Voilà donc un groupe anglais précédé d'une excellente réputation... AGNOSY, formé sur les cendres de BEGINNING OF THE END, après avoir trouvé un nouveau vocaliste (Alex, impressionnant), a tué tout le monde sur place avec son premier LP sorti en 2011, Past The Point Of No Return.
Il faut dire que la galette en question avait bien des qualités...
Evoluant sans complexes dans un univers Crust incroyablement sombre, que les spécialistes aiment à décrire comme étant du Stenchcore, le quatuor fait montre trois ans plus tard d'une formidable maîtrise des climats lourds et morbides, sans pour autant négliger la puissance, bien au contraire.

Doté d'une production fabuleuse, au graves pénétrants et profonds, Traits Of The Past fait la part belle aux rythmiques appuyées, et sonne presque comme une exception culturelle dans le petit monde de l'underground. Avec un professionnalisme effarant, Chris, Alex, Mark et Robert (rien à voir avec Fred et Catherine, je vous rassure) démontrent en seulement sept titres toute l'étendue de leur talent pour mélanger des univers pas forcément complémentaires à la base. Si le nom de TRAGEDY vient bien sur à l'esprit, c'est uniquement pour situer un cadre général, tant les anglais d'aujourd'hui les relèguent à des années lumières derrière eux.
Car AGNOSY offre bien le meilleur de deux mondes. En mixant dans le même creuset Death, Crust, et Darkcore, ils parviennent à diffuser des effluves sonores véritablement novatrices, qui prennent les oreilles en otage pour ne plus les relâcher.

Si certains morceaux font montre de ce métissage en tant que tel, à l'instar de l'ouverture "Traits of the Past", savamment partagée entre Crust pur et dur et Death lourd et compact, il arrive parfois au quartette de scinder ces deux empruntes en factions séparées. Ainsi, le terriblement Heavy "Eternal Winter" reste dans le bourbier sordide des marigots Death, sans jamais dévier d'un pouce de son down tempo écrasant, tandis que "It Wasn't Your Time To Die" lui préfère la brutalité nette et franche du Crust, dans la directe lignée d'un EXTREME NOISE TERROR de la fin des années 80, celui du split avec FILTHKICK.

"Voices Are Calling" se rapproche aussi de cette démarche plus volontiers directe, mais loin d'être aussi simple à décortiquer, l'ensemble préfère achever son travail de sape par un merveilleux et épique "Predators" de plus de sept minutes, qui commence comme une lourde procession funèbre, avant de déchirer l'espace d'une furie incroyable de puissance. Véritable agression progressive, ce morceau n'est rien d'autre qu'une gigantesque montée en puissance que rien ne semble pouvoir arrêter, pas même la touche stop de votre lecteur. Ni même ce break central un peu groovy semblant sortir de nulle part, durant lequel Alex s'égosille à cracher ses poumons sur le micro... Fabuleux, réellement fabuleux !

On pourrait évidemment aussi citer la brève saillie "Dreams Fade Away", durant laquelle Mark le batteur s'amuse beaucoup, et "For What" qui se plaît à brouiller les pistes en multipliant les rythmiques et les breaks jusqu'à l'overdose, mais il faudrait pour cela parler de tous les titres...

Ce que je viens de faire, sans vraiment le vouloir.

Il arrive parfois qu'on tombe sur des groupes qui ont des choses à dire, des choses qu'on a rarement entendues, et qui les disent bien, vraiment bien. En insufflant à son Crust une bonne dose de Dark Death et de Heavy presque Core, AGNOSY frôle la perfection pour l'application d'une recette qui n'appartient qu'à eux. Et si ce deuxième LP (sous la forme d'un 10'') a été acclamé par la presse spécialisée, qu'elle soit underground ou pas, il y a de solides raisons à cela.

Vous pouvez même les compter d'ailleurs, elles sont au nombre de sept.

Le nombre de morceaux présents sur cet EP.