Si Rebirth, premier opus d’Angra dans son nouveau line-up, était déjà un excellent album, c’est bien Temple of Shadows qui marque la véritable renaissance du célèbre groupe brésilien de Speed Métal Mélodique.
Déjà, la pochette contraste avec les précédentes, beaucoup plus sombre à l’image de l’album lui-même, qui se révèle également plus Heavy. Dès la première écoute, on est frappé par la remarquable unicité de l’album et son indéniable richesse musicale. Aucun titre faible, chaque morceau apporte sa petite (ou grande) originalité.
Les premiers titres, « Deus Le Volt » et « Spread Your Fire », surpassent la killer intro qu’était pourtant « In Excelsis - Nova Era ». Le morceau le plus marquant est très certainement « The Shadow Hunter », avec sa superbe intro flamenco, ses riffs puissants et un passage très progressif rappelant du « Spock’s Beard ». On notera également « Winds of Destination », elle aussi fortement teintée de progressif, et l’efficace « Temple of Hate », auxquelles la touche, respectivement, de Hansi Kürsh et Kai Hansen donne toute son agressivité. Je citerai encore les belles balades « Wishing Well » –peut-être le titre le plus proche des précédents albums d’Angra et dont les harmonies rappellent fortement Holy Land– et surtout la superbe « No Pain for the Dead » aux voix très travaillées. Le duo Edu Falaschi/Sabine Edelsbacher donne à ce morceau une grande puissance émotionnelle.
En se penchant sur les paroles, on se rend vite compte que les titres ne se présentent pas dans l’ordre de l’histoire –puisqu’il s’agit d’un concept album– mais que leur succession a été définie dans le but évident d’assurer la cohérence musicale de l’album, alternant morceaux rapides et plus lents, violence et émotion. Il s’agit donc de l’histoire d’un croisé, le Shadow Hunter, à qui un rabbin a prédit qu’il était l’élu choisi par Dieu pour guider le peuple. Il s’installe à Jérusalem où il épouse une musulmane qui lui donnera deux fils. Plusieurs années passent au cours desquelles il a fréquemment des révélations mais il ne sait pas s’il doit partager ce savoir. En 1099, sa famille est tuée lors de l’attaque de Jérusalem ; lui-même est blessé et perd connaissance. A son réveil, il comprend le sens de la prophétie et commence à réunir le peuple autour de lui et à l’instruire. L’Église, se sentant menacée, l’arrête et le condamne à mort mais son héritage perdure. Au-delà de l’histoire, il s’agit d’une réflexion sur l’intolérance, l’éducation et l’influence de la religion sur nos cultures.
Si Rebirth visait à rassurer les fans et paraissait donc un peu contraint, on sent bien qu’ici, chaque « nouveau » membre a pu exprimer pleinement sa personnalité et ses influences. Le style d’Edu Falaschi, notamment, s’est nettement affirmé. S’il est très différent de celui de leur ancien chanteur, il n’a définitivement rien à lui envier et sa voix puissante sert parfaitement les compositions du groupe. Quant à Kiko Loureiro, il est au sommet de sa forme et nous sert quelques solos de guitare mémorables.
Un véritable chef-d’œuvre à la mesure du génial Angels Cry.