Une lumière vivante et aveuglante à l'horizon. Serait-ce l'Emmanuel qui revient d'entre les morts pour nous apporter la vie éternelle ? Ou bien les projecteurs d'un phare miraculeux guidant mille navires en perdition ?

Non, c'est juste le mouchodrome de Johnny Plague qui brille en plein cagnard.

Une façon comme une autre de signaler le retour de WINDS OF PLAGUE. A vos marques ? Prêts ? Zzzzzzzzzzz ! Car c'est précisément au moment où Century Media annonçait le cinquième album des Californiens que la messe était définitivement dite. Against The World a deux ans et demi, The Great Stone War un peu plus de quatre ans. Même une nymphomane prendrait davantage de précautions. Ou avorterait. C'est toute l'intelligence qu'on souhaite désormais à Johnny et aux siens, car ils ne semblent pas vraiment freinés par l'indigence de leur dernière sortie en date (désolé très chère Line44, je ne peux pas être d'accord avec toi sur ce papier), ni par la médiocrité de l'avant-dernière.

Plus tragi-comique encore : le titre de ce cinquième full-lenght, qui trahit ostensiblement les intentions des Californiens. Resistance. Cet amour charnel pour le Deathcore symphonique, uniquement gangréné par la passion et les bonnes intentions, est véritablement fascinant. D'ailleurs, rien ne saurait sonner moins plastique et artificiel que cette œuvre. La beauté effervescente d'"Open The Gates" touche en plein cœur. Arrangements orchestraux larmoyants, violons tragiques pendant une minute trente puis grosse flatulence coreuse, riff sur une corde, production vibro-massante et un Johnny Plague plus kéké des plages que jamais avec son "only God can judge me" tatoué sur les pecs. Fidèle à ses dernières sorties, WINDS OF PLAGUE démarre avec une piètre caricature de lui-même, sauf qu'à l'endroit où "Anthems Of Apocalypse" présentait une certaine stabilité dans l'émulsion (ce titre figurant sur Decimate The Weak est d'ailleurs le meilleur souvenir que je garde de cette période), cette mise en bouche se contente d'observer deux univers qui avancent parallèlement. Heureusement, Resistance dévoile dans la foulée ce qu'il saura faire de mieux, avec un "Say Hello To The Undertaker" absolument énormissime, très équilibré, qui suffirait presque à relancer l'intérêt autour de ce disque. Sauf qu'on n'est pas dupes, et que la grande force de ces tyrans du Deathcore consiste aussi en l'écriture épisodique de bons morceaux pour dissimuler la culture du vide qui sévit le reste du temps. Ainsi, un titre comme "Left For Dead" pourrait presque se passer du piano tant il est inexistant pendant que "One Foot In The Grave" fait dans un classicisme désespérant. Pas inspiré, pas inspirant, Resistance est un cinquième opus qui aura au moins le mérite de rompre la spirale indigeste provoquée par Against The World grâce à sa musicalité retrouvée. Pour le reste, je crois que WINDS OF PLAGUE a désormais conscience de ses lacunes artistiques, c'est peut-être aussi la raison pour laquelle ils ont invité une panoplie de chanteurs gratinés pour se coller avec eux à la purge sur 50% de l'album. Ça va de l'habituel John Mishima (ex-AS BLOOD RUNS BLACK) sur "United Through Hatred" et "Good Ol' Fashion Bloodbath" (mention pas mal) à Vincent Bennett (THE ACACIA STRAIN) sur la crabby "Sewer Mouth" (mention bien) en passant par Jay Pepito (c'est qui ?) sur "No Man Is My Master" et mon chouchou, le plus débile de tous ; Chris Fronzak d'ATTILA sur "Snake Eyes". Plague et Fronzak sur un même titre ? Beaucoup en rêvaient, ils l'ont fait. C'est un peu la version coreuse du duo Nabilla-Zahia.

Rien que pour ça, Resistance mérite toute notre dévotion. Ou alors, si vous n'avez pas l'esprit joueur, vous pouvez vous rabattre sur "Say Hello To The Undertaker" et "Sewer Mouth". Inutile de vous faire du mal avec le reste, WINDS OF PLAGUE n'est plus que l'ombre de lui-même et aura réussi à faire de la combinaison Deathcore + arrangements symphoniques une formule éculée. Et ça, c'était pas gagné d'avance ! Mais comme je suis un type sympa qui boit toujours le verre à moitié plein, je vais quand même vous faire cette confidence avant de nous quitter. Qu'on le veuille ou non, Resistance est leur album le moins nul depuis Decimate The Weak. Et partis comme ils étaient, ça non plus, c'était pas gagné d'avance.