d'abord avec plaisir que PRONG n'a pas oublié ses débuts véloces et agressifs. Sur les appropriations de DISCHARGE et BAD BRAINS, la pêche est là, l'énergie est palpable, comme si on se retrouvait au CBGB's en 82/83. Le "Dont Want To Know If You are Lonely" de Mould est aussi restitué avec une belle emphase mélodique que le leader de SUGAR saura apprécier. Les BUTTHOLE SURFERS ne cracheront pas non plus sur le surpuissant "Goofy's Concern" ultra boosté par la double pédale d'Art. "Seeing Red" du JOKE subit un lifting contemporain, perd un peu de la froideur indus de son original, mais passe la rampe avec brio, un grand merci d'ailleurs à la rythmique pour ça.
"Cortez The Killer", du loner Neil Young n'est pas inintéressante. Loin de la transfiguration qu'à pu apporter METALLICA à "Turn The Page" de Seger, elle joue un peu le rôle inconfortable d'intrus, mais l'approche sèche et nostalgique de PRONG permet de la voir sous un angle différent, bien que beaucoup moins profond et "authentique". Mais il fallait bien prendre un minimum de risques, et c'est sur ce morceau que le trio se découvre le plus.
Mais là où le bât blesse, c'est lorsque Tommy et les siens s'attaquent au "Vision Thing" des SISTERS OF MERCY. D'une, ils n'ont pas choisi le LP le plus célébré d' Eldritch. A l'époque, Vision Thing avait subit une volée de bois vert de la part des critiques et d'une grosse partie de la fanbase qui lui reprochaient d'être tombé dans le Hard Rock basique à boite à rythmes, sans aucune inspiration (il faut dire que Floodland avait placé la barre très haute dans les nuages sombres). Certes, c'était un point de vue. Mais en tant que fan de ce disque (merci à "More", "Ribbons" et "Something Fast" qui relevaient sacrément le niveau...), je dois dire que le massacre opéré sur le titre éponyme est une abomination sans nom. Interprétation plate, aucune dynamique, rythmique qui essaie de calquer le beat régulier et monotone de Dr. Avalanche (les gars, essayer de singer une boite à rythmes, je veux dire... seriously???), et un Tommy pas vraiment concerné rendent cette reprise atroce et à zapper sans hésiter.
En définitive, cette "récréation" de PRONG est même plus valide que certains des albums studio du groupe depuis ses multiples reformations. Ce qui ne veut pas dire grand chose j'en conviens, mais plus prosaïquement, j'ai pris plaisir à entendre Tommy dévoiler une partie de son passé via ses influences, surtout lorsque le résultat est la hauteur des qualités de son bébé lui même. Petit voyage dans le passé, reprises soignées, bon choix au niveau du tracklisting, que demander de plus, surtout lorsqu'on a conscience que Tommy n'enregistrera plus jamais un Rude Awakening ou un Prove You Wrong?
Seul regret patent, que ce LP n'ait pas été concocté par le line up de légende. J'aurais adoré sentir la basse de Mike et la pulsation de Ted sur certains morceaux. Mais que voulez vous, le passé est le passé... L'important, est de ne pas s'y laisser piéger, et de savoir l'adapter au présent.
Ce qui est chose faite ici.
Ajouté : Samedi 04 Avril 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Prong Website Hits: 5746
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