DEICIDE (usa) - In The Minds Of Evil (2013)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 25 novembre 2013
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 37 Mins
Some man just wanna watch the world burn.
C'est par un verdict ô combien à la hauteur de la reputation de DEICIDE que l'Homme va faire la connaissance d'In The Minds Of Evil. Et comme à chaque fois que les Floridiens sortent de leur trou à rat, le quidam se gargarise publiquement du passé de Benton, de sa relative crétinerie à se marquer une croix un peu au-dessus des deux yeux, oubliant au passage qu'il ressemble davantage à un Jésus déguisé en biker, tatoué par Derek Riggs en personne qu'à un vrai martyr luciférien. Oui, DEICIDE persiste et signe, deux ans après le très médiocre To Hell With God, cinq après le non-moins mauvais Till Death Do Us Part. Dire que Benton et les siens (les mêmes qui ont involontairement subi cette ère tragi-comique "post-Hoffman") ont souffert pour boucler la boucle de l'excellence est un petit pléonasme. Car plus c'est vieux, plus c'est mémorable. Deicide en 1990, Legion en 1992, Once Upon The Cross en 1995. Voilà pour le podium. Un quart de siècle plus loin, les Américains ont pénétré, surement pour la énième fois, dans l'esprit du Malin.
Malins, ils l'ont été. Performants, également. In The Minds Of Evil, à n'en pas douter, est le meilleur album jamais écrit par ces garçons depuis les départs conjugués de Brian et d'Eric. Et encore, il y a eu sous leur domination "guitaristique" d'énormes passages à vide qui me laissent même croire que DEICIDE n'était plus aussi bon depuis un certain Serpents Of The Light... Chacun se fera son avis quant à la puissance discographique de ce onzième album studio. Pour ce qui est des faits, indiscutables, inéluctables, irréfutables, le quatuor a retrouvé un rythme, a relancé un engrenage grippé qui faisait de leur Death Metal récent un Death Metal de grabataire, validé par Chris Barnes himself (lequel, soit dit en passant, retrouve aussi une certaine santé). Je pense qu'avant d'être envouté par l'homogénéité crasse et maladive de cet improbable succès, l'auditeur sera d'abord happé par les rouages de l'éponyme. Pour la huitième fois (sur onze possibilités), les Floridiens entament leur album par le morceau-titre, celui qui est par définition une représentation potentielle d'un potentiel réactualisé, d'un DEICIDE nouveau dont la date de sortie (25 novembre) est étrangement proche de celle du Beaujolais nouveau (21 novembre). C'aurait pu être un arrangement entre deux sombres piquettes, sauf qu'In The Minds Of Evil, grâce à sa robe charpentée, ses accents toniques et ses notes boisées comme la croix sujette au flambage, se classe comme un grand cru. Le pigiste Kevin Quirion (guitare) a finalement trouvé ses marques au sein du groupe, faisant presque oublier, en collaborant étroitement avec Jack Owen, le lien fraternel qui unissait Brian et Eric. Il est d'ailleurs à l'origine de huit morceaux sur les onze qui composent cet opus, et non des moindres : "Thou Begone", "Godkill", la très old-school "Misery Of One" et la très composée "Between The Flesh And The Void". Le songwriting est d'autant plus remarquable qu'il évoque à bien des égards certains éléments de leurs meilleurs albums : la vitesse d'exécution de Deicide, la complexité structurelle de Legion, le grain old-school et anti-technique de Serpents Of The Light. Il est dès lors facile d'évoquer un évident comeback, sauf que DEICIDE est bel et bien cimenté dans la réalité de 2013 et que ce disque sonne comme tel. D'où sa richesse émotionnelle. Quant à Benton, que j'ai délibérément choisi d'évoquer en dernier car quelqu'un avec qui il ne s'entend pas spécialement bien déclarait au travers de l'Evangile de Saint-Matthieu, 20 : 16, les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers, sa performance est simplement d'un acabit dantesque. Oublions vite les effets ridiculement gutturaux d'un Till Death Do Us Part et conservons cette tonalité old-school qui lui sied tant. Sans parler de ses paroles, étrangement introspectives...
Réussite sur toute la ligne ou presque, In The Minds Of Evil fera partie de ces albums qui auront marqué d'une certaine façon mon année Metal 2013. Car il me faut remonter à une période où le métal était uniquement l'armature de mon landau pour trouver trace d'un album de DEICIDE aussi abouti. Et pour ceux qui sont assez vieux pour avoir vécu de très près l'épanouissement musical de ce groupe hors-du-commun, sachez qu'ils se feront une joie de vous envoyer en pleine face que vous êtes désormais à l'article de la mort, tout en regrettant d'être la preuve vivante d'un possible rétablissement. J'aurais aimé employer le mot "résurrection", mais ce n'était pas vraiment l'endroit pour.
Ajouté : Mercredi 30 Juillet 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Hits: 7200
|