LEATHER CHALICE / GIDIM (usa) - Split Cassette (2015)
Label : Broken Limbs Recordings
Sortie du Scud : 17 février 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Raw Black Metal
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 25 Mins
Chroniquer une split tape, voilà qui me replonge en plein dans mon adolescence... A l'époque, pas trop riches il faut bien le dire, nous, les Metal kids nous échangions des cassettes remplies ras la gueule de nouveaux groupes dont les sorties confidentielles étaient impossible à pister autrement que par ce biais. Lorsqu'un d'entre nous avait la chance inouïe de tomber sur LE vinyle que tout le monde traquait, il en faisait profiter les potes, d'une façon plus ou moins désintéressée.
Les démos underground, les compiles assemblées à la hâte par des fans écrivant la plupart du temps dans les fanzines, ça sentait bon la marge tout ça, la vie pleine d'aventures. Alors oui, de temps à autre, j'aime me replonger la dedans et fouiner sur le net pour retrouver cette candeur. Car aujourd'hui, comme il y a trente ans, le phénomène est toujours patent, et a pris d'autant plus d'importance que la musique se dématérialise de plus en plus. La K7, déjà supplantée par le CD dans les 90's, prend aujourd'hui une belle revanche, au même titre que le vinyle, et ça fait du bien. Parce qu'après tout, au delà de la musique que ces supports contiennent, l'objet en lui même est d'importance.
Le mp3, c'est pratique, ça ne prend pas de place, mais ça n'évoque rien. On bourre ça dans des lecteurs de plus en plus petits, on se fait des playlist, mais je veux dire... Avoir une cassette, l'écouter, devoir la retourner pour s'offrir l'autre face était une sensation qui n'a plus guère d'équivalent aujourd'hui.
Alors partons, partons loin de ce monde trop digitalisé et rejoignons les Etats-Unis. Qui dit Split Cassette, dit plusieurs groupes bien sur. Sur l'objet convoité en ce morne dimanche, ils sont deux. L'un vient du New Hampshire, les autres de l'Illinois. LEATHER CHALICE, déjà responsable d'une kyrielle de démos, de splits, d'un EP et d'un seul LP, c'est le jouet Crust/Black/Punk de son concepteur, le misanthrope Jan Slezak, qui comme Varg V. s'occupe de tout.
Pas de surprise sur cette bande magnétique partagée, il se complait en effet dans ce Black sauvage, cru, aux relents Punky très sombre, sans empathie, assez symptomatique de sa démarche qu'il explique depuis deux ou trois ans sous des formats divers. C'est évidemment d'une production approximative, très roots, et ça balance trois titres chaotiques (après bien sur la sempiternelle intro synthétique qu'on retrouve sur chacune de ses saillies), transfigurés par un chant agonisant suraigu dans la grande tradition.
Le tempo (très CELTIC FROST début de carrière, comme l'ambiance générale d'ailleurs qui fait souvent penser à HELLHAMMER) maintient comme il le peut le cap, malgré un manque de précision assez touchant, les cymbales vous vrillent les tympans en saturant les medium, la basse atteint souvent les limites du non sens en imitant à merveille le bruit d'une mouche agonisant, les guitares semblent geindre de douleur, mais cet amateurisme doublé d'une violence sous jacente assez suffocante peut séduire sans problèmes les amateurs de one piece bands qui aiment à développer des ambiances malsaines, seuls au fond de leur cave. Et si vous souhaitez plus de précision, la production pléthorique de Jan suffira à combler vos attentes.
Le cas GIDIM, bien que présentant d'indéniables similarités, est tout autre. Avec dans sa musette une seule cassette longue durée, sortie l'année dernière, Jim Gies (lui aussi maniaque du contrôle total et seul à la barre) offre trois pistes au contenu bien plus carré et pro que son homologue du New Hampshire. Pas d'étonnement non plus à avoir en écoutant "Stunted Vulture", "Titan", ou la cover du PRIEST "Between the Hammer and the Anvil", Jim se complaisant dans le Raw Black de tradition, celui qui affolait les braves gens et incendiait les églises dans les 90's.
Guitares très abrasives, blasts indispensables, voix mixée en arrière plan, alternance de plans Heavy et sombres à la SABBATH et d'accélérations abusives empruntes de la misanthropie de BURZUM, tout est là pour vous faire ressentir de nouveau le froid glacial des cotes nordiques autrefois arpentées par MAYHEM et consorts. Classique, mais percutant (un son tout à fait honnête pour un groupe de cet acabit, surtout sur un tel support), et avouons le, si son interprétation très personnelle du morceau qu'on retrouvait sur l'immortel Painkiller aura de quoi se faire dresser des cheveux sur la tête des fans hardcore de Rob et ses potes, j'ai vraiment apprécié cette relecture totalement sauvage et faisant fi des conventions. Un bon point pour eux, qui confirme tout le bien que je pensais de leur première démo.
Evidemment, avec un pressage de cent copies numérotées, vous avez autant de chance de trouver cette split cassette que d'entendre un aphorisme pertinent dans un épisode des Abrutis à Miami, ou des Analphabètes à Rio. Mais vous trouverez bien un pote sympa pour vous dépanner, puisque j'ai du moi même compter sur l'un d'entre eux pour la trouver. En même temps, c'est le même que d'habitude, donc, je n'ai pas de mérite. Mais si la nostalgie du self made trading vous chatouille les esgourdes, envoyez vous ces vingt cinq minutes de Black sans concession. Ca mérite bien un petit effort de recherche, ne serait ce que pour remercier les groupes qui continuent envers et contre tout à faire vivre l'underground.
Ajouté : Samedi 04 Avril 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Broken Limbs Recordings Website Hits: 5400
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